Les Etats-Unis premiers fournisseurs de gaz de la France en 2022, la Russie à 15%

Cette photo montre l'unité de regazéification du terminal GNL (Gaz Naturel Liquéfié) de Cavaou à Fos-sur-Mer, le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
Cette photo montre l'unité de regazéification du terminal GNL (Gaz Naturel Liquéfié) de Cavaou à Fos-sur-Mer, le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 29 septembre 2023

Les Etats-Unis premiers fournisseurs de gaz de la France en 2022, la Russie à 15%

  • Dans le contexte de très forte hausse des prix et de tensions sur l'approvisionnement liées à l'invasion russe, les Etats-Unis se sont aussi imposés comme la première source d'importation de pétrole brut pour la France
  • "La France importe désormais la quasi-totalité des énergies fossiles qu'elle consomme"

PARIS: Les Etats-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz de la France en 2022, année du début de la guerre en Ukraine, devant la Norvège et la Russie où la France s'est fournie à hauteur de 15%, selon le "Chiffres clés de l'énergie 2023" publié jeudi.

Dans le contexte de très forte hausse des prix et de tensions sur l'approvisionnement liées à l'invasion russe, les Etats-Unis se sont aussi imposés comme la première source d'importation de pétrole brut pour la France, alors qu'ils étaient au 9e rang en 2018, la Russie reculant du 6e au 10e rang, précise le document publié annuellement par le ministère de la Transition énergétique.

Cette synthèse compile les grands chiffres permettant de comprendre le secteur et les dépendances de la France. Elle rappelle que "la France importe désormais la quasi-totalité des énergies fossiles qu'elle consomme".

Les quantités de pétrole brut importées des Etats-Unis ont augmenté de 37% à 6,2 mégatonnes équivalent pétrole en 2022, devant le Kazakhstan (5,7 Mtep), le Nigeria (4,2), l'Algérie (3,7) tandis que les achats directs à la Russie ont diminué de 30% à 2,2 Mtep, indique le document.

L'approvisionnement en gaz a, lui, été "profondément modifié par les répercussions de la guerre en Ukraine", détaille un graphique ventilant, pays par pays, les 640 TWh PCS de gaz importés par la France en 2022.

Si les importations françaises de gaz naturel ont "nettement" augmenté en 2022, c'est "en raison de la forte croissance des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), dont une partie est destinée à d'autres pays après regazéification", observe le document.

En 2022, les États-Unis deviennent ainsi "le premier fournisseur de la France (25% des entrées brutes), devant la Norvège (22% du total des entrées brutes), la Russie (15%), l'Algérie (8%), le Qatar (4%), les Pays-Bas (3%) et le Nigeria (2%)".

L'année 2022 a été marquée par une "diversification des approvisionnements" avec des achats auprès d'autres pays qui se sont "fortement" développés, parallèlement à des achats sur les marchés (17%) où l'origine du gaz ne peut pas être retracée.

Pour Moez Ajmi, responsable énergie chez EY, interrogé récemment par l'AFP, la question est de savoir ce que feront les Etats-Unis après les élections de 2024, car l'approvisionnement massif de l'Europe "a créé une hausse des prix du gaz aux Etats-Unis" et "si par exemple demain, Donald Trump est réélu, ça m'étonnerait qu'il continue", dit-il.

"Aujourd'hui, la moitié à peu près de l'approvisionnement en GNL (en Europe), c'est un GNL américain, du gaz de schiste", observe-t-il.

Au total, la facture énergétique 2022 de la France a presque triplé (multipliée par 2,6, et même par 3,4 pour le seul gaz) et elle a "atteint un niveau record".

Une addition salée liée à l'envolée des cours du pétrole et du gaz, mais aussi d'un déficit de production d'électricité nucléaire inédit.

La facture énergétique a pesé "à hauteur de 116,3 milliards d'euros dans le déficit commercial de la France", souligne le document qui précise : "la facture gazière s'alourdit nettement passant de de 13,9 milliards d'euros en 2021 à 46,7 milliards d'euros en 2022" tandis que "la facture pétrolière et en biocarburants augmente de 79% en 2022".

Dès lors, l'indépendance énergétique de la France est retombée à 50%, malgré une tendance de la consommation d'énergie à "légèrement décroître depuis plusieurs années, hors crise sanitaire".

En France, ce sont les transports qui ont la plus grosse consommation finale d'énergie (34%), devant le secteur résidentiel (28%), l'industrie (18%), le secteur tertiaire (17%) et l'agriculture (3%).


Attaque à la grenade en France: une «technique de guerre inédite», selon le ministre de l'Intérieur

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  • C'est "inadmissible", "inacceptable" et "nous retrouverons celui qui a fait ça", a déclaré M. Retailleau devant la presse
  • Auparavant, on avait "déjà des armes de guerres", a-t-il rappelé

GRENOBLE: L'attaque à la grenade qui a fait 15 blessés mercredi soir dans un bar de Grenoble, ville des Alpes françaises, relève d'une "technique de guerre" qui est "inédite" en France, a souligné vendredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

C'est "inadmissible", "inacceptable" et "nous retrouverons celui qui a fait ça", a déclaré M. Retailleau devant la presse, lors d'une visite sur les lieux de l'attaque, dans un café associatif du quartier populaire du Village olympique, dans le sud de Grenoble.

Auparavant, on avait "déjà des armes de guerres", a-t-il rappelé. "Vous savez que la kalachnikov est une des armes privilégiées par les narcoracailles, mais là, on est passé au stade supérieur puisque c'est une grenade", a indiqué M. Retailleau.

La police recherche toujours activement l'auteur de l'attaque, qui s'est introduit ce jour-là cagoulé et également armé d'un fusil d'assaut vers 20H15 dans le bar associatif l'Aksehir, où se trouvaient de nombreux clients.

Il y a dégoupillé une grenade à fragmentation (qui projette des éclats métalliques) sans dire un mot, puis a pris la fuite, tandis que l'établissement a été soufflé de l'intérieur par la déflagration.

"Là on est sur une opération criminelle inédite, puisqu'on a utilisé une technique de guerre, une grenade très spécifique", une arme "plutôt faite d'ailleurs pour blesser que pour tuer", a affirmé Bruno Retailleau.

Cette arme a fait quinze blessés, dont six grièvement. Ils avaient été hospitalisés dans des services de réanimation, mais plus aucun pronostic vital n'est engagé vendredi, a souligné le ministre.

La piste terroriste a été écartée, a-t-il confirmé, "on est sur un contexte plus large de trafic et de crime organisé".

L'enquête, ouverte notamment pour "tentative de meurtre en bande organisée", est d'ailleurs menée par la Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée (JIRS) de Lyon.

Au total, 20 enquêteurs sont mobilisés sur cette affaire, a précisé le ministre, en confirmant que le bar visé avait fait l'objet d'une enquête administrative liée à des soupçons de "trafics divers". "Il était sous le coup d'une procédure de fermeture", a indiqué Bruno Retailleau.

Le fils du propriétaire a été interpellé au lendemain de l'attaque pour trafic de cigarettes, a de son côté déclaré le parquet de Grenoble.

Grenoble connaît régulièrement des épisodes de violences liés au trafic de drogues, les autorités ayant même évoqué l'été dernier une "guerre des gangs".

 


Déclaration de la conférence de Paris sur la Syrie: aide humanitaire accrue, reconstruction et levée des sanctions

Le président français Emmanuel Macron lors de la conférence internationale sur la Syrie à Paris, France, le 13 février 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors de la conférence internationale sur la Syrie à Paris, France, le 13 février 2025. (Reuters)
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  • La déclaration conjointe de la conférence de Paris sur la Syrie, tenue le 13 février 2025, a rassemblé des ministres de divers pays et organisations internationales
  • Elle fait suite à des rencontres précédentes sur la situation en Syrie et vise à soutenir le gouvernement syrien de transition dans son processus de réformes

PARIS: La déclaration conjointe de la conférence de Paris sur la Syrie, tenue le 13 février 2025, a rassemblé des ministres de divers pays et organisations internationales. Elle fait suite à des rencontres précédentes sur la situation en Syrie et vise à soutenir le gouvernement syrien de transition dans son processus de réformes, en répondant aux aspirations du peuple syrien à la liberté et à la dignité.

Les points principaux soulignent l'importance d'une transition politique post-Assad, incluant la mise en œuvre des résolutions de l'ONU, le renforcement du respect des droits humains, et la lutte contre le terrorisme. Les participants se sont engagés à soutenir une gouvernance légitime, à prévenir le retour des groupes extrémistes, et à promouvoir le dialogue national inclusif tout en respectant les droits de tous les Syriens.

La déclaration appelle à une aide humanitaire accrue, à la reconstruction du pays, et à la levée des sanctions économiques nuisibles au peuple syrien. Elle met l'accent sur la coopération avec les Nations Unies pour améliorer l'assistance humanitaire et lutter contre l'impunité. Enfin, elle prône une coexistence pacifique avec les pays voisins et souligne l'importance de la préservation du patrimoine culturel syrien.

Les participants affirment leur intention de faciliter un retour sûr et durable des réfugiés et de garantir le respect de l'intégrité territoriale de la Syrie, tout en déployant des efforts pour garantir la justice et la transparence dans le processus de transition.


La conférence de Paris: réengagement affirmé en faveur de la transition syrienne

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, lors de la Conférence internationale sur la Syrie au Centre de conférences ministériel, à Paris, le 13 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, lors de la Conférence internationale sur la Syrie au Centre de conférences ministériel, à Paris, le 13 février 2025. (AFP)
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  • La France se veut un partenaire-clé du redressement du pays, tout en exigeant des garanties précises sur la gouvernance, la sécurité et la reconstruction
  • En renouant le dialogue avec les nouvelles autorités syriennes, la France entend jouer un rôle central dans l’immense tâche de reconstruction après des années de guerre et de répression

PARIS: La troisième réunion internationale sur la Syrie, tenue à Paris, a marqué une étape importante dans la refonte des relations entre la France et la Syrie post-Assad.

Dans son discours de clôture, le président Emmanuel Macron a réaffirmé la position française, une politique de main tendue envers les autorités de transition syriennes, mais sans blanc-seing.

La France se veut un partenaire-clé du redressement du pays, tout en exigeant des garanties précises sur la gouvernance, la sécurité et la reconstruction.

En renouant le dialogue avec les nouvelles autorités syriennes, la France entend jouer un rôle central dans l’immense tâche de reconstruction après des années de guerre et de répression.

Macron a ainsi rappelé le lourd héritage laissé par le régime de Bachar Al-Assad: des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés, un pays ravagé par les ingérences étrangères et le terrorisme. 

Le président français a salué le courage du peuple syrien, qui s’est libéré en décembre dernier d’une oppression de plusieurs décennies, et a insisté sur l’importance d’un soutien international clair pour garantir une transition réussie.

Toutefois, l’aide française à la transition syrienne ne sera pas inconditionnelle, « la France exige notamment un respect des droits de toutes les composantes de la société syrienne », qu’elles soient chrétiennes, alaouites, druzes ou kurdes.

Elle insiste sur « la fin des ingérences étrangères, notamment iraniennes, russes et du Hezbollah et réclame un engagement clair contre le terrorisme », en particulier contre Daech et ses ramifications, ainsi que sur « la mise en place d’une gouvernance transparente et inclusive, afin d’assurer un retour durable des réfugiés et la stabilisation du pays ».

Depuis 2011, la France a mobilisé plus de 455 millions d’euros d’aide humanitaire en faveur des Syriens, dont 50 millions d’euros par an depuis 2018. Cette aide s’étend aux réfugiés syriens installés dans les pays voisins, notamment au Liban, en Jordanie, en Irak et en Turquie, à travers des programmes éducatifs, des bourses universitaires et un soutien aux médias indépendants.

Avec la reprise imminente de l’activité diplomatique française à Damas, une délégation de l’Agence Française de Développement (AFD) et d’autres organismes humanitaires se rendra prochainement en Syrie pour établir les priorités de reconstruction. 

Cependant, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité « d’un cadre clair pour l’utilisation de cette aide, afin de garantir une répartition équitable et une transparence totale des fonds investis ».

Il a par ailleurs martelé que « la stabilité de la Syrie passe avant tout par la sécurisation de son territoire », plaidant pour un cessez-le-feu généralisé, y compris dans le nord et le nord-est du pays. 

Il a également réaffirmé le soutien de la France aux Forces Démocratiques Syriennes (FDS), qui ont été des alliées essentielles dans la lutte contre Daech, selon lui, « leur intégration dans la transition syrienne garantirait une sécurité accrue et éviterait un retour des groupes terroristes ».

La coopération franco-syrienne a-t-il affirmé « pourrait également s’étendre à la protection du Liban contre l’influence du Hezbollah, qui a utilisé la Syrie comme base arrière pendant des années ».

Macron a souligné l’importance de renforcer la surveillance des frontières et de lutter contre les trafics illégaux, y compris celui des armes chimiques et des stupéfiants.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait ouvert la conférence en rappelant qu’une transition réussie doit être inclusive et garantir la diversité de la société syrienne. Il a salué l’annonce d’un dialogue national par les nouvelles autorités syriennes, tout en appelant à un processus transparent sous l’égide des Nations Unies.

La question de la justice transitionnelle et de la lutte contre l’impunité a également occupé une place centrale dans les discussions. 

Pour tourner la page du régime d’Assad, il est crucial d’identifier les victimes, de préserver leur mémoire et de garantir un accès à la justice. Des représentants de la société civile syrienne ont présenté leurs propositions en ce sens, et la France a réaffirmé son engagement à soutenir ces initiatives.

La réunion de Paris a permis d’établir un nouveau cadre de coordination de l’aide internationale, en tenant compte des réalités du terrain. Les Nations-Unies, les partenaires européens et les pays voisins de la Syrie devront travailler ensemble pour garantir une reconstruction durable et le retour des réfugiés.

En conclusion, Emmanuel Macron a rappelé que la France n’entend pas donner de leçons, mais qu’elle accompagnera la Syrie sur le chemin de la reconstruction. 

Il a souligné que ce soutien est non seulement une question de solidarité, mais aussi un impératif de sécurité pour la région et pour l’Europe. 

Il a enfin annoncé la venue prochaine en France du président intérimaire syrien Ahmed Al-Charaa, pour poursuivre les discussions et renforcer ce partenariat naissant, pour lui l’objectif  est clair, « aider la Syrie et les Syriens à se reconstruire, dans la paix et la souveraineté retrouvée ».

La conférence s’est tenue dans un format Akaba élargi, avec la participation de la ligue arabe, du conseil de coopération du Golfe, ainsi que de la Turquie, des Etats-Unis, de l’Union Européenne et des Nations Unies, la Syrie elle était représentée par son ministre des affaires étrangères Assaad  Al-Chaibani.