Lampedusa: Darmanin à Rome pour vanter la «fermeté» face à l'afflux de migrants

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (à gauche) serre la main de son homologue italien Matteo Piantedosi (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (à gauche) serre la main de son homologue italien Matteo Piantedosi (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

Lampedusa: Darmanin à Rome pour vanter la «fermeté» face à l'afflux de migrants

  • Cette situation a mis les capacités d'accueil de l'île de Lampedusa sous forte tension
  • Venue dimanche à Lampedusa, Ursula Von der Leyen y a présenté un plan d'urgence

PARIS: Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin est arrivé lundi soir à Rome, où il prévoit de délivrer un message de "fermeté" face aux traversées clandestines de la Méditerranée, après l'afflux de migrants sur l'île italienne de Lampedusa.

M. Darmanin est arrivé peu avant 19H30 au ministère de l'Intérieur italien pour y rencontrer son homologue  Matteo Piantedosi, a constaté un photographe de l'AFP.

"A la demande du président (Emmanuel Macron) je vais à Rome" afin de proposer de l'aide à l'Italie pour "tenir sa frontière extérieure", première porte d'entrée vers l'Europe en provenance d'Afrique du Nord, a-t-il déclaré lundi sur les médias Europe1/Cnews.

Entre lundi et mercredi dernier, environ 8.500 personnes, soit plus que l'ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon l'agence des Nations unies pour les migrations.

Cette situation a mis les capacités d'accueil de l'île sous forte tension, généré une onde de choc politique en Italie et relancé l'épineuse question de la solidarité européenne en matière d'accueil et de répartition des demandeurs d'asile, pour soutenir les pays en première ligne de ces arrivées.

"Il ne peut pas y avoir comme message donné aux personnes qui viennent sur notre sol (européen) qu'ils seront accueillis quoi qu'il arrive", a toutefois souligné Gérald Darmanin, qui veut faire preuve de "fermeté".

"Nous devons appliquer les règles européennes", a-t-il ajouté: la France pourra "accueillir" les personnes persécutées "pour des raisons politiques". Mais dans "60%" des cas, ils "viennent de pays comme la Côte d'Ivoire, la Guinée, la Gambie", où "il n'y a pas de question humanitaire".

Nouvelles mesures en Italie 

"Nous devons protéger les frontières extérieures de l'Union européenne et surtout tout de suite regarder les demandes d'asile et, quand elles ne sont pas éligibles, les renvoyer dans leur pays", a-t-il dit.

Un message en direction du gouvernement italien de droite et d'extrême droite, dont la cheffe Giorgia Meloni a reproché dimanche à ses partenaires européens de manquer de solidarité envers l'Italie qui a accueilli sur son territoire près de 130.000 personnes depuis le début de l'année, près du double comparé à 2022 sur la même période.

A Paris, on constate que Rome n’a à ce stade pas demandé de répartition des migrants et on veut convaincre Mme Meloni d’examiner les demandes d’asile en Italie tout en faisant pression sur les Tunisiens pour qu’ils contrôlent mieux les départs.

Sans attendre de réponse européenne, le gouvernement italien a approuvé lundi de nouvelles mesures destinées à endiguer les arrivées, notamment en créant davantage de centres de rétention pour les migrants déboutés de leur demande d'asile et en augmentant la durée maximale de cet enfermement, passant de quatre à dix-huit mois.

Venue dimanche à Lampedusa, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen y a présenté un plan d'urgence.

Ce plan d'aide en dix points, destiné à gérer l'urgence des flux migratoires vers l'Italie, prévoit de mieux répartir les demandeurs d'asile entre les pays européens ou encore de faciliter les retours.

Il est censé conjuguer fermeté à l'encontre des passeurs et facilitation des voies légales d'entrée dans l'espace européen pour les candidats à l'exil éligibles à l'asile.

«Vieilles recettes»

Les partenaires européens de l'Italie, premier pays d'entrée dans l'UE sur cette route migratoire, doivent prendre leur part, a estimé dimanche la présidente de la Commission européenne.

"La réponse doit être trouvée dans la coopération entre Européens" et "entre les Européens avec la Tunisie", a abondé lundi aux Nations unies la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna.

"De vieilles recettes que l'Union européenne ressert depuis des décennies et qui ont toutes échoué", ont déploré lundi dans un communiqué commun plus de 80 associations, dont des ONG de secours en mer.

"Ce sont les nations qui décident (qui entre, ndlr) et ça ne peut pas être l'Union européenne", a de son côté fustigé Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, sur TF1 en appelant à ériger "un mur juridique" contre l'immigration.

En France, les autorités anticipent un afflux massif de migrants à la frontière italienne, après les arrivées récentes et cherchent à se doter d'un "espace" de cent places d'enfermement supplémentaires aux locaux de la police aux frontières, à Menton.

La Méditerranée centrale est la route migratoire maritime la plus dangereuse au monde: plus de 2.000 migrants y ont trouvé la mort depuis le début de l’année, selon l'organisation internationale pour les migrations.


Immigration: Edouard Philippe propose des «quotas» de régularisations

Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
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  • Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
  • «Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», a-t-il indiqué

PARIS : L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a proposé dimanche de fixer «des quotas» de régularisations pour les travailleurs sans papiers exerçant dans les métiers en tension, tout en estimant que le projet de loi sur l'immigration débattu à partir de lundi à l'Assemblée nationale ne constitue pas «un appel d'air» migratoire.

«Je ne soutiendrai jamais aucun texte qui constituerait un appel d’air. Il faut regarder la réalité en face. Cet article (du projet de loi, ndlr) n’a rien de cela, il a vocation à essayer de trouver une solution pour un certain nombre d'étrangers en situation irrégulière, qui exercent effectivement des métiers dont nous avons besoin et qui ne posent pas de problème d’ordre public», observe Edouard Philippe dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

«Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», poursuit-il.

Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

La droite et l'extrême droite y sont farouchement opposées tandis que la gauche de la majorité macroniste tient à ce que le texte comporte un dispositif de régularisations.

Dans cet entretien au JDD, Edouard Philippe affirme que son parti Horizons, qui occupe l'aile droite de la majorité, soutient sans ambiguité le projet de loi.

«Je veux dire mon soutien complet au texte qui a été proposé par Gérald Darmanin», dit-il. «Il s’inscrit exactement dans ce que je crois et dans ce que je défends depuis mon passage à Matignon. Nous devons reprendre le contrôle de notre immigration et lutter contre l’immigration du fait accompli», ajoute-t-il.

Dans cet entretien, Edouard Philippe défend également le maintien de l'Aide médicale d'Etat (AME) destinée aux étrangers sans papiers, «pour des raisons de décence et pour des raisons tenant à l’intérêt général».

Le projet de loi sera discuté  dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir de lundi. Les débats devraient durer au moins jusqu'à Noël.


Plusieurs manifestations en France samedi en «solidarité avec le peuple de Gaza»

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire «Halte au massacre» alors que les gens se rassemblent lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens devant l'Université de la Sorbonne, dans le centre de Paris, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire «Halte au massacre» alors que les gens se rassemblent lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens devant l'Université de la Sorbonne, dans le centre de Paris, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Dans le cortège parisien de 1800 personnes, selon la préfecture de police, parti de République vers Nation, étaient scandés des slogans comme «Arrêt immédiat des bombardements» et «Israël assassine les enfants de Palestine»
  • A Strasbourg 400 personnes ont défilé, à Lille quelques 200, selon les préfectures respectives

PARIS: "On soutient les civils, pas le Hamas": des manifestants ont défilé samedi après-midi à Paris et dans plusieurs villes de France pour exprimer leur "solidarité avec le peuple de Gaza" et demander l'arrêt des bombardements du territoire palestinien par l'armée israélienne.

Dans le cortège parisien de 1.800 personnes, selon la préfecture de police, parti de République vers Nation, étaient scandés des slogans comme "Arrêt immédiat des bombardements" et "Israël assassine les enfants de Palestine", rapporte une journaliste de l'AFP.

"Imaginer ses collègues travailler sans eau, sans électricité, amputer sans antalgiques sous les bombardements, avec des militaires armés qui entrent dans les lieux de soins est révoltant", explique Nora (elle n'a pas donné son nom), membre du collectif "Soignants pour Gaza".

"On soutient les civils, pas le Hamas. Une vie vaut une vie", ajoute cette aide-soignante de 30 ans.

Membre de la direction du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), une des organisations appelant à cette manifestation, Gaël Quirante estime que "ce n'est pas au moment où Israël intensifie ses bombardements et son massacre du peuple de Gaza qu'il faut (cesser) les initiatives de la rue".

"Au contraire, il faut continuer à dénoncer la chape de plomb de l'Etat d'Israël" et "les amalgames qui font que certains voudraient assimiler le soutien au peuple de Gaza avec de l'antisémitisme", fait-il valoir.

La guerre entre Israël et le Hamas, entrée samedi dans son 64e jour, a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette attaque et 240 personnes  enlevées et emmenées à Gaza, dont 138 restent captives.

17700 morts

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé samedi que les bombardements avaient fait 17.700 morts et 48.780 blessés en deux mois de guerre.

A Paris samedi après-midi, un rassemblement s'est par ailleurs tenu devant l'université de la Sorbonne, à l'appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Quelques dizaines de personnes y ont participé, derrière une banderole "Halte au massacre à Gaza, cessez-le-feu immédiat", a constaté une journaliste de l'AFP.

A Strasbourg 400 personnes ont défilé, à Lille quelques 200, selon les préfectures respectives.

A Marseille, les manifestants étaient environ 500, d'après la police.

Cette manifestation dans la cité phocéenne à l'appel du collectif "Urgence Palestine Marseille" avait été interdite par la préfecture de police "en raison de risques graves de trouble à l'ordre public" face à des mots d'ordre jugés susceptibles "d'importer des logiques d'affrontement". Mais la justice administrative a finalement suspendu l'arrêté après avoir été saisie en référé par les organisateurs.

D'autres manifestations ont également eu lieu à Annecy (200 participants selon la préfecture) ainsi que dans l'ouest, à Nantes, Morlaix ou encore Saint-Brieuc.


Seine-et-Marne: Mort d'un jeune de 17 ans après une course-poursuite à scooter avec la police

Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge (Photo d'illustration, AFP).
Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge (Photo d'illustration, AFP).
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  • Un adolescent de 17 ans est décédé samedi des suites d'un accident de scooter en Seine-et-Marne consécutif à un refus d'obtempérer
  • Le jeune mortellement blessé dans l'accident est le passager du deux-roues dont le conducteur, également âgé de 17 ans, était toujours hospitalisé samedi soir

MEAUX: Un adolescent de 17 ans est décédé samedi des suites d'un accident de scooter en Seine-et-Marne consécutif à un refus d'obtempérer, un drame qui survient après la mort de plusieurs jeunes ces derniers mois dans des courses-poursuites avec la police.

Le jeune mortellement blessé dans l'accident est le passager du deux-roues dont le conducteur, également âgé de 17 ans, était toujours hospitalisé samedi soir, avec son pronostic vital engagé, selon les informations transmises par le parquet de Meaux.

Les faits se sont produits vers 23h00 vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge, a précisé le procureur de la République de Meaux.

Arrivé sur la commune de Chelles (Seine-et-Marne), deux kilomètres plus loin, le conducteur a glissé sur la chaussée et le deux-roues est venu "s'encastrer sous un véhicule se trouvant à l'arrêt au feu tricolore", a détaillé le procureur Jean-Baptiste Bladier dans un communiqué.

Les deux jeunes se sont alors retrouvés coincés sous la voiture, "l'un des deux – vraisemblablement le passager - perdant son casque sous la violence du choc", a ajouté le magistrat.

Polytraumatisés et en arrêt cardiorespiratoire, les deux adolescents ont été transportés vers des hôpitaux parisiens, selon une source policière, qui a précisé que le passager était décédé samedi matin à 9h30.

Le parquet de Meaux a ouvert deux enquêtes, selon le procureur. La première, pour refus d'obtempérer, a été confiée au commissariat de Chelles-Villeparisis.

La seconde, des chefs d'homicide et blessures involontaires, est menée par la délégation parisienne de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices".

La préfecture de police a souligné auprès de l'AFP que "conformément aux instructions" du préfet de police Laurent Nuñez, "les policiers ont avisé la salle de commandement du refus d'obtempérer commis par le véhicule" et qu'ils ont engagé ensuite sa "prise en charge".

Les agents de la BAC ont fait usage de leurs "avertisseurs sonores et lumineux" pour obtenir l'arrêt du conducteur du scooter, en vain, selon le parquet.

D'après les premiers éléments des investigations, établis grâce à l'exploitation de la vidéosurveillance, "il semblerait qu'il n'y ait eu aucun contact entre le scooter et le véhicule de la BAC", indique le communiqué du procureur.

C'est "un secteur où il y a de nombreuses caméras de vidéoprotection qui, j'espère, pourront permettre à l'enquête de déterminer toutes les circonstances", a dit sur BFMTV le maire de Chelles, Brice Rabaste (LR).

"C'est important (...) pour les familles, comme pour la police d'ailleurs", a-t-il fait valoir.

«Vigilance particulière»

Dans la nuit de vendredi à samedi, les parents des deux adolescents, inquiets, s'étaient présentés au commissariat de Chelles, selon une source policière.

Une "sécurisation a été mise en place avec des effectifs départementaux" de forces de l'ordre à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), commune de résidence des deux jeunes, et dans les environs, mais la situation est restée "calme" depuis l'accident, d'après une autre source policière.

Les autorités n'ont pas prévu de dispositif spécifiquement renforcé pour la nuit de samedi à dimanche à Neuilly-sur-Marne, mais une "vigilance particulière" sera assurée sur ce secteur, a indiqué une deuxième source policière.

Plusieurs jeunes sont morts ces derniers mois en France après des courses-poursuites avec la police. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, un jeune homme de 23 ans est mort dans un accident de scooter alors qu'il était poursuivi par des policiers municipaux à Saint-Priest (Rhône).

Deux mois plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 août, à Limoges, deux jeunes circulant à scooter étaient morts après avoir percuté un véhicule en tentant d'échapper à un contrôle de police.

Ces deux décès à Limoges intervenaient un peu plus d'un mois après la mort, fin juin, de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Sa mort avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines de très forte intensité dans le pays.