A Tourcoing, Gérald Darmanin réunit ses soutiens... et Elisabeth Borne

La Première ministre Elisabeth Borne se rendra dimanche à Tourcoing (Nord) pour la grande réunion de rentrée politique du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé samedi son entourage (Photo, AFP).
La Première ministre Elisabeth Borne se rendra dimanche à Tourcoing (Nord) pour la grande réunion de rentrée politique du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé samedi son entourage (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

A Tourcoing, Gérald Darmanin réunit ses soutiens... et Elisabeth Borne

  • Gérald Darmanin a pris de court l'ensemble de la classe politique en affichant au début du mois son intérêt pour la prochaine présidentielle, à quatre ans du scrutin
  • «2027, c'est bien loin», avait observé mercredi Elisabeth Borne

PARIS: La Première ministre Elisabeth Borne se rendra dimanche à Tourcoing (Nord) pour la grande réunion de rentrée politique du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé samedi son entourage.

Samedi après-midi, la cheffe du gouvernement a tranché: "Elle s'y rendra", a confirmé son entourage. Sa présence à l'événement organisé par le ministre de l'Intérieur a longtemps été incertaine, tant le raout nordiste doit refléter les ambitions de Gérald Darmanin pour 2027.

Car le locataire de la place Beauvau a pris de court l'ensemble de la classe politique en affichant au début du mois son intérêt pour la prochaine présidentielle. "Le fait est que dans (quatre) ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu'une ou un candidat", a-t-il lancé jeudi, en accusant au passage la majorité de ne pas assez écouter les "classes populaires".

La veille, Elisabeth Borne lui avait fait remarquer que "2027, c'est bien loin", énième manifestation d'agacement de celle qui vient de la gauche à l'endroit de l'ex-cadre de LR.

En faisant le voyage à Tourcoing, la cheffe du gouvernement tente ainsi d'affadir les velléités sécessionnistes de Gérald Darmanin. "Elle y va pour appeler les uns et les autres à l'unité", souligne l'un de ses proches. Au risque de donner l'impression de l'adouber? "Il voit sa présence comme un signe de reconnaissance du débat d'idées qu'il a lancé", s'est en tout cas empressé de faire savoir l'entourage du ministre.

Jean-Luc Mélenchon, en pleine université d'été de son parti, a lui aussi pris le temps de commenter: "Elisabeth Borne assume la centralité de Gérald Darmanin. À Tourcoing, l'après Macron est commencé", a-t-il estimé sur le réseau social X.

"C'est la fin de Renaissance", le parti macroniste, a observé le chef du Parti socialiste Olivier faure. "Je l'ai toujours dit, il va rassembler la droite et l'extrême droite", a-t-il ajouté avant de prédire: "ils vont se dévorer mutuellement, ça va être sanglant".

L'événement a déjà engrangé une centaine de retours positifs parmi les parlementaires, tandis qu'une dizaine de membres du gouvernement doit également faire le déplacement, dont le ministre du Travail Olivier Dussopt.

Au MoDem de François Bayrou, qui goûte peu la stratégie de M. Darmanin, seul le député Philippe Vigier devrait être présent.

Ciotti dans les Alpes-Maritimes
Sur le fond, entre les stands de saucisse-frites-bière, trois thèmes doivent être abordés à Tourcoing: travail, écologie et autorité.

Le discours de celui qui avait rejoint Emmanuel Macron au lendemain de sa victoire de 2017 entend donc s'adresser aux "classes populaires", à l'instar de Nicolas Sarkozy lors de sa conquête de l'Elysée il y a plus de quinze ans. Le mentor politique, jamais renié, lui a d'ailleurs apporté un soutien appuyé dans son dernier livre.

Mais Gérald Darmanin sait également se faire iconoclaste: il cite régulièrement l'Insoumis François Ruffin, chantre des questions sociales, ou le patron du PCF, Fabien Roussel. Les deux ont toutefois protesté de cette tentative d'association.

Quid de LR? Quelques élus Les Républicains - dont Julien Dive et Alexandre Vincendet - doivent également se rendre dans le Nord au meeting de leur ancien compagnon. Dans le même temps, se déroulera la rentrée politique du patron du parti de droite, Eric Ciotti dans les Alpes-Maritimes.

A l'exception du président du Sénat, Gérard Larcher, les principaux ténors du parti - notamment Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Olivier Marleix, Rachida Dati ou David Lisnard - doivent se rendre au Cannet, près de Cannes, afin de transmettre un message d'unité.

Selon son entourage, Eric Ciotti entend "exprimer ses attentes" avant la grande réunion prévue mercredi par Emmanuel Macron avec tous les chefs de partis politiques, quelques jours après l'idée d'un recours au référendum évoquée par le président de la République.

Or, Eric Ciotti plaide depuis plusieurs mois pour "redonner la parole aux Français" sur l'immigration.

Mais une consultation populaire sur la question ne semble pas à l'ordre du jour du gouvernement, un projet de loi devant être présenté à l'automne. Avec, pour le porter, un certain Gérald Darmanin.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.