Le Sommet africain pour le climat, premier rendez-vous d'un trimestre crucial pour la réussite de la COP28

Pendant trois jours, une vingtaine de dirigeants et responsables d'Afrique et d'ailleurs, dont le chef de l'ONU António Guterres seront accueillis dans la capitale kényane par le très actif président William Ruto, qui souhaite que ce sommet permette au continent de trouver un langage commun sur le développement et le climat. (AFP).
Pendant trois jours, une vingtaine de dirigeants et responsables d'Afrique et d'ailleurs, dont le chef de l'ONU António Guterres seront accueillis dans la capitale kényane par le très actif président William Ruto, qui souhaite que ce sommet permette au continent de trouver un langage commun sur le développement et le climat. (AFP).
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Publié le Vendredi 01 septembre 2023

Le Sommet africain pour le climat, premier rendez-vous d'un trimestre crucial pour la réussite de la COP28

  • Pendant trois jours, une vingtaine de dirigeants et responsables d'Afrique et d'ailleurs, dont le chef de l'ONU António Guterres seront accueillis dans la capitale kényane
  • Un succès à Nairobi donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l'Assemblée générale des Nations unies

PARIS: Avec le premier "Sommet africain pour le climat", Nairobi lancera lundi les quatre mois les plus chargés de l'année pour les négociations climatiques internationales, qui culmineront avec une bataille sur la fin des énergies fossiles à la COP28 à Dubaï en décembre.

Pendant trois jours, une vingtaine de dirigeants et responsables d'Afrique et d'ailleurs, dont le chef de l'ONU António Guterres seront accueillis dans la capitale kényane par le très actif président William Ruto, qui souhaite que ce sommet permette au continent de trouver un langage commun sur le développement et le climat afin de "proposer des solutions africaines" à la prochaine conférence climat annuelle de l'Onu.

Dans un monde très en retard sur ses objectifs de réduction des émissions à l'origine d'un réchauffement climatique de plus en plus sévère pour les peuples, les négociations en prévision de la COP28, présidée cette année par la puissance pétrogazière des Émirats arabes unis, sont marquées par de vives oppositions sur l'avenir énergétique de l'humanité.

Aux côtés d'autres dirigeants africains, M. Ruto s'est efforcé de mettre en avant le potentiel de l'Afrique comme puissance industrielle verte et d'appeler la communauté internationale à débloquer l'argent destiné au continent.

"Ils ont clairement montré que l'Afrique n'était pas une victime, mais un acteur essentiel pour résoudre la crise climatique mondiale grâce à la croissance verte", analyse pour l'AFP Mavis Owusu-Gyamfi, vice-présidente exécutive de l'African Center for Economic Transformation (ACET).

Un succès à Nairobi donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l'Assemblée générale des Nations unies, puis en octobre la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech.

Leader vert?

Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle prévu par l'accord de Paris, l'investissement doit atteindre 2.000 milliards de dollars par an dans ces pays en l'espace d'une décennie, a calculé le FMI.

Un projet de "Déclaration de Nairobi" consulté par l'AFP, mais encore en négociation, souligne le "potentiel unique de l'Afrique pour être une partie essentielle de la solution".

Le document cite le vaste potentiel de la région en énergies renouvelables, sa main-d'œuvre jeune et ses atouts naturels, notamment 40% des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et l'hydrogène.

Il inclut aussi un engagement à tripler le potentiel des énergies renouvelables sur le continent, de 20% de l'électricité en 2019 à 60% d'ici 2030.

Des pays comme le Kenya sont en avance, avec environ 94 % de son électricité issue des renouvelables.

Mais les dirigeants africains ne cessent de souligner les obstacles financiers considérables pour leur continent, parmi les plus vulnérables face au changement climatique et où quelque 500 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité.

L'Afrique, qui abrite 60% des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire, n'a toutefois qu'une capacité installée similaire à la Belgique, ont souligné récemment le président kényan et le patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

En cause, notamment: seuls 3% des investissements mondiaux de la transition énergétique arrivent en Afrique, ont-ils déclaré.

La charge de la dette dans la région a grimpé en flèche avec la pandémie de Covid-19, l'invasion russe de l'Ukraine et les impacts climatiques, estime la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, mettant en garde contre le risque d'une "décennie perdue" pour son développement.

Par ailleurs, les pays riches n'ont pas encore tenu leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide dans la lutte contre le changement climatique: une promesse non remplie depuis 2020, qui a durablement érodé la confiance des pays pauvres dans la capacité des émetteurs historiques de gaz à effet à assumer leur responsabilité.

Pour Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa, l'Afrique devait prendre ses distances par rapport aux luttes mondiales entre la Chine, les États-Unis et l'Europe.

"Nous serons ainsi à la table, et certainement pas au menu, comme nous l'avons été jusqu'à présent", résume-t-il auprès de l'AFP. "Nous avons sauté l'étape de la ligne téléphonique fixe, de la même manière ce continent (...) peut sauter l'étape de l'énergie sale et devenir un leader vert".


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».