En Californie, l'angoisse d'une enclave pétrolière face à la transition énergétique

Le 21 septembre 2023, Fred Holmes, pétrolier de troisième génération, passe devant une machine à pomper en fonctionnement dans son champ pétrolifère de Taft, dans le comté de Kern, en Californie. (Photo Frederic J. Brown AFP)
Le 21 septembre 2023, Fred Holmes, pétrolier de troisième génération, passe devant une machine à pomper en fonctionnement dans son champ pétrolifère de Taft, dans le comté de Kern, en Californie. (Photo Frederic J. Brown AFP)
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Publié le Dimanche 01 octobre 2023

En Californie, l'angoisse d'une enclave pétrolière face à la transition énergétique

  • Neutralité carbone en 2045, fin des forages à la même date, réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% dès 2030... Le programme politique du «Golden State», pionnier de la lutte environnementale aux Etats-Unis, est déjà bien rempli
  • Avec son musée de l'or noir surplombé par une tour de forage en bois, Taft porte en étendard la tradition du comté de Kern, d'où provient 70% du pétrole produit en Californie

TAFT, Etats-Unis : Sous son chapeau de paille, Fred Holmes regarde avec nostalgie le balancement mécanique des pompes de son exploitation, chargées d'extraire le pétrole du sous-sol de Taft. Sans les objectifs climatiques ambitieux de la Californie, les forages «pourraient continuer encore 100 ans», rêve ce producteur.

Mais face aux visées écologiques des autorités, le septuagénaire en est plutôt à évaluer le temps qu'il lui reste avant de fermer boutique: «12 à 14 ans», au train où vont les choses. A cause des réglementations toujours plus restrictives pour accorder des permis de forage, «notre ville a quasiment fermé, c'est presque une ville fantôme».

Neutralité carbone en 2045, fin des forages à la même date, réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% dès 2030... Le programme politique du «Golden State», pionnier de la lutte environnementale aux Etats-Unis, est déjà bien rempli.

Alors quand le gouverneur Gavin Newsom a annoncé mi-septembre que l'Etat engageait des poursuites contre cinq des plus grosses compagnies pétrolières du monde, les habitants de Taft ont pris ça comme un coup de publicité supplémentaire.

A deux heures de route au nord de Los Angeles, Taft est entourée de milliers de puits de pétrole en plein désert. Avec son musée de l'or noir surplombé par une tour de forage en bois, la petite ville porte en étendard la tradition du comté de Kern, d'où provient 70% du pétrole produit en Californie.

- «Sauvez les puits» -

Ici, peu importe que la justice détermine si les géants du secteur ont volontairement dissimulé la nocivité des énergies fossiles pour la planète, on veut préserver l'emploi avant tout. «Sauvez les puits», implore un écriteau affiché dans le bar de la rue principale.

«Le changement climatique ne m'inquiète pas, nous ferons avec», confie à l'AFP Mickey Stoner, une retraitée de 75 ans, vent debout contre le programme du «gouverneur Nuisance». Mais «sans pétrole, cette ville va mourir», redoute l'ex-serveuse.

«Le pétrole est l'âme de cette ville et du comté de Kern», abonde le maire de Taft, David Noerr.

Les recettes fiscales générées par l'industrie «financent les écoles, les forces de l'ordre, les programmes pour les anciens combattants ou les jeunes sportifs», énumère l'édile républicain.

A l'instar du Nouveau-Mexique, qui assure la gratuité de ses universités grâce à la rente pétrolière, ou du Wyoming, premier producteur américain de charbon, la région symbolise les défis posés par la transition énergétique aux Etats-Unis.

Réduire la production de pétrole de 90% en Californie d'ici 2045 ferait perdre jusqu'à perdre 27 millions de dollars de taxe foncière par an au comté de Kern et supprimerait des milliers d'emplois, selon une récente étude de l'Université de Californie à Santa Barbara.

- Reconversion difficile -

«Si nous ne créons pas des programmes pour que les travailleurs puissent se reconvertir (...) la transition sera très difficile», explique Ranjit Deshmukh, l'un des chercheurs de l'étude.

La Californie vient d'instaurer une telle mesure. Et dans le comté de Kern, les bouleversements sont déjà là. La région est le premier producteur d'électricité renouvelable de l'Etat: autour de Taft, certains puits de pétrole sont bordés de panneaux photovoltaïques.

Mais le solaire et l'éolien bénéficient d'une exemption de taxe foncière, dommageables aux finances locales. Et ces installations nécessitent bien moins de maintenance que les champs pétroliers.

«Ces emplois verts apportent des bénéfices économiques aux habitants de manière intermittente, comme l'énergie qu'ils produisent», soupire le maire.

A contre-courant du gouverneur, le comté se bat en justice pour autoriser des milliers de nouveaux forages car la demande de pétrole reste élevée et le «Golden State» importe 59% de son or noir de l'étranger.

«Si nous devons utiliser du pétrole, utilisons d'abord le nôtre», peste le producteur Fred Holmes.

Un vœu qui n'est toutefois pas partagé par tous.

«Le climat, c'est important», lâche Bianca Hiler.

Dans le restaurant où elle travaille, la serveuse assiste depuis les années 80 à la lente décrépitude de Taft. A 57 ans, cette jeune grand-mère aimerait que la région, minée par la pollution des secteurs agricoles et pétroliers, propose un futur plus désirable.

«La qualité de l'air est horrible tout le temps», raconte-t-elle. «Mon petit-fils a de l'asthme, il ne peut même pas respirer.»


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.