Au procès de l'évasion de Rédoine Faïd, une petite porte et une «audace incroyable»

Ce croquis judiciaire réalisé le 5 septembre 2023 montre le voleur à main armée français Redoine Faid alors qu'il assiste à l'ouverture de son procès (Photo, AFP).
Ce croquis judiciaire réalisé le 5 septembre 2023 montre le voleur à main armée français Redoine Faid alors qu'il assiste à l'ouverture de son procès (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Au procès de l'évasion de Rédoine Faïd, une petite porte et une «audace incroyable»

  • Les deux enquêteurs qui s'avancent mardi à la barre de la cour d'assises de Paris posent le décor
  • Rédoine Faïd arrive au pas de course, crâne nu, t-shirt orange, suivi de près par l'homme encagoulé

PARIS: C'est une petite porte de rien de tout, une "porte d'intervention" pour accéder aux parloirs en cas de problème. Elle fut la faille de la prison de Réau, "le truc" qui a permis l'évasion, d'une "audace incroyable", de Rédoine Faïd.

Les deux enquêteurs qui s'avancent mardi à la barre de la cour d'assises de Paris posent le décor: un centre pénitentiaire à l'écart de la ville, en Seine-et-Marne. Une prison "moderne", répartie en "blocs": détenus hommes, femmes, mineurs, sensibles, salle de sport... et un "bloc parloirs".

Derrière ce dernier bloc se trouve une cour d'honneur, faite d'herbe et de bitume. Il n'y a pas de filins de sécurité ni de caméras de vidéosurveillance. Pas la peine, puisqu'aucun détenu n'y passe jamais.

"Tout cette évasion tient sur un élément clé", explique l'enquêteur. "L'astuce, le truc, c'est d'avoir compris qu'un hélicoptère pouvait très facilement se poser dans la cour d'honneur, très facilement fracturer cette porte et se retrouver aux parloirs. L'histoire, c'est ça".

A l'écran, la présidente Frédérique Aline fait diffuser les images des couloirs du parloir le jour de l'évasion.

Les gerbes d'étincelles qui jaillissent dans le couloir des parloirs, et la lumière qui entre quand la porte cède sous les coups de meuleuse. Un homme, puis un autre, apparaissent dans le champ de la caméra, en tenue commando, encagoulés.

Celui qui porte la meuleuse - identifié comme Rachid Faïd, 65 ans, qui partage le box avec son frère Rédoine et deux neveux - sait visiblement où il va.

On le suit dans les couloirs, on le voit s'attaquer à une première grille, une deuxième, avant d'arriver à la "cabine 50", celle où Rédoine Faïd est au parloir depuis deux heures en cette matinée du 1er juillet 2018, avec son frère Brahim.

«Chronomètre»

Pendant ce temps, le deuxième homme - un des neveux selon l'enquête - fait le guet. On sent sur l'image sa tension pendant ces six longues minutes d'attente: il fait les cent pas, regarde à gauche, à droite, à travers la porte d'intervention fracturée, pointe son arme, la rabaisse.

Derrière lui, on aperçoit à travers les carreaux des cabines de parloir d'autres détenus, des visages curieux mais prudents qui cherchent à savoir ce qu'il se passe.

Puis Rédoine Faïd arrive au pas de course, crâne nu, t-shirt orange, suivi de près par l'homme encagoulé qui porte la disqueuse à bout de bras.

Dans le box, personne ne cille.

"La meuleuse pèse plus de 10 kilos, il y a du bruit, de la poussière, du stress, et cette espèce de chronomètre qu'ils doivent avoir dans la tête", note l'enquêteur, presque admiratif. Et "ça dure moins de 10 minutes".

"Tout ce beau monde remonte dans l'hélicoptère qui repart dans le ciel, il n'y a toujours pas de filins, ils n'ont pas été posés entre temps".

"C'est d'une audace incroyable", commente le deuxième enquêteur, rappelant que le commando, transporté par un pilote pris en otage, était à bord d'un hélicoptère de collection, une Alouette II, datant de 1956.

"C'est comme si vous faisiez un braquage place Vendôme avec une Traction avant", avance celui qui note aussi "énormément de chance et de hasard" dans l'enchaînement des faits.

Tour à tour, les deux policiers vantent leurs découvertes. "Au bout de 12 jours" ils sont "persuadés" que "Rédoine Faïd n'est pas "parti au Brésil" mais "se trouve dans sa région natale". Que l'évasion est "artisanale", organisée non pas par des "pointures du banditisme" mais des proches.

"D'accord", nuance l'assesseure Xavière Simeoni.

Mais les enquêteurs ont-ils pu "éliminer toute complicité au sein de l'administration pénitentiaire ?" Et qui donne "le top" du début du parloir, le jour de l'évasion ? "Comment c'est organisé", alors que Rédoine Faïd est sous "haute sécurité" et que ses parloirs sont écoutés ?, insiste-t-elle.

"Il y a des zones d'ombres", reconnaît l'enquêteur, qui rappellera aussi que le troisième homme du commando n'a jamais été retrouvé. "Mais dans les grandes lignes", assure-t-il, "on a identifié les tenants et les aboutissants".


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".