Trafic de drogue à Marseille: procès de quatre hommes accusés d'avoir torturé un «charbonneur»

Des habitants se tiennent sur leur balcon et observent le président français lors de sa visite dans le quartier de Benza, dans la ville portuaire de Marseille, le 28 juin 2023. (AFP).
Des habitants se tiennent sur leur balcon et observent le président français lors de sa visite dans le quartier de Benza, dans la ville portuaire de Marseille, le 28 juin 2023. (AFP).
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Publié le Samedi 09 septembre 2023

Trafic de drogue à Marseille: procès de quatre hommes accusés d'avoir torturé un «charbonneur»

  • Les audiences mettront en lumière l'omerta imposée par les trafiquants à toute cette cité du 3e arrondissement, l'une des plus paupérisées de Marseille
  • Elles devraient également montrer les spirales d'emprise et de violences dans lesquelles sont souvent pris les "jobbers", ces jeunes originaires d'une autre région qui viennent dans la deuxième ville de France pour des petits boulots de guetteur ou vendeu

MARSEILLE: L'adolescent avait été séquestré et torturé toute une nuit, brûlé sur certaines parties du corps au chalumeau. Le procès de quatre hommes jugés pour le lynchage d'un jeune vendeur de drogue en août 2019 dans une cité marseillaise s'est ouvert vendredi à Aix-en-Provence.

La victime, Mathieu - le prénom est modifié - qui avait 16 ans au moment des faits, a fait savoir par la voix de son avocat espérer que son exemple puisse "servir à d'autres pour leur éviter la même histoire". Il n'était pas présent à l'audience.

"Il n'a jamais surmonté l'épreuve (...) Pour moi, sa vie s'est arrêtée au jour des faits (...) plus le temps avance, et plus je vois qu'il s'enferme. On en est à un stade où il ne sort plus de chez lui", a déploré l'avocat, Me Xavier Torre.

En août 2019, Mathieu avait quitté le foyer de l'Aide sociale à l'enfance où il était placé depuis quelques mois à Chartres (Eure-et-Loir). Il rêvait de gagner 500 euros par jour en venant dealer à Marseille.

A son arrivée dans la cité des Micocouliers, il est recruté le 9 août comme "charbonneur" (vendeur de drogues). La police l'interpelle juste après sa prise de fonction, mais l'adolescent parvient à dissimuler sous un arbre 15 grammes de cocaïne et 10 barrettes de shit. Conduit devant un juge des enfants, il est placé en foyer dans l'attente de son retour jusqu'à Chartres, accompagné d'un éducateur.

Il fugue, récupère la drogue cachée et, le 12 août, tente de la revendre au pied du bâtiment A6 de la cité Félix-Pyat, mais sans l'autorisation des responsables de ce haut lieu du trafic à Marseille.

Dénoncé par un guetteur, il est aussitôt entouré et frappé à coups de poing et de barre de fer puis conduit dans un local associatif désaffecté.

Mathieu est alors entièrement dénudé, attaché sur une chaise avec du câble électrique, frappé et brûlé avec une cigarette: "Dans la cave, il y avait beaucoup de monde, ils m'ont frappé, ils m'ont fait sniffer de la coke", raconte-t-il.

Au milieu de la nuit, alors qu'il a les yeux bandés, deux "grands" lui annoncent qu'il va mourir. "Ils m'ont brûlé les parties génitales. (...) Je hurlais de douleur".

«La cité, ce n'est pas une excuse»

Parmi les quatre hommes jugés, trois ont affirmé qu'ils étaient innocents et le quatrième a déclaré: "Je reconnais les coups en dehors du local, mais je n'ai rien à voir avec ce qui s'est passé ensuite".

Lors de l'étude de leur personnalités, ils ont raconté des périodes d'enfance difficiles, des situations de décrochage scolaire.

Plusieurs témoins ont été entendus, dont le frère d'un des jeunes hommes qui a affirmé à la barre: "La cité, ce n’est pas une excuse". Il est "entré dans un effet tunnel" à cause de ses fréquentations, a-t-il regretté.

Une conseillère en insertion s'est exprimée au sujet d'un autre des accusés, insistant sur le fait que ce jeune homme "ne vient pas d'un quartier favorisé, ni d'une famille favorisée".

En novembre 2022, un des tortionnaires de Mathieu, jugé par la cour d'assises des mineurs, a été condamné à 10 ans de prison pour enlèvement et séquestration accompagnée de tortures et d'actes de barbarie. Mathieu l'avait identifié comme celui qui lui avait fait prendre de force de la cocaïne.

Les quatre accusés majeurs encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

A l'insu des organisateurs du lynchage, des "petits" avaient donné à boire et des vêtements à Mathieu après cette nuit de tortures et deux "grands" l'avaient conduit à l'hôpital.

A Marseille, les "jobbers", ces jeunes originaires d'une autre région que le mirage de l'argent facile attire dans la deuxième ville de France pour des petits boulots de guetteur ou vendeur sur les points de deal sont souvent pris dans une spirale de violences et soumis à l'emprise des trafiquants, qui font aussi régner la peur parmi les habitants de ces cités.

L'audience a été suspendue vendredi soir et reprendra lundi. Le verdict est attendu le 15 septembre.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.