Catastrophe aérienne en 1980: un ancien Premier ministre italien accuse la France

"La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l'Armée de l'air française, avec la complicité des Américains", "dans l'intention de "faire la peau à Kadhafi", a affirmé l'ancien Premier ministre Giuliano Amato (1992-1993). (Photo, AFP)
"La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l'Armée de l'air française, avec la complicité des Américains", "dans l'intention de "faire la peau à Kadhafi", a affirmé l'ancien Premier ministre Giuliano Amato (1992-1993). (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 02 septembre 2023

Catastrophe aérienne en 1980: un ancien Premier ministre italien accuse la France

  • Plus de quarante ans après les faits, les familles des victimes réclament toujours vérité et justice dans cette affaire ancrée dans la mémoire collective des Italiens
  • Le soir du 27 juin 1980, un DC-9 de la compagnie Itavia avec 81 personnes à bord assurant la liaison Bologne-Palerme s'était abîmé en mer Tyrrhénienne, près de l'île d'Ustica, entraînant la mort des passagers et des membres d'équipage

ROME: Un ancien chef de gouvernement italien a accusé samedi la France et les Etats-Unis d'être responsables de la catastrophe aérienne d'Ustica qui avait fait 81 morts le 27 juin 1980 et d'avoir tout fait depuis pour éviter que la lumière soit faite.

Plus de quarante ans après les faits, les familles des victimes réclament toujours vérité et justice dans cette affaire ancrée dans la mémoire collective des Italiens et considérée comme l'une des plus grandes catastrophes aériennes de l'histoire du pays.

Le soir du 27 juin 1980, un DC-9 de la compagnie Itavia avec 81 personnes à bord assurant la liaison Bologne-Palerme s'était abîmé en mer Tyrrhénienne, près de l'île d'Ustica (nord de la Sicile), entraînant la mort des passagers et des membres d'équipage.

La thèse avancée par plusieurs experts italiens est que le drame se serait produit quand un ou deux avions libyens poursuivis par des chasseurs américains et français suivaient l'itinéraire de l'avion civil pour échapper à leurs radars.

Pris dans ce "scénario de guerre", le DC 9 aurait été abattu par erreur, ou serait entré en collision avec un des Mig présents dans la zone.

Dans un entretien publié samedi par le quotidien La Repubblica, l'ancien Premier ministre Giuliano Amato (1992-1993) reprend cette thèse, affirmant que la France, avec le concours de Washington, avait cherché à supprimer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en pensant qu'il se trouvait dans un des Mig.

"La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l'Armée de l'air française, avec la complicité des Américains", "dans l'intention de "faire la peau à Kadhafi", a-t-il affirmé.

La découverte, le 18 juillet 1980, de la carcasse d'un MiG-23 libyen dans les montagnes de Calabre (sud de l'Italie) a aussi alimenté cette hypothèse.

Selon M. Amato, le secrétaire national du Parti socialiste italien de l'époque Bettino Craxi, réputé proche du colonel Kadhafi, aurait eu "vent" d'un danger pour lui s'il entrait dans l'espace aérien italien et l'aurait prévenu.

Sur Twitter, le fils de Bettino Craxi a confirmé samedi que son père avait bien averti M. Kadhafi. "Mais en 1986", six ans après la catastrophe, alors qu'il était Premier ministre, a-t-il précisé.

En 2003, le colonel Kadhafi avait accusé les Américains d'avoir alors cherché à le tuer. Paris et Washington ont toujours nié une quelconque implication de leurs appareils dans cette tragédie. "Les Américains étaient convaincus que j'étais à bord de cet avion (le MiG-23). C'est pourquoi, ils l'ont abattu", avait-il déclaré.

Laver la honte

Giuliano Amato demande désormais au président français Emmanuel Macron de "laver la honte qui pèse sur la France" soit "en démontrant que cette thèse est infondée, soit, si elle est confirmée, en présentant les excuses les plus sincères à l'Italie et aux familles des victimes".

Cette affaire a suscité à l'infini suppositions et hypothèses mais les responsabilités et les circonstances de la catastrophe n'ont pas été établies.

Et Paris et Washington ont toujours nié une quelconque implication de leurs appareils dans le drame.

Un procès au pénal contre plusieurs hauts responsables militaires italiens, soupçonnés d'avoir caché des informations dans cette affaire, s'est achevé définitivement en 2007 avec leur acquittement devant la Cour de Cassation.

Puis des magistrats romains avaient rouvert en 2008 l'enquête sur Ustica à la suite de déclarations de l'ancien dirigeant Francesco Cossiga, 81 ans, qui disait qu'un missile français avait abattu le DC-9 italien.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a appelé M. Amato à apporter des éléments concrets à ses accusations.

"Je demande au président Amato, en plus de ses déductions, de nous faire savoir s'il est en possession d'éléments qui permettraient de revenir sur les conclusions de la justice et du Parlement, et de les mettre à la disposition du gouvernement", a-t-elle dit.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.

 


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
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  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.