L'orgue, un métier en mal de facteurs

Des apprentis travaillent sur la maquette d'un orgue dans l'atelier du Centre de formation aux métiers de l'orgue (CFFO) à Eschau, dans l'est de la France, le 5 septembre 2023. (AFP)
Des apprentis travaillent sur la maquette d'un orgue dans l'atelier du Centre de formation aux métiers de l'orgue (CFFO) à Eschau, dans l'est de la France, le 5 septembre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 24 septembre 2023

L'orgue, un métier en mal de facteurs

  • L'Alsace est une terre d'orgues, avec à elle seule 1 250 instruments sur les quelque 8 000 répertoriés dans l'Hexagone
  • Avec son importante communauté protestante, la région compte nombre de villages possédant une église catholique et un temple protestant, soit mathématiquement deux fois plus d'orgues

ESCHAU, FRANCE: Un métier assuré, une technique séculaire et des missions dans le monde entier: les facteurs d'orgue sont des experts recherchés, mais en Alsace, la seule école de France qui les forme peine à attirer les vocations.

"Quand je dis que je suis facteur d'orgue, les gens se demandent si je travaille à La Poste", rigole Thibaut Metz, qui se forme en alternance au Centre de formation de la facture d'orgue à Eschau, près de Strasbourg dans l'est de la France.

Comme ce garçon de 24 ans, une quinzaine d'étudiants y préparent un diplôme professionnel pour apprendre à fabriquer ou à réparer des orgues. Déjà diplômé après trois années d'études, Thibaut vient de se relancer pour deux ans de formation en tuyauterie et s'entraîne à couler le métal en fusion dans l'atelier où l'on enseigne aussi l'ébénisterie et la mécanique.

Ebéniste de formation et saxophoniste par plaisir, Salomé Bonneau, 28 ans, est la seule fille de sa promotion. "Ca combine le bois et la musique: c'est le métier parfait pour moi".

L'Alsace est une terre d'orgues, avec à elle seule 1 250 instruments sur les quelque 8 000 répertoriés dans l'Hexagone. Avec son importante communauté protestante, la région compte nombre de villages possédant une église catholique et un temple protestant, soit mathématiquement deux fois plus d'orgues.

Depuis 1985, l'Alsace dispose aussi de la seule école nationale de formation de facteurs d'orgue, pour répondre aux besoins de main d'oeuvre de la centaine d'entreprises du secteur en France. En Europe, seules l'Allemagne et la Suisse possèdent des formations similaires.

Culte et culture

"Le métier de facteur d'orgue existe depuis le IIIe siècle avant JC", rappelle Michaël Walther, responsable du pôle facture d'orgue au centre de formation. Mais il souffre de méconnaissance: "Les jeunes ne connaissent pas le métier. Beaucoup d'adultes me disent: +C'est un métier que j'aurais aimé faire+, mais c'est trop tard".

Les effectifs ont fondu depuis les débuts de l'école, fondée en 1985, notamment en raison de la perte de la pratique religieuse: "L'orgue, c'est l'église et l'église c'est religieux: les gens n'y vont plus. On a bien quelques salles de concert avec des orgues, mais pas assez pour que ce soit un instrument culturel et pas cultuel", note M. Walther.

En attendant, faute de main d'oeuvre, les entreprises de facture d'orgue peinent à répondre à la demande de leurs clients.

"On pourrait engager trois personnes de plus mais on ne trouve pas", se plaint Guido Schumacher, patron de la manufacture du même nom à Eupen (Belgique), qui craint que nombre d'ateliers ferment à l'avenir faute de repreneur.

Sans école en Belgique, M. Schumacher envoie ses apprentis francophones se former à Eschau.

Carrière internationale

Jouxtant l'école, l'entreprise Muhleisen est l'un des plus grands facteurs d'orgue de l'Hexagone.

L'usine comprend une tour de 14 mètres de haut, dans laquelle peut entrer un orgue entier. "On monte l'orgue en atelier et puis on le démonte, et on le remonte pièce par pièce à sa destination finale", explique David Bleuset, employé de la société depuis 35 ans.

Bois, étain, cuir... l'entreprise fabrique elle-même les pièces utilisées dans ces instruments, à l'exception de la soufflerie. Elle dessine avec un logiciel les orgues neufs qu'elle conçoit mais est surtout accaparée par la restauration d'orgues anciens, comme ceux des cathédrales françaises d'Amiens et de Chartres, ce dernier en partenariat avec deux concurrents.

"Les entreprises françaises ont trop de travail. On ne peut pas répondre seul à un appel d'offres", explique M. Bleuset.

Les employés sont souvent amenés à effectuer de longues missions en France ou ailleurs lorsqu'il s'agit de restaurer un instrument ou d'en installer un neuf.

"On est par monts et par vaux. A chaque fois, le défi c'est de s'adapter à l'instrument, car chaque orgue est unique", relève M. Walther.

Témoin des possibilités de carrière internationale: Didier Grassin, actuel président de l'ISO. Il a travaillé au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis, où il dirige l'entreprise Noack Organ, dans le Massachusetts.

"On ne va pas chercher nos pièces en Chine ou sous-traiter au Guatemala: le gars qui travaille, il voit son produit fini", relève-t-il.

Malgré le manque de main d'oeuvre, les salaires du secteur restent faibles.

Mais pour M. Bleuset, c'est la passion qui compte. "Si on a des idées de salaire élevé, il ne faut pas faire ce métier. C'est assez magique ce qu'on fait".


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
Short Url
  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Short Url
  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Short Url
  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.