Des milliers de personnes fuient les feux de forêt dans le Nord canadien

Cette capture d'écran d'une vidéo fournie par Jordan Straker montre des véhicules circulant sur l'autoroute alors que des personnes évacuent Yellowkife, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 16 août 2023. (Photo par Jordan Straker / UGC / AFP)
Cette capture d'écran d'une vidéo fournie par Jordan Straker montre des véhicules circulant sur l'autoroute alors que des personnes évacuent Yellowkife, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 16 août 2023. (Photo par Jordan Straker / UGC / AFP)
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Publié le Vendredi 18 août 2023

Des milliers de personnes fuient les feux de forêt dans le Nord canadien

  • Depuis le printemps, le Canada connaît une saison des feux qui bat tous les records
  • Plus de la moitié de la population des Territoires du Nord-Ouest est sous ordre d'évacuation, et plusieurs autres localités à travers le pays, notamment en Colombie-Britannique (ouest), sont aussi sous un ordre d'évacuation ou en état d'alerte

OTTAWA, Canada : Des milliers de personnes vivant dans le Grand Nord canadien se sont ruées massivement vers le petit aéroport de Yellowknife jeudi et ont formé des convois de voitures sur la seule autoroute permettant d'évacuer par le sud ce vaste territoire menacé par de nombreux feux de forêt.

Plus de 20.000 personnes doivent évacuer Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest (TNO), d'ici vendredi midi, menacée par un important brasier non-maîtrisé à une quinzaine de kilomètres de ses murs.

Jeudi, dix vols ont permis d'évacuer approximativement 1.500 résidents et au moins 22 vols en partance de Yellowknife sont prévus vendredi. Les autorités territoriales estiment pouvoir évacuer environ le quart de ses résidents par voie aérienne et n'écartent pas la possibilité de poursuivre cet effort samedi.

«Nous allons continuer jusqu'à ce qu'on puisse sortir toute la population de Yellowknife», a affirmé jeudi soir Jennifer Young, des services d'urgence des TNO, lors d'une conférence de presse.

«L'autoroute était complètement paralysée» à la sortie de la ville, raconte à l'AFP Julie Downes, habitante de Yellowknife, qui a fui mercredi avec son mari et leurs trois chiens.

«Nous, les habitants du Nord, nous sommes des réfugiés du changement climatique», ajoute-t-elle la voix tremblante, ajoutant que plusieurs feux «de la taille de maisons» étaient visibles mercredi depuis l'autoroute.

L'Alberta voisine, au sud, se mobilise pendant ce temps en mettant sur pieds des centres d'évacuation, dont le plus près se situe à 1.150 kilomètres de distance de Yellowknife.

Depuis le printemps, le Canada connaît une saison des feux qui bat tous les records. Le pays est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l'intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.

Plus de la moitié de la population des Territoires du Nord-Ouest est sous ordre d'évacuation, et plusieurs autres localités à travers le pays, notamment en Colombie-Britannique (ouest), sont aussi sous un ordre d'évacuation ou en état d'alerte.

La ville de West Kelowna, au centre de la province, a notamment décrété en fin de journée jeudi l'état d'urgence en raison d'un incendie de forêt qui se rapproche dangereusement.

De forts vents devraient rendre les 48 prochaines heures «extrêmement imprévisibles» dans cette province, a déclaré la ministre de la Gestion des urgences et de la Préparation climatique, Bowinn Ma.

Jeudi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a interrompu ses vacances en famille sur la côte ouest pour tenir une rencontre d'urgence avec des ministres et des hauts responsables afin de discuter «des feux de forêt et des conditions météorologiques extrêmes» dans tout le pays.

Ce dernier «a demandé aux ministres de collaborer avec leurs partenaires du secteur des télécommunications pour assurer l'accès continu des Canadiens touchés aux services essentiels», a déclaré son bureau, dans un communiqué.

- Un brasier aux portes de la ville -

«C'était un peu la panique dans la ville quand l'ordre d'évacuation a été annoncé», rapporte à l'AFP Sylvia Webster, la trentaine, alors qu'elle finit de préparer ses affaires pour partir.

«Mais aujourd'hui, tout le monde est plus calme», ajoute cette graphiste, consciente qu'elle «risque de tout perdre» car sa maison est à la limite de la ville, là où des coupe-feux ont été érigés et des arbres coupés.

Les intervenants d'urgence ont construit des pare-feux, formé des murs de gicleurs et installé des canons à eau dans le but d'empêcher le feu d'atteindre Yellowknife. Ce dernier demeure toutefois une réelle menace pour les prochains jours, ont déclaré les responsables.

«Ce n'est pas juste le feu qui s'approche mais aussi une épaisse fumée», a affirmé la maire de Yellowknife, Rebecca Alty.

Des vents du nord-ouest devraient être observés dans la région d'ici les deux prochains jours, une direction que «nous ne voulons pas», a déclaré Mike Westwick, du service des feux territorial, ajoutant que les prochains jours seront «critiques».

Plusieurs avions et hélicoptères ont ainsi été mobilisés pour aider aux évacuations, ainsi que plus d'une centaine de militaires.

Avec Yellowknife, il s'agit de la deuxième fois qu'une grande ville canadienne est évacuée en raison de feux de forêt. En 2016, 100.000 personnes avaient dû fuir Fort McMurray, en Alberta.

Plus tôt dans l'année, des banlieues d'Halifax, sur la côte atlantique, ont également été évacuées.

Plus de 1.050 feux ravagent actuellement le Canada d'est en ouest, dont plus de 230 dans les Territoires du Nord-Ouest. Près de 14 millions d'hectares -- environ la superficie de la Grèce -- ont brûlé dans le pays depuis le début de la saison, soit près du double du dernier record datant de 1989.

Et la saison risque encore de durer deux mois, prévenaient les autorités la semaine dernière.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com