Paris et Berlin reprennent en main le projet de char du futur

Le ministre allemand des Armées Boris Pistorius (à gauche) et le ministre français des Armées Sébastien Lecornu réagissent lors d'une visite conjointe des ministres français et allemand des Armées sur la base aérienne d'Évreux, le 21 septembre 2023. (Photo Lou Benoist / AFP)
Le ministre allemand des Armées Boris Pistorius (à gauche) et le ministre français des Armées Sébastien Lecornu réagissent lors d'une visite conjointe des ministres français et allemand des Armées sur la base aérienne d'Évreux, le 21 septembre 2023. (Photo Lou Benoist / AFP)
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Publié le Vendredi 22 septembre 2023

Paris et Berlin reprennent en main le projet de char du futur

  • Le MGCS (acronyme anglais de Système de combat terrestre principal) vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 allemands
  • Plus qu'un char traditionnel, le MGCS est un «système de systèmes»: un char proprement dit accompagné d'autres véhicules, habités ou non

ÉVREUX, France : Paris et Berlin ont donné jeudi une nouvelle impulsion au projet de char du futur (MGCS) franco-allemand, enlisé dans les rivalités entre industriels, en s'accordant sur la définition des besoins attendus par les deux armées du futur système.

Sous l'oeil des deux ministres de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, les chefs d'état-major de l'armée de Terre de chaque pays ont paraphé le HLCORD, un document fixant leurs «exigences opérationnelles communes» auxquelles devra répondre le futur système, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Cette étape va permettre le travail, jusqu'à fin décembre» de définition des différents piliers de blocs technologiques à développer et la responsabilité de chaque Etat, a expliqué Boris Pistorius.

«Après il faudra entamer les négociations avec les industriels» KNDS -regroupant le français Nexter et l'allemand KMW- et l'allemand Rheinmetall avant «l'année prochaine l'étape décisive de la signature du contrat j'espère», a-t-il détaillé.

La cérémonie s'est déroulée sur la base aérienne d'Evreux, qui accueille un escadron de transport tactique franco-allemand intégrant pilotes, mécaniciens et avions C130J des deux pays.

Signe d'une reprise en main du programme entamée depuis une rencontre entre les deux hommes, le ministre français a rappelé que «ce sont les deux Etats qui sont porteurs du projet sur le plan politique et diplomatique mais ce sont aussi les deux Etats qui seront les clients, les acheteurs».

La signature de ce HLCORD intervient cinq ans après l'approbation en avril 2018 de son équivalent pour le Système de combat aérien futur (Scaf).

Les projets Scaf et MGCS avaient tous deux été lancés en même temps, en juillet 2017, et le Bundestag allemand demande que les deux programmes progressent au même rythme.

-intelligence artificielle-

«Le rythme a été ralenti mais maintenant on accélère, on appuie sur le champignon parce que c'est nécessaire», a déclaré Boris Pistorius.

Outre les rivalités industrielles, que les deux hommes se sont gardés d'évoquer, Sébastien Lecornu a attribué le retard pris par le programme MGCS par l'attention longtemps portée sur le Scaf, «qui a mobilisé beaucoup les deux équipes», le besoin de s'assurer des crédits pour le financer (500 millions d'euros prévus côté français d'ici 2030) et le temps nécessaire pour «tirer les conséquences du combat terrestre en Ukraine».

Pour les prochains mois, «nous avons donné mandat à nos équipes d'en faire une priorité absolue», selon lui.

Le MGCS (acronyme anglais de Système de combat terrestre principal) vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 allemands.

Mené sous direction allemande, le projet prévoit une répartition de la charge de travail à 50/50 entre industriels français et allemands.

Plus qu'un char traditionnel, le MGCS est un «système de systèmes»: un char proprement dit accompagné d'autres véhicules, habités ou non.

Il comportera d'importantes «ruptures» technologiques, a expliqué Sébastien Lecornu, évoquant le recours à l'intelligence artificielle, à des drones pour protéger le char ou l'incorporation d'armes à effet dirigé ou électromagnétiques ou de systèmes de guerre électronique.

Les deux hommes se sont par ailleurs dits ouverts à l'incorporation dans le programme de pays intéressés, comme l'Italie ou les Pays-Bas, sans doute avec un statut d'observateurs dans un premier temps.

Mais pas avant que les piliers technologiques soient définis et répartis. «On ne peut inviter d'autres pays qu'après avoir défini ce qu'on souhaite avoir», a plaidé Boris Pistorius.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com