Préserver Noël sans relancer l'épidémie: une équation à haut risque

Profiter des fêtes tout en évitant la propagation du virus : un équilibre délicat (Photo, AFP).
Profiter des fêtes tout en évitant la propagation du virus : un équilibre délicat (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Préserver Noël sans relancer l'épidémie: une équation à haut risque

  • Médecins et autorités craignent que les retrouvailles pour les fêtes de fin d'année se traduisent par une « troisième vague » de Covid-19
  • Est-il possible, comme le souhaite le Premier ministre, de « profiter » des fêtes « sans nous exposer à un risque de rebond de l'épidémie » ?

PARIS: Médecins et autorités craignent que les retrouvailles pour les fêtes de fin d'année se traduisent par une « troisième vague » de Covid-19 : est-il possible, comme le souhaite le Premier ministre, de « profiter » des fêtes « sans nous exposer à un risque de rebond de l'épidémie » ?

Une « occasion de transmission virale »

Contacts accrus, relâchement des mesures barrières, brassage géographique et réunions intergénérationnelles sont autant de facteurs favorables pour la circulation du virus, en particulier chez les personnes âgées, davantage à risque.

« Le moment du repas est certainement une bonne occasion de transmission virale » car « les gens sont contraints de retirer le masque », souligne Santé publique France.

« La logique aurait probablement commandé » de maintenir les restrictions pour Noël, a reconnu le Premier ministre Jean Castex. Mais cette fête occupe une « place à part dans nos vies et nos traditions ».

Le risque d'un nouvel emballement est d'autant plus réel que la situation épidémique est déjà préoccupante, avec 12 000 nouveaux cas quotidiens en moyenne la semaine dernière, largement au-dessus des 5 000 qu'espérait le gouvernement.

« Il suffit qu'on relâche un peu plus les précautions, notamment à l'intérieur des familles », pour que l'épidémie accélère, indiquait lundi sur BFMTV/RMC l'infectiologue Eric Caumes.

L'épidémiologiste Antoine Flahault est plus nuancé : « Les vacances de Noël sont aussi une opportunité car la fermeture des écoles » peut ralentir « les transmissions intracommunautaires et intrafamiliales », dit-il.

Un « effet Thanksgiving » ?

C'est l'épouvantail brandi par les autorités sanitaires : l' « accélération de l'épidémie » outre-Atlantique après la fête traditionnelle de Thanksgiving.

« Les fêtes de fin d'année font craindre que des contaminations importantes intrafamiliales aient lieu, comme observé après Thanksgiving au Canada et aux Etats-Unis », avertit le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Le Canada l'a fêté le 12 octobre, « à un moment où la courbe était en train de s'aplatir. Elle est repartie à la hausse 10 à 15 jours après », décrit le Pr Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève.

Aux Etats-Unis, déjà en pleine flambée épidémique lors de Thanksgiving, célébré le 26 novembre, il est encore trop tôt pour en estimer les conséquences sanitaires.

Mais l'inquiétude des autorités françaises s'appuie aussi sur le précédent du premier déconfinement : « Au cours de l'été, les rassemblements familiaux ont été une source importante de contamination », rappelle la Direction générale de la Santé (DGS).

Prudence et tests avant le jour J

Le Conseil scientifique recommande « l'auto-confinement » pendant quelques jours avant de retrouver ses proches. Ce qui signifie pas de course aux cadeaux de dernière minute, ni de rassemblements en extérieur autour d'un vin chaud ou de pot de Noël au bureau.

Autre outil auquel pensent entre un quart et un tiers des Français, selon les sondages : se faire tester avant les fêtes.

Un geste utile « si grâce à cela, des gens positifs non symptomatiques s'identifient et s'isolent », indique Antoine Flahault. Mais il serait « dangereux de considérer qu'il s'agit d'un certificat de non contagion. On peut être testé négatif et porteur du virus », en particulier avec les tests antigéniques rapides, moins fiables.

« Le maintien des gestes barrières et de la distanciation reste indispensable, même avec un test négatif », souligne la DGS.

Autre crainte, l'engorgement des laboratoires, des pharmacies, des médecins qui réalisent des tests. 

Personnes âgées en Ehpad : sortir ou pas ?

Le gouvernement a assoupli ses recommandations à destination des Ehpad afin de donner à leurs résidents « la possibilité de passer les fêtes de fin d'année en compagnie de leurs proches ».

Mais pour Laurent Garcia, cadre de santé d'un Ehpad à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), « Noël, pour la plupart des résidents, c'est pas un moment très joyeux » car cela les renvoie aux rassemblements familiaux du passé.

Et à leur retour dans l'établissement, ils seront isolés pendant sept jours, une mesure souvent mal vécue. Aussi, « je pense qu'il est sage que les résidents restent dans les établissements », estimait-il récemment sur France Inter.

Aération et mesures barrière

La soirée du 24 décembre devrait se faire en petit comité : pas plus de six adultes à table, recommande le gouvernement.

Chez nos voisins, les recommandations oscillent d'un invité par foyer en Belgique à dix personnes rassemblées en Norvège.

Une fois réunis, « il est essentiel de continuer à suivre toutes les mesures de distanciation, port du masque, lavage de mains », a conseillé l'immunologue Alain Fischer.

« Aérer, aérer, aérer », même par temps froid, enjoint aussi le Pr Eric Caumes.

Et rien n'empêche de bousculer les traditions, observe Antoine Flahault : « on a un peu oublié la possibilité d'être bien dehors, même en hiver », indique-t-il, suggérant de remplacer le coin du feu par « une petite promenade, qui permet quand même de passer un bon moment ensemble ».

Le 31 décembre sacrifié

Pas de dérogation au couvre-feu pour la Saint-Sylvestre, occasion qui « concentre tous les ingrédients d'un rebond épidémique », selon Jean Castex.

De fait, pour l'épidémiologiste Yves Buisson, si Noël est « une fête de famille traditionnelle qu'on peut aménager dans de bonnes conditions », le Nouvel an est généralement « une fête plus jeune, qui se passe beaucoup plus avec de l'alcool, des manifestations de joie » où « l'on oublie les masques ».

Ce caractère à haut risque est renforcé par la proximité des deux fêtes, ajoute Antoine Flahault : après Noël, « beaucoup de gens seront peut-être contagieux à ce moment-là » et il y a donc « un risque de propagation à d'autres cercles, puisque souvent ce ne sont pas les mêmes personnes qu'on voit le 24 et le 31 ».


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Short Url
  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Short Url
  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".