République, laïcité, école: Hidalgo déroule, sous le regard attentif du PS

La maire de Paris, Anne Hidalgo, prononce un discours lors de l'inauguration de l'extension de la ligne 14 du métro, à Saint-Ouen, le 14 décembre 2020. (Alain JOCARD / AFP)
La maire de Paris, Anne Hidalgo, prononce un discours lors de l'inauguration de l'extension de la ligne 14 du métro, à Saint-Ouen, le 14 décembre 2020. (Alain JOCARD / AFP)
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Publié le Dimanche 20 décembre 2020

République, laïcité, école: Hidalgo déroule, sous le regard attentif du PS

  • Anne Hidalgo, réélue maire de Paris en juin, détaille sa vision sur des thèmes chers à la gauche avant 2022, sous le regard attentif du Parti socialiste
  • Bien qu'elle ait longtemps répété, en public comme en privé, qu'elle n'avait pas l'intention de briguer l'Elysée, Anne Hidalgo pose désormais les thèmes d'un débat à gauche et observe, avec sa garde rapprochée, les réactions. 

PARIS: Marteler son attachement à la laïcité, insister sur «la promesse républicaine», avant d'aborder prochainement l'école: Anne Hidalgo, réélue maire de Paris en juin, détaille sa vision sur des thèmes chers à la gauche avant 2022, sous le regard attentif du Parti socialiste.

«Il y a une très belle histoire à raconter sur elle (...) autour de son courage», s'enthousiasme auprès de l'AFP un proche de la maire socialiste, rappelant qu'il y a encore deux ans, «elle était acculée, avant de remonter».

Bien qu'elle ait longtemps répété, en public comme en privé, qu'elle n'avait pas l'intention de briguer l'Elysée, Anne Hidalgo pose désormais les thèmes d'un débat à gauche et observe, avec sa garde rapprochée, les réactions. 

«Pour l'instant, elle en est à prendre toute sa part à l'échéance 2022, sans faire acte de démarche particulière», insiste son adjoint à l'Education, Patrick Bloche.

Après avoir attaqué les écologistes, partenaires de sa majorité à Paris, sur leur supposé «problème de rapport à la République» et à la laïcité, l'édile compte donner prochainement sa vision de l'école.

Dans la tradition socialiste, «le projet éducatif est toujours au coeur du projet politique», rappelle Patrick Bloche. 

La maire de Paris doit ainsi mettre le cursus sur «les méthodes nouvelles qui permettent aux enfants d'apprendre différemment», et plaider pour qu'on sorte de «cette idée qu'il faut absolument terminer le programme en oubliant la notion de cycle, plus souple».

Le Directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, en est convaincu : «ce qui peut faire la différence entre les candidats de gauche en 2022, c'est la question républicaine, laïque».

Et quand l'édile parisienne rappelle son engagement républicain, elle ne parle pas seulement aux socialistes, mais aussi au centre, analyse M. Dabi. «Dans une optique de rassemblement, il faut arrimer à une candidature alternative à Emmanuel Macron les centristes, les macronistes de gauche qui ont voté Hollande» avant de soutenir LREM, en 2017.

Une stratégie qui semble payer dans les enquêtes: 48% des personnes sondées déclarent avoir une «bonne opinion» d'Anne Hidalgo, selon un récent sondage Ifop pour Paris Match.

Déjeuner avec Hollande  

«Parmi les prétendants à gauche, ou qui pourraient penser être candidat, elle est la première», relève Frédéric Dabi. Mais gare aux conclusions hâtives, «la popularité ne fait pas le vote sinon on aurait eu Jack Lang, Bernard Kouchner ou Simone Veil» comme présidents, souligne l'expert.

En attendant, l'édile parisienne soigne ses pairs au PS. «Elle a vu tous les gens qui comptent à gauche», souffle un proche de la maire de Paris. Elle a ainsi déjeuné à l'Hôtel de Ville avec François Hollande, revu Laurent Fabius, s'est rabibochée avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

L'inflexion stratégique de ce dernier n'est d'ailleurs pas passé inaperçue: après avoir évoqué cet été sa volonté de travailler avec les écologistes, M. Faure a lancé dès novembre des chantiers de fond au PS, espérant ainsi accompagner une candidature socialiste.

«Anne Hidalgo jouit d'une très bonne image, j'en suis fier», affirme le sénateur Rachid Temal à l'AFP. «A Paris, elle montre qu'elle est en capacité d'élargir au-delà du seul PS, et c'est important parce qu'aucune présidentielle ne se gagne qu'avec son camp». Mais «il ne faut pas mélanger vitesse et précipitation. Il faut laisser à Anne Hidalgo et aux autres leur calendrier».

De fait, le parti est pour l'instant très loin de se mettre au service d'une préparation de candidature d'Anne Hidalgo. Les cadres se félicitent de sa carrure politique, de sa teinture écolo, inaccessibles à d'autres ténors du parti.

Mais le PS compte encore plusieurs figures historiques. Le maire d'Alfortville Luc Carvounas salue ainsi le retour médiatique de Ségolène Royal, «une voix forte et indépendante qui incarne aussi une forme de bon sens populaire».

François Hollande, Bernard Cazeneuve, Arnaud Montebourg sont autant d'autres personnalités qui se sont suffisamment maintenus dans le jeu politique pour être considérés au sein du PS.

«Il y a encore beaucoup de talents à gauche», estime Olivier Faure.


Aya Nakamura aux JO? Pas "quand on a été condamné pour violences", tacle Bardella

Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
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  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny
  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny

PARIS : "Quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France", a estimé mercredi le patron du RN Jordan Bardella pour contester le projet de faire chanter Aya Nakamura lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.

La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny. Mme Nakamura n'a pas interjeté appel.

Le nom de la chanteuse revient avec insistance pour participer à la cérémonie d'ouverture des JO, notamment pour interpréter une chanson d'Edith Piaf, au grand dam de l'extrême droite et de l'ultra droite, qui fustigent cette idée.

"Ce n'est pas un beau symbole, honnêtement, c'est une provocation supplémentaire d'Emmanuel Macron qui doit tous les matins se lever en disant +Tiens, comment est-ce que je vais réussir à humilier le peuple français?+", avait notamment déclaré Marine Le Pen la semaine dernière sur France Inter.

Jordan Bardella, tête de liste aux européennes, a pour sa part considéré mercredi sur France 5 que, "quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France dans un événement sportif qui nécessite l'unité, l'apaisement et le rassemblement", en précisant qu'il s'agissait de sa "conviction personnelle".

"Je pense qu'on aurait peut-être pu, au regard de la vie des Français, choisir un artiste plus consensuel", a ajouté le président du Rassemblement national, en faisant valoir un sondage Odoxa réalisé il y a quinze jours dans lequel seules 35% des personnes interrogées considéraient que la participation de la chanteuse aux JO était une "bonne idée" (une "mauvaise idée" pour 63%), bien que 64% des sondés reconnaissaient qu'il s'agissait d'une artiste "populaire".

Chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, la star franco malienne née à Bamako il y a 28 ans qui avait grandi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a connu un premier succès planétaire avec son tube "Djadja" en 2018.

Aya Nakamura qui a sorti l'an passé son quatrième disque, "DNK", joue depuis dans la cour des très grands: elle a livré fin 2022 un show interactif dans "Fortnite", blockbuster du jeu vidéo friand de ce genre de collaborations, un type de passerelles réservé aux mégastars mondiales comme le rappeur américain Travis Scott ou la vedette brésilienne du foot Neymar.


JO-2024: les restaurateurs parisiens défendent leurs terrasses estivales

Les Français ont repris le chemin des cafés et préparé les visites tant attendues dans les cinémas et les musées, alors que le pays a assoupli ses restrictions pour revenir à la semi-normalité après plus de six mois de restrictions imposées par la loi Covid-19 à Paris, le 19 mai 2021 (AFP)
Les Français ont repris le chemin des cafés et préparé les visites tant attendues dans les cinémas et les musées, alors que le pays a assoupli ses restrictions pour revenir à la semi-normalité après plus de six mois de restrictions imposées par la loi Covid-19 à Paris, le 19 mai 2021 (AFP)
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  • 86% des Parisiens interrogés se déclarent attachés aux terrasses et 92% considèrent qu'elles constituent "un atout important pour le rayonnement de Paris".
  • la semaine dernière, trois associations de riverains ont dénoncé un "mépris de la santé des riverains", claquant la porte du Conseil de la nuit, une instance de concertation qui accompagne la mairie dans sa régulation du secteur.

PARIS : Le syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration en Ile-de-France a défendu mercredi l'attachement des Parisiens aux terrasses, alors que des associations de riverains s'élèvent contre l'extension des horaires d'ouverture des terrasses estivales pendant les JO.

Selon un sondage de l'Ifop commandé par le GHR-Paris Ile-de-France, 86% des Parisiens interrogés se déclarent attachés aux terrasses et 92% considèrent qu'elles constituent "un atout important pour le rayonnement de Paris".

"Pour les Parisiens, la terrasse est bien un élément du patrimoine touristique", a commenté Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, qui présentait les résultats de ce sondage mené début mars auprès d’un échantillon représentatif de 1.001 personnes majeures habitant à Paris.

"On en a eu assez de subir les foudres des associations de riverains sans avoir de données chiffrées, donc nous avons commandé ce sondage pour objectiver le débat", a expliqué Pascal Mousset, président du GHR Paris/IDF.

Les terrasses estivales de la capitale ont été réglementées en 2021 après la crise sanitaire du Covid-19, pendant laquelle les bars parisiens pouvaient étendre leur terrasse sur les trottoirs ou places de stationnement sur simple déclaration afin de compenser les pertes liées au confinement.

Elles ouvriront du 1er avril à fin octobre avec une autorisation jusqu'à 22h, étendue à minuit par la mairie de Paris à l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques, pour une période courant du 1er juillet au 8 septembre.

Si les professionnels du GHR se sont montrés satisfaits de cette extension des horaires d'ouverture, la semaine dernière, trois associations de riverains ont dénoncé un "mépris de la santé des riverains", claquant la porte du Conseil de la nuit, une instance de concertation qui accompagne la mairie dans sa régulation du secteur.

"Paris doit continuer à lutter contre son image de ville-musée en même temps qu’elle fait face à quelques associations de riverains vocales mais peu nombreuses, sur les nuisances nocturnes", rétorque le GHR francilien.

"Aujourd'hui les terrasses estivales font partie du paysage, il y a eu très peu de verbalisation", assure M. Mousset, indiquant avoir identifié "quelques rues problématiques".

Si l'extension à minuit se passe bien cet été, le GHR souhaiterait qu'elle soit pérennisée, jugeant que la fermeture à 22 heures est compliquée, particulièrement pour les restaurateurs.

Sur les 15.000 débits de boisson de la capitale, seuls 3.000 bénéficient d'une autorisation pour une terrasse estivale, selon la mairie.

Les terrasses historiques, qui préexistaient au covid, peuvent rester ouvertes jusqu'à 2 heures du matin.


Le patronat satisfait des engagements sur les impôts, prudent sur l'assurance-chômage

Le président du Mouvement patronal des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin (Photo, AFP).
Le président du Mouvement patronal des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin (Photo, AFP).
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  • La CPME, deuxième organisation patronale, a également jugé positive la volonté de ne pas augmenter les impôts
  • «Lorsque la France compte plus de trois millions de demandeurs d’emploi indemnisés et que, dans le même temps, les chefs d’entreprise ont le plus grand mal à recruter, il est indispensable d’agir pour favoriser le retour à l’emploi»

PARIS: Le patronat s'est montré satisfait jeudi de l'engagement du Premier ministre Gabriel Attal de ne pas augmenter les impôts sur les entreprises, tout en soulignant que c'est aux partenaires sociaux d'élaborer les contours d'une future réforme de l'assurance-chômage.

Le président du Medef a "bien entendu" la "ligne rouge" de M. Attal, mercredi soir sur TF1, de ne pas augmenter les impôts sur les entreprises, "parmi les plus taxées au monde et qui créent les emplois", a souligné Patrick Martin dans un communiqué.

"C’est aussi notre ligne rouge et nous serons vigilants à ce qu’elle ne soit pas franchie", a-t-il insisté.

M. Martin, à la tête de la première organisation représentative du patronat, a souligné que "les partenaires sociaux s'empareront, le moment venu, d'un projet de nouvelle réforme de l'assurance-chômage", ainsi que l'a souhaité le Premier ministre.

"Cette réforme est envisageable", a-t-il concédé, sans réagir directement aux mesures que semble souhaiter M. Attal, "mais l’objectif de plein emploi que nous partageons" sera d'abord atteint "si l’activité économique retrouve un niveau satisfaisant".

La CPME, deuxième organisation patronale, a également jugé "positive" la volonté de ne pas augmenter les impôts, et espéré que serait tenu l'engagement de supprimer complètement l'impôt de production CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, NDLR) d'ici la fin du quinquennat.

3 millions de demandeurs d’emploi indemnisés

"Lorsque la France compte plus de trois millions de demandeurs d’emploi indemnisés et que, dans le même temps, les chefs d’entreprise ont le plus grand mal à recruter, il est indispensable d’agir pour favoriser le retour à l’emploi", poursuit la CPME.

Mais elle souligne également que c'est aux partenaires sociaux de "prendre les mesures qui s’imposent". Même si, a concédé sur Sud Radio son président François Asselin, "quand bien même nous arrivons à signer un accord, l'Etat reprendra la main pour mettre en place les curseurs qu'il a en tête".

La CPME est "favorable à ce que l’on revienne sur la durée minimale d’affiliation pour bénéficier de l’indemnisation" - actuellement six mois de travail au cours des deux dernières années - mais "ne souhaite pas diminuer le montant" de celle-ci.

M. Asselin s'est en revanche dit favorable à l'abaissement envisagé, de 18 à douze mois, de la durée d'indemnisation, car après une perte d'emploi, "il faut raccrocher le plus rapidement possible au marché du travail", selon lui.

M. Asselin a critiqué l'idée de M. Attal d'instaurer la semaine de travail en quatre jours. "Je veux rester le garant de l'organisation de mon entreprise", a-t-il dit.

La CPME déplore que M. Attal n'ait pas évoqué la dette publique ou "la réforme de l'action publique" et des effectifs de fonctionnaires, mercredi. "Ne se préoccuper que des seules dépenses des régimes sociaux ne suffira pas" à rétablir les finances publiques, estime-t-elle.

Marc Sanchez enfin, secrétaire général du SDI (Syndicat des indépendants et des TPE), qui représente 25.000 très petites entreprises, a estimé aussi que ces petits patrons étaient "soulagés" par la confirmation qu'il n'y aurait pas de hausse d'impôts.

"Pour autant, combler les déficits par le plein emploi relève de la méthode Coué déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois", a-t-il relevé dans un communiqué.

Selon lui, les TPE "sont loin d’être en capacité de recruter en masse dans un contexte économique dégradé sans changement drastique du poids des charges qui pèsent sur les salaires".

Pour le SDI, il faut une "remise à plat d’un système structurellement défaillant", solution "qui nécessite du courage politique", selon lui.