Dans le sud d'Israël, les habitants de Sdérot évacués

Une Israélienne âgée monte à bord d'un bus alors qu'elle est évacuée de la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, vers des zones plus sûres de l'État d'Israël, le 15 octobre 2023 (Photo de JACK GUEZ / AFP).
Une Israélienne âgée monte à bord d'un bus alors qu'elle est évacuée de la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, vers des zones plus sûres de l'État d'Israël, le 15 octobre 2023 (Photo de JACK GUEZ / AFP).
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Publié le Dimanche 15 octobre 2023

Dans le sud d'Israël, les habitants de Sdérot évacués

  • La ville de Sdérot, 30 000 habitants, est la cible depuis des années des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, territoire palestinien contrôlé par les islamistes du Hamas et sous blocus israélien depuis 2007
  • La mairie de Sdérot a indiqué que l'évacuation n'était pas obligatoire mais fortement recommandée face à l'imminence d'une offensive terrestre dans la bande de Gaza annoncée par l'armée israélienne

SDEROT: Trois autobus d'une cinquantaine de personnes chacun, rassemblés devant une école du centre de Sdérot, sont prêts à partir. Les habitants de la ville israélienne, durement touchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre, ont été vivement invités, dimanche, à évacuer.

Ils prennent la route sous les alertes incessantes de tirs de roquettes depuis la bande de Gaza adjacente. Destination: les hôtels d'Eilat, au bord de la mer Rouge, dans l'extrême sud du pays, de Jérusalem et de Tel-Aviv.

Mordechai Barsheshet, 57 ans, dit s'être résigné à être évacué vers Eilat après avoir tenté de "résister" pendant une semaine.

"Rester, ça faisait peur. Les jours et les nuits se ressemblent, des qassam (roquettes), des explosions", dit-il à l'AFP. "On dort une heure, on se cache dans l'abri (anti-roquettes), on ne peut pas se doucher, se raser".

La ville de Sdérot, 30 000 habitants, est la cible depuis des années des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, territoire palestinien contrôlé par les islamistes du Hamas et sous blocus israélien depuis 2007. Le 7 octobre, comme d'autres localités israéliennes limitrophes de Gaza, elle a été le théâtre d'infiltrations par des hommes armés du Hamas qui y ont tué des dizaines de civils dans les rues, les abris d'autobus, et jusqu'à l'intérieur des maisons.

Des Israéliens ont également été pris en otage et leurs familles sont sans nouvelles.

Dimanche matin, dans les rues désertes, seuls quelques policiers sont visibles. Des restes de nourriture sont éparpillés dans la cuisine dévastée d'une maison qui vient d'être éventrée par une roquette, a constaté une équipe de l'AFP.

Les familles des otages israéliens dans la défiance et l'autogestion

La colère des familles des otages israéliens monte après le rapt de dizaines de personnes par le Hamas palestinien et l'absence de toute information sur leur sort ou de canal officiel de négociation.

Après une semaine de flou, le gouvernement a recensé 120 otages, civils et soldats, israéliens ou étrangers. Ils pourraient au total être 150, adultes, enfants et nourrissons emmenés dans le territoire palestinien sans savoir s'ils sont vivants ou morts.

Avec parfois une preuve de vie sous forme de vidéo, d'un bornage téléphonique, ces familles en appellent à "toute personne, organisation, pays" pouvant les aider à faire libérer leurs proches.

"Ce sont des civils innocents. Ils ont des droits. La pression doit être mise sur la Turquie, l'Egypte pour que la Croix-Rouge puisse leur rendre visite", a plaidé samedi lors d'une conférence de presse Yfrat Zailer, la tante de Kfir (9 mois) et Ariel (4 ans) Bibes, kidnappés samedi avec leur mère Shiri.

"Nous devons les ramener en vie à la maison. Ils ont été kidnappés en vie, ils doivent le rester", a-t-elle martelé en pleurs devant les caméras.

Au moins cinq Israéliens et quatre étrangers otages du Hamas à Gaza ont été tués par des frappes israéliennes au cours des dernières 24 heures, et 22 depuis samedi dernier, a affirmé samedi la branche militaire du Hamas, sans que cela ne soit confirmé par une autre source.

L'armée, lors d'une incursion, a localisé des "cadavres" de certains d'entre eux, a-t-elle annoncé samedi.

Pour le moment, Israël n'a évoqué aucun canal de négociation, mais a désigné "un référent" pour les familles, Gal Hirsch, un général déchu embourbé dans une affaire de corruption, dont la nomination a été décriée.

"Nous ne négocions pas avec un ennemi que nous avons promis d'éradiquer de la surface de la terre", a déclaré samedi le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien, Tzachi Hanegbi.

«Des pleurs, la peur»

La mairie de Sdérot a indiqué que l'évacuation n'était pas obligatoire mais fortement recommandée face à l'imminence d'une offensive terrestre dans la bande de Gaza annoncée par l'armée israélienne, qui a juré d'"anéantir" le mouvement islamiste.

Sdérot est la première ville à être évacuée lors d'une opération financée par le gouvernement, huit jours après l'attaque. Selon les médias israéliens, plus de la moitié des habitants ont déjà quitté la ville dans les jours qui ont suivi le 7 octobre.

"Nous allons à Eilat, nous reviendrons le plus tôt possible, Sdérot c'est chez nous. C'est dur, c'est des pleurs, la peur à chaque alerte, il faut partir, c'est mieux pour les enfants", dit Helen Afteker, 50 ans, avant de monter à bord d'un des autobus.

Shmirit Edri a accouché il y a trois jours à l'hôpital d'Ashkelon, à une trentaine de kilomètres de Sdérot, où elle laisse sa fille née prématurée en soins intensifs avec son mari.

"J'amène les trois autres enfants dans le sud en sécurité. Je reviens à l'hôpital, et on va alterner", explique-t-elle.

Au moins 1 300 Israéliens, pour la plupart des civils, ont été tués depuis l'attaque lancée par le Hamas, qui a traumatisé Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001.

L'Etat israélien a en outre recensé 126 otages, après avoir estimé qu'il y en avait 150, que le Hamas a menacé d'exécuter.

Le mouvement islamiste palestinien a fait état de 22 otages tués dans des frappes israéliennes.

Plus de 2 300 personnes, dont plus de 700 enfants, selon les autorités locales, ont été tuées dans les frappes israéliennes de représailles sur la bande de Gaza, un petit territoire pauvre de 2,4 millions d'habitants et en état de siège coincé entre Israël et l'Egypte.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com