A Marseille, «avec le pape, regardons la Méditerranée», plaide l'archevêque de la ville

L'archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline pose une photo à Marseille, dans le sud de la France, le 24 août 2022. Marseille accueille les rencontres méditerranéennes du 17 au 24 septembre 2023, auxquelles assistera le pape. (Photo, AFP)
L'archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline pose une photo à Marseille, dans le sud de la France, le 24 août 2022. Marseille accueille les rencontres méditerranéennes du 17 au 24 septembre 2023, auxquelles assistera le pape. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

A Marseille, «avec le pape, regardons la Méditerranée», plaide l'archevêque de la ville

  • "Evidemment, cela aurait été bien si on avait pu changer de rive, aller à Beyrouth ou Alger, mais les conditions n'étaient pas vraiment réunies, c'est malheureux", concède Mgr Aveline
  • Enfant de Marseille, où il est arrivé à huit ans avec ses parents, à l'indépendance de l'Algérie, ce descendant d'une lignée de pieds-noirs andalous est fier d'accueillir le souverain pontife dans sa ville

MARSEILLE: "Le pape ne vient pas ici pour qu'on le regarde, mais pour qu'avec lui on regarde la Méditerranée", insiste le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, dans un entretien avec l'AFP, avant l'arrivée de François, le 22 septembre, pour les Rencontres méditerranéennes.

Troisièmes du nom, après Bari en février 2020 puis Florence en février 2022, ces Rencontres qui réunissent des évêques et des jeunes de toutes confessions du pourtour méditerranéen se dérouleront pour la première fois hors d'Italie, du 16 au 24 septembre, à Marseille, deuxième ville de France.

"Evidemment, cela aurait été bien si on avait pu changer de rive, aller à Beyrouth ou Alger, mais les conditions n'étaient pas vraiment réunies, c'est malheureux", concède Mgr Aveline.

Enfant de Marseille, où il est arrivé à huit ans avec ses parents, à l'indépendance de l'Algérie, ce descendant d'une lignée de pieds-noirs andalous est fier d'accueillir le souverain pontife dans sa ville.

Et même s'il ne s'agit pas d'une visite d'Etat, comme l'a souligné François, en précisant qu'il venait "à Marseille, pas en France", "la France est heureuse que le pape vienne", rappelle Mgr Aveline.

"Vous ne pouvez pas empêcher la France de venir prier avec vous", a ainsi expliqué l'archevêque de Marseille au pape: "C'est pour ça qu'on a un peu étoffé le programme, avec notamment cette célébration au stade Vélodrome" le 23 septembre, qui réunira des dizaines de milliers de personnes juste avant le départ de François pour Rome.

Economie et social, environnement, migrations, tensions géopolitico-religieuses: quatre grands thèmes seront abordés lors de ces Rencontres, explique Jean-Marc Aveline, espérant que cela aidera "la France et l'Eglise de France à cesser de se regarder elles-mêmes mais à considérer aussi leur responsabilité dans le monde, qui n'est pas celle de donneuses de leçons".

Et si "les drames de la Méditerranée ne sont pas uniquement les drames de ceux qui veulent la traverser", insiste Mgr Aveline, évoquant le récent séisme au Maroc, les inondations en Libye, les incendies cet été en Grèce ou encore la crise politique et économique au Liban, les questions migratoires seront bien au coeur de la visite papale.

Ainsi, dès son arrivée, le 22 septembre, François conduira un "temps de recueillement pour les migrants morts en mer", devant la croix de Camargue érigée au pied de la "Bonne Mère", la basilique Notre-Dame-de-la-Garde. Plus de 28.000 personnes ayant tenté la traversée de la Méditerranée pour rejoindre l'Europe sont portées disparues depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les identités meurtrières

Sur ce thème des migrants, "le pape a une position que j'estime personnellement équilibrée, ni neutre ni fade, qui tient compte de la complexité du problème", plaide l'archevêque de Marseille.

Et l'homme d'église de rejeter à la fois "les discours naïfs sur le vivre ensemble" égrenés par certains et les "discours agressifs" visant à "attiser le feu" déclamés par d'autres, pour qui tout serait "la faute aux migrants".

"Alors, quelle est la position de l'Eglise? Ni naïvement irénique (empreinte de compréhension, ndlr), ni inutilement agressive. C'est ça la position du pape François", insiste Mgr Aveline, rappelant que deux grands principes guident cette action.

"D'abord, en toutes situations, le respect de la dignité de toute personne humaine, quelle qu'elle soit. Surtout quand il y a péril en mer". Puis, "s'attaquer à la racine des choses", "la corruption, la course aux armements, les intérêts d’un certain nombre de multinationales", et cela afin que les migrants "puissent exercer leur droit de ne pas être obligés de migrer, le droit de migrer et le droit de rester, (....) le droit fondamental de vivre sur leur terre".

Ce sera "le titre du message" que le pape fera lire dimanche 24 septembre, au lendemain de son départ, pour la journée mondiale de l'Eglise catholique pour les migrants et les réfugiés, dévoile le cardinal Aveline.

Et s"il ne faut pas faire de Marseille le modèle d'un vivre ensemble idéalisé --"personne ne nous croirait!", sourit le cardinal--, cette ville "constituée de couches migratoires successives" a une force, celle d'avoir compris que "dans l'identité il y a toujours un facteur d'altérité: on est Marseillais, mais la grand-mère est venue d'Italie, l'autre était Arménienne, etc, etc".

"L'altérité, c'est très important. Quand on n'a pas conscience de la part d'altérité dans toute identité, c'est là que nos identités deviennent meurtrières", conclut Mgr Aveline, citant l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.