Les festivals, l'expérience d'un monde sans cash

Des festivaliers réagissent en attendant l'apparition du rappeur britannique Oakley Neil H.T Caesar-Su lors du festival Lollapalooza à l'Hippodrome de Longchamp à Paris, le 23 juillet 2023. (Photo par Julie Sebadelha / AFP)
Des festivaliers réagissent en attendant l'apparition du rappeur britannique Oakley Neil H.T Caesar-Su lors du festival Lollapalooza à l'Hippodrome de Longchamp à Paris, le 23 juillet 2023. (Photo par Julie Sebadelha / AFP)
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Publié le Samedi 19 août 2023

Les festivals, l'expérience d'un monde sans cash

  • Dans la pratique, les participants reçoivent un bracelet à l'entrée de l'événement qu'ils rechargent à loisir, en espèces à un stand dédié ou avec leur carte bancaire
  • Ces paiements permettent également un meilleur contrôle de l'organisateur sur les rentrées d'argent des bars et autres foodtrucks présents sur le festival, surtout lorsque ceux-ci sont tenus par des prestataires extérieurs

PARIS : Les festivals sont devenus en quelques années le chantier d'expérimentation d'un monde sans espèces, à l'image du Cabaret Vert, qui se déroule ce week-end à Charleville-Mézières (Ardennes), mais restent surveillés par la Banque de France.

«La monnaie officielle du festival est le Bayard», explique l'organisation sur son site internet. Avis aux festivaliers, cette monnaie «dématérialisée grâce au système cashless» (sans espèces, NDLR) est «l'unique moyen de régler vos consommations».

Dans la pratique, les participants reçoivent un bracelet à l'entrée de l'événement qu'ils rechargent à loisir, en espèces à un stand dédié ou avec leur carte bancaire.

Ce porte-monnaie électronique, qui comprend également leur billet d'entrée ou leur éventuel accès au camping, est utilisable sans contact aux différents stands et buvettes.

«Je trouve que le cashless est très pratique car on ne se balade pas avec du liquide ou sa carte bleue sur le site», raconte à l'AFP Elise Krolak, 31 ans, bénévole.

«La vie sans cash est cool», abonde Maxence Hachon, 17 ans, venu écouter 5 jours de concert, «on n'a pas besoin de stresser car notre argent est toujours à notre poignet et pour les paiements c’est bien plus rapide».

- Consommer davantage -

Au Cabaret Vert comme dans la plupart des grands festivals, deux arguments ont permis aux dispositifs «cashless» d'emporter le morceau.

Ils permettent de «limiter très fortement la circulation du liquide sur le festival» et d'augmenter la «rapidité d'encaissement», souligne auprès de l'AFP Frédéric Leclef, directeur général délégué de Lyf, qui propose une solution de paiement via une application mobile.

Stockage, transport, erreurs de caisse voire tentations d'y piocher: le premier point répond à des questions de sécurité.

Ces paiements permettent également un meilleur contrôle de l'organisateur sur les rentrées d'argent des bars et autres foodtrucks présents sur le festival, surtout lorsque ceux-ci sont tenus par des prestataires extérieurs qui ont négocié avec l'organisateur un partage de revenus.

Ce moyen de paiement est aussi plus rapide que le paiement en espèces: plus besoin d'appoint côté festivalier, ni de rendu monnaie côté staff, de quoi limiter le temps d'attente entre deux concerts de Christine and the Queens et Juliette Armanet, par exemple.

«Si les gens font moins la queue, ils profitent plus de l'événement, ils peuvent consommer plus», observe auprès de l'AFP le cofondateur et directeur général du service de billetterie en ligne Weezevent Pierre-Henri Deballon, de quoi «doper les recettes».

Selon lui, les organisateurs de festival constatent une augmentation de leur chiffre d’affaires d'à peu près 10% lorsqu'une solution «cashless» est mise en place, une combinaison de gain de temps mais aussi de transactions «indolores» pour le festivalier, amené à dépenser davantage quand l'argent n'est pas matérialisé.

- Batterie à contretemps -

Deux technologies se font concurrence dans le domaine du «cashless»: l'usage d'un porte-monnaie électronique, souvent matérialisé par une carte ou un bracelet et chargé d'un montant défini par le festivalier, et celui d'une application mobile directement liée à une carte bancaire.

La première est souvent payante, c'est le cas par exemple du Cabaret Vert qui facture un euro de «frais d’activation».

De plus, rares sont les festivaliers qui dépensent exactement la somme chargée. Le remboursement est alors plus ou moins complexe: il n'est ouvert qu'un mois pour le Cabaret Vert, et ne se fait que sur une carte bancaire.

Selon le patron de Weezevent, les organisateurs récupèreraient en moyenne 5% des sommes chargées, laissées de côté ou volontairement reversées par les festivaliers, une manne non négligeable pour des organisations parfois juste à l'équilibre.

La seconde option, via une application, n'est pas non plus parfaite car elle dépend de la batterie des téléphones portables des festivaliers, mise à mal par le manque de prise de courant et l'usage à outrance de la caméra, mais aussi par des difficultés d'accès au réseau, parfois proche de la saturation en raison de la forte concentration de personnes.

L'éviction du cash a par ailleurs fait tiquer la vénérable Banque de France, qui rappelait en juin via le Comité national des moyens de paiement que les espèces doivent «être acceptées par les commerçants (...) lors de manifestations telles que des festivals ou des manifestations sportives».


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.