Macron pour une «tenue unique» à l'école

Emmanuel Macron a esquissé une série de nouvelles mesures dans le primaire et au collège lundi (AFP).
Emmanuel Macron a esquissé une série de nouvelles mesures dans le primaire et au collège lundi (AFP).
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

Macron pour une «tenue unique» à l'école

  • Le chef de l'Etat, qui avait choisi de faire sa rentrée scolaire sur la chaîne du youtuber HugoDécrypte, a répondu pendant une heure quarante à tous les sujets qui interpellent moins et plus de 18 ans
  • Emmanuel Macron souhaite même porter à une heure quotidienne à terme la pratique sportive à l'école

PARIS: Une "tenue unique" à l'école, un "arbre" pour chaque collégien, un "test" d'évaluation sportive en sixième: Emmanuel Macron a esquissé une série de nouvelles mesures dans le primaire et au collège lundi, lors d'une interview en direction des jeunes sur Youtube.

Le chef de l'Etat, qui avait choisi de faire sa rentrée scolaire sur la chaîne du youtuber HugoDécrypte, a répondu pendant une heure quarante à tous les sujets qui interpellent moins et plus de 18 ans.

Sur le port de l'uniforme à l'école, qui enflamme les débats d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, il s'est dit favorable à des "expérimentations" et une "évaluation", en se prononçant plutôt pour une "tenue unique", "beaucoup plus acceptable pour les adolescents".

"Sans avoir un uniforme, on peut dire +vous vous mettez en jeans, tshirt et veste+", a fait valoir le président, toujours très présent et à l'offensive sur les sujets éducatifs.

La tenue unique "peut paraître un peu moins stricte d'un point de vue disciplinaire" tout en réglant le problème de la "laïcité" et "l'idée qu'on se fait de la décence", a-t-il souligné.

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé qu'il préciserait "à l'automne" les modalités d'une "expérimentation" dans des établissements "volontaires".

Revenant sur l'autre sujet polémique du jour, l'interdiction de l'abaya dans les établissements scolaires, le président a fait indirectement le lien avec l'assassinat de Samuel Paty.

Bienfaits du sport

"Nous vivons aussi dans notre société avec une minorité, des gens qui, détournant une religion, viennent défier la République et la laïcité", a-t-il martelé.

"(...)On ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas eu l'attaque terroriste et l'assassinat de Samuel Paty dans notre pays", a-t-il dit, en référence à l'enseignant tué en 2020 après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet.

Le chef de l'Etat, qui se rendra mardi dans un collège d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques) pour mettre l'accent sur le renforcement de la place du sport à l'école, a fait valoir combien "quand on fait du sport on est bien".

L'exécutif veut généraliser la pratique de 30 minutes d'activité physique par jour dans les écoles primaires et deux heures de plus au collège.

"C'est un formidable instrument pour mieux apprendre", "c'est un instrument de santé, ça prévient l'obésité", "ça donne un cadre", a-t-il dit.

Emmanuel Macron souhaite même porter à une heure quotidienne à terme la pratique sportive à l'école, et "au moins autant au collège".

Il a annoncé au passage un "test d'évaluation sportive" en sixième.

Corbière (LFI): l'uniforme «ne va pas dissimuler les inégalités»

Le port d'un uniforme, ou d'une tenue scolaire unique comme suggéré par Emmanuel Macron, "ne dissimulera pas les inégalités", a réagi mardi Alexis Corbière (LFI) pour qui "le vrai problème, c'est la mixité sociale" au sein des écoles.

"Le vrai problème, c'est la mixité sociale, c'est que vous avez 18% des enfants qui vont dans l'enseignement privé qui n'a jamais autant concentré les enfants des catégories supérieures (...)", a estimé le député de Seine-Saint-Denis sur LCI.

"On a vraiment un séparatisme scolaire qui se met en place. Et même au sein de l'enseignement public, un établissement à Paris, c'est évidemment pas le même qu'en Seine-Saint-Denis", a-t-il ajouté.

"Vous pouvez mettre des vêtements, vous ne dissimulerez pas les inégalités, c'est un amusement médiatique", a-t-il insisté.

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé qu'il préciserait "à l'automne" les modalités d'une "expérimentation" dans des établissements "volontaires".

Forfait train à l'allemande

Interpellé sur l'écologie, autre sujet de préoccupation central des jeunes sur lequel il a souvent été jugé insuffisamment actif, Emmanuel Macron a fixé un objectif très symbolique, voir tous les collégiens de France planter un arbre, en commençant dès cette année en classe de sixième.

Il a certes estimé que ce ne serait pas possible "pour l'intégralité des sixièmes" cette année, mais a souhaité qu'on ait à terme "cette génération où chaque collégien aura planté son arbre", pour "aider" à tenir l'objectif d'un milliard d'arbres plantés en dix ans.

Revenant sur un autre sujet fétiche, la durée des vacances d'été et le temps scolaire, il s'est de nouveau dit ouvert à un débat, dans la concertation.

Il faut qu'on "ait un temps scolaire qui soit plus souple et qui, parce qu'on a plus de semaines d'école, de collège et de lycée dans l'année, puisse intégrer du sport, de l'éducation artistique et culturelle et le temps de devoirs et d'accompagnement", a-t-il esquissé.

Dans le domaine des loisirs, il s'est aussi dit favorable à l'instauration d'une forfait de train du type de celui mis en place en Allemagne qui permet, pour 49 euros par mois, de circuler en illimité sur tout le réseau ferré.

"J'ai demandé au ministre des Transports (Clément Beaune) de lancer avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire le même dispositif", a-t-il confirmé.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.