François Bayrou, l'épreuve judiciaire

Short Url
Publié le Vendredi 29 septembre 2023

François Bayrou, l'épreuve judiciaire

François Bayrou, fondateur du Mouvement démocrate (MoDem), aux Journées parlementaires du MoDem, parti centriste français, à La Roche-Posay, dans le centre de la France, le 11 septembre 2023. (Photo Pascal Lachenaud AFP)
  • En mars 2017, une dénonciation du Front national enclenchait une enquête sur le MoDem, soupçonné d'avoir utilisé des fonds européens pour embaucher des assistants parlementaires qui auraient en réalité travaillé pour le parti
  • Six ans plus tard, François Bayrou et dix autres proches seront jugés du 16 octobre au 22 novembre à Paris

GUIDEL, France : Le MoDem, qui organise sa traditionnelle rentrée ce week-end à Guidel (Morbihan), entend bien voir «le centre survivre au macronisme». Il lui faudra auparavant franchir l'obstacle du procès des assistants parlementaires, une épreuve politique et personnelle pour François Bayrou.

Début 2024, le MoDem tiendra son congrès. Le parti, né en 2007 des cendres de l'UDF, célébrera le «centenaire» de sa «famille politique»: la démocratie chrétienne. Créé en 1924, le Parti démocrate populaire fut longtemps dirigé par un certain Auguste Champetier de Ribes, président du Conseil en 1946-1947. Mais aussi député puis sénateur des Basses-Pyrénées, rebaptisées Pyrénées-Atlantiques, la terre d'élection de François Bayrou.

«Les centristes, de Mirabeau à Bayrou», titrait en 2011 l'historien Jean-Pierre Rioux. Pas donné à tout le monde. «C'est l'un des derniers dinosaures», s'amuse un député MoDem. «Il n'est pas sain qu'un seul parti détienne tous les pouvoirs en France», clamait déjà en 1988 ce député lettré de 37 ans, bientôt ministre de l’Éducation (1993-1997) et futur artisan d'un centre indépendant.

Après trois tentatives à la présidentielle, François Bayrou, en 2017, a enfin trouvé la clé de la tripartition: l'alliance avec Emmanuel Macron. Exit les deux grands partis PS et LR, propriétaires alternants du pouvoir sous la Ve République. Et le MoDem, habitué à survivre avec deux à trois députés, de se retrouver au gouvernement et en nombre à l'Assemblée, pilier de cette nouvelle majorité.

Mais pour le maire de Pau, nommé Garde des Sceaux, le retour au premier plan n'a duré que trente-cinq jours.

-«Hanté par le procès»-

En mars 2017, une dénonciation d'une élue du Front national enclenchait une enquête sur le MoDem, soupçonné d'avoir utilisé des fonds européens pour embaucher des assistants parlementaires qui auraient en réalité travaillé, au moins partiellement, pour le parti. En juin 2017, à peine nommés et soupçonnés, les trois ministres MoDem quittaient le gouvernement.

Six ans plus tard, François Bayrou et dix autres proches seront jugés du 16 octobre au 22 novembre à Paris. «La plupart des accusations» ont déjà été «réduites à néant» et «nous pourrons enfin, au procès, apporter les mêmes justifications sur les quatre ou cinq contrats à temps partiels, datant d'il y a quinze ans, qui demeurent attaqués», réagissait le centriste.

«Mais entre-temps, la calomnie et les rumeurs auront fait des dégâts irréparables», ajoutait M. Bayrou, dans une claire allusion à la mort de Marielle de Sarnez, première de cordée de l'aventure politique du Béarnais, emportée par une leucémie en 2021.

François Bayrou «est hanté par le procès». «Il a vu de grands juristes. Il consulte des avocats. Il veut répondre aux juges», explique un député MoDem. Nombre de cadres espèrent éviter une condamnation et une peine d'inéligibilité.

Au plan politique, le MoDem entend bien continuer son rôle de poil à gratter de la majorité, notamment sur la fiscalité. Et le parti centriste continue de réclamer la proportionnelle à l'Assemblée, espérée depuis 2017.

-2027 au centre-

François Bayrou a été un soutien constant du président. Mais en privé, le Haut Commissaire au Plan, fonction qu'il occupe depuis septembre 2020, est moins indulgent pour son entourage, à commencer par l'inamovible secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Il ne fut guère enthousiaste à la nomination d'Édouard Philippe à Matignon. Et n'est pas tendre avec Élisabeth Borne et son gouvernement dont il ne cesse de pointer le défaut de pédagogie autour de la réforme des retraites.

Emmanuel Macron n'étant pas rééligible, la suite de l'histoire reste à écrire pour le MoDem. Renaissance, le parti présidentiel, n'a guère imprimé. Édouard Philippe se prépare pour 2027 mais son «dépassement» politique à lui penche nettement plus à droite.

«L'élection présidentielle ne s'adresse pas aux électeurs de droite, elle s'adresse à tous les Français. Et le socle de la majorité, c'est le centre. En 2027, c'est ce courant politique qui gagnera. Je le crois et je ferai tout pour cela», a récemment averti M. Bayrou.

La rentrée de Guidel puis le Congrès permettront «de se projeter sur cette possibilité d'un centre qui doit survivre au macronisme», expose le vice-président du MoDem, Patrick Mignola.

«François Bayrou se mettra dans les conditions d'y aller. D'autant plus qu'il a été chagrin de ne pas peser du tout en 2022», anticipe un parlementaire.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Short Url
  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.