En Turquie, la ville choisie par Mustafa Kemal pour porter son nom

Des gens jouent au jeu traditionnel "Okey" dans un café à côté d'un drapeau national turc et d'un portrait du fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal Ataturk à Kemaliye, dans l'est de la Turquie, le 4 octobre 2023. (AFP)
Des gens jouent au jeu traditionnel "Okey" dans un café à côté d'un drapeau national turc et d'un portrait du fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal Ataturk à Kemaliye, dans l'est de la Turquie, le 4 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

En Turquie, la ville choisie par Mustafa Kemal pour porter son nom

  • C'est pour récompenser la fidélité de cette grosse bourgade d'Anatolie orientale, nichée dans les montagnes aux sources de l'Euphrate, à 1 200 km à l'Est d'Istanbul, que Mustafa Kemal Atatürk - le père des Turcs - lui a donné son nom
  • Depuis 1919, le général Mustafa Kemal, héros des Dardanelles face aux Alliés, affronte les Occidentaux qui occupent l'Empire démembré pour fonder la nation indépendante à laquelle il aspire

KEMALIYE: Dressée dans le contrejour au pied de la falaise qui surplombe Kemaliye, dans l'Est de la Turquie, la statue dorée d'Atatürk, le père de la nation, renvoie au glorieux passé de la petite ville.

C'est pour récompenser la fidélité de cette grosse bourgade d'Anatolie orientale, nichée dans les montagnes aux sources de l'Euphrate, à 1 200 km à l'Est d'Istanbul, que Mustafa Kemal Atatürk - le père des Turcs - lui a donné son nom.

"Tout le pays aurait voulu porter son nom, mais il n'aurait jamais accepté !", assure Haci Omer Yalçinkayalar, hôtelier retraité de 73 ans, admiratif du fondateur de la République turque, née sur les décombres de l'Empire ottoman et qui fêtera ses cent ans le 29 octobre.

Depuis 1919, le général Mustafa Kemal, héros des Dardanelles face aux Alliés, affronte les Occidentaux qui occupent l'Empire démembré pour fonder la nation indépendante à laquelle il aspire.

Ses forces se trouvent en sérieuse difficulté aux portes d'Ankara, en 1921, lorsqu'il reçoit un télégramme des notables d'Egin, une ville commerçante, pour moitié arménienne, au carrefour de l'Anatolie et du Caucase, qui annonce: "Cher Pacha, nous avons 500 cavaliers prêts à partir sur votre ordre", raconte Haci Omer.

Située sur les routes des caravanes qui filent vers Bagdad, l'Iran et la Géorgie, la localité est prospère. En témoignent les maisons de pierre et de bois, bâties à flanc de montagne, le long de pentes abruptes, qui ont justifié en 2021 sa demande de classement au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le district compte alors pas loin de 20 000 habitants, dont près de 6 000 à Kemaliye même, contre 1 500 résidents à l'année désormais.

"Finalement, ils n'auront pas eu besoin de le faire", enchaîne M. Yalçinkayalar. Mais Mustafa Kemal n'a pas oublié leur geste et, un an plus tard, il écrit au conseil municipal d'Egin pour lui offrir son nom.

"Cela nous honore: avec la République, nous avons accédé à la civilisation. Elle nous a été donnée comme un cadeau", sourit l'hôtelier qui voue sa retraite à l'histoire de sa ville.

«un amour très spécial»

Au pied de la statue, une plaque rappelle que "Pour remercier le district du soutien qu'il a apporté à la lutte nationale, son nom est changé d'Egin en Kemaliye".

Depuis, le 29 octobre - date de la proclamation de la République en 1923 - fait l'objet de grandes célébrations à Kemaliye, avec ses festivités - concerts, tournois de foot, conférences, banquets...

Dans la famille de Güzide Tufekçi, l'histoire est transmise avec passion: cette ancienne professeure de littérature de 60 ans, kémaliste enthousiaste, rappelle ce que les femmes doivent à Mustafa Kemal et à la république.

"C'est ce qui a permis l'éclosion de femmes turques éclairées, d'intellectuelles. D'avoir accès à l'éducation, à un métier. Nous sommes fiers de lui".

Face à la petite gare qui dessert Kemaliye depuis 1938, plantée au cœur de cette nature escarpée, le modeste café est un véritable musée: Erdal Erdurk, 59 ans, y a accroché le portrait d'Atatürk sur tous les murs - en couleurs, en noir et blanc, en uniforme de soldat, en smoking ou coiffé de sa toque d'Astrakhan - et suspendu un immense drapeau rouge à son effigie au-dessus de l'entrée.

Après avoir astiqué énergiquement l'un des cadres, qu'il embrasse avant de le raccrocher, il évoque "l'amour très spécial de la région pour Atatürk".

"Il est notre protecteur. Il a fondé notre pays, notre république: tous ces portraits que vous voyez ici, rien que d'en parler, ça m'émeut", confie-t-il, l'œil humide.

Pourtant, Kemaliye s'abstient d'afficher son histoire: ses rues sont à peine parées et seules de rares vitrines arborent le portrait du grand homme.

Celle de Sevket Gültekin, 62 ans, chauffeur de taxi et volontiers chanteur, qui détient la clef du petit musée, est la plus décorée.

Les touristes qui se rendent dans la région viennent surtout admirer le profond "Dark canyon", l'un des cinq plus profonds au monde selon l'Unesco, creusé par un affluent de l'Euphrate et propice au kayak. C'est donc le plus souvent en arrivant à Kemaliye qu'ils en découvrent le passé.

"Quand notre guide nous l'a appris, ça nous a fait plaisir", assure Haluk Mutluay, 58 ans, venu de la ville côtière de Mersin, au sud. "Atatürk compte beaucoup pour nous, c'est notre père".


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.

 


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.