ATHENES: Cellules "sales, insalubres, délabrées, sérieusement surpeuplées" : le Conseil de l'Europe a pointé jeudi les conditions de détention dans les prisons grecques et notamment dans un hôpital psychiatrique pénitentiaire, comme autant de traitements inhumains et dégradants.
Le Comité anti-torture (CPT) du Conseil de l'Europe, vigie des droits de l'homme sur le continent, a visité en novembre 2022 plusieurs prisons et lieux de détention en Grèce. Dans un rapport publié jeudi, le CPT y "déplore les conditions désastreuses de détention à l'hôpital psychiatrique de Korydallos", en banlieue d'Athènes, ainsi que dans la prison pour hommes de la ville.
Concernant l'hôpital psychiatrique pénitentiaire, "le CPT a constaté que l'hôpital reste à tout point de vue une prison, tant dans sa conception que dans son fonctionnement".
"Les patients sont détenus dans des chambres surpeuplées et délabrées et se voient proposer peu d'activités motivantes. Le traitement des patients reposait presque exclusivement sur la pharmacothérapie, sans offrir de véritables activités en ergothérapie. Aucun plan de traitement individuel n'avait été mis en place et la tenue des dossiers médicaux laissait à désirer", poursuit le CPT.
Celui-ci note également "la dotation en personnel qui était désastreuse", sans aucun psychiatre attitré, seulement une infirmière pour 170 patients et des agents pénitentiaires non formés.
Les membres du CPT ont également visité l'aile C de la prison pour hommes de Korydallos, où ils ont constaté que les conditions de détention "continuaient de porter atteinte à la dignité humaine et pouvaient être considérées comme relevant d'un traitement inhumain et dégradant".
"Les cellules étaient sales, insalubres, délabrées", s'inquiète le CPT. Bien que rénovée, l'unité "reste sérieusement surpeuplée, chaque personne disposant encore d'un espace vital inférieur à 2 m2".
Le CPT rappelle de manière générale "l'importance de prendre des mesures radicales pour lutter contre la surpopulation dans de nombreux établissements pénitentiaires" en Grèce.
Seul point positif, une visite dans l'unité pour personnes transgenres récemment créée dans la maison d'arrêt pour femmes de Korydallos a montré des conditions de vie constituant "une nette amélioration par rapport à celles de la prison de Corfou en 2021".
"Il conviendrait néanmoins d'entreprendre des efforts pour élaborer un cadre stratégique clair pour les personnes transgenres en prison", relatif notamment à des problèmes comme "les fouilles corporelles, les effectifs de personnel, les soins de santé et les traitements ainsi que l'accès à des activités motivantes".