Le monde de l'édition bousculé par l'intelligence artificielle

L'auteur américano-britannique Salman Rushdie prononce un discours alors qu'il reçoit le Prix de la paix de la Fédération allemande du livre à l'église Saint-Paul (Paulskirche) à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 octobre 2023. (AFP)
L'auteur américano-britannique Salman Rushdie prononce un discours alors qu'il reçoit le Prix de la paix de la Fédération allemande du livre à l'église Saint-Paul (Paulskirche) à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Le monde de l'édition bousculé par l'intelligence artificielle

  • Bousculé par la révolution technologique au cœur de logiciels d'intelligence artificielle comme ChatGPT, le secteur du livre est, comme bien d'autres branches professionnelles, en ébullition
  • L'intelligence artificielle concerne déjà la traduction, se développe dans l'édition scientifique, et juridique mais reste marginale dans la création littéraire

FRANCFORT: Une intelligence artificielle qui écrirait comme Salman Rushdie ? La star des lettres se dit sceptique. Mais le monde de l'édition réuni au Salon de Francfort ne cache pas son inquiétude à l'idée d'être inondé de contenus générés par ordinateur.

Bousculé par la révolution technologique au cœur de logiciels d'intelligence artificielle comme ChatGPT, le secteur du livre est, comme bien d'autres branches professionnelles, en ébullition.

Les acteurs de cette industrie éprouvent "un profond sentiment d'insécurité", assure Juergen Boos, directeur de la Foire du livre de Francfort, la plus grande du monde, qui s'est achevée dimanche. Le sujet était au cœur des débats toute la semaine.

Ils se demandent "ce qu'il advient de la propriété intellectuelle des auteurs, à qui appartiennent réellement les nouveaux contenus, comment les intégrer dans les chaînes de valeur ?", détaille-t-il.

L'intelligence artificielle concerne déjà la traduction, se développe dans l'édition scientifique, et juridique mais reste marginale dans la création littéraire.

Car pour écrire des romans, l'IA manque encore d'inspiration, a expliqué l'auteur britannique Salman Rushdie qui en fait l'expérience après avoir lu un court texte généré "dans son style" par un logiciel.

"Ce qui en est sorti était à jeter", a-t-il confié sous les rires de l'assistance lors d'une conférence de presse.

"Quiconque a déjà lu trois cents mots de ma main reconnaîtrait immédiatement qu'il est impossible que ce soit de moi", a-t-il ajouté, assurant ne "pas être si inquiet que ça pour l'instant".

Aide à l'écriture

Les performance de l'IA en matière de fiction "ne sont pas encore très bonnes", a abondé Jennifer Becker, auteure et universitaire allemande, lors d'une table ronde.

"Je ne vois pas encore le moment où nous confierons le travail d'écriture à l'IA de manière totalement autonome", estime-t-elle.

En revanche, "le potentiel est grand pour l'utiliser en collaboration", comme une assistance à l'écriture, selon elle.

Pour les romans à l'eau de rose, qui reposent sur des modèles narratifs stéréotypés et sont destinés à une production de masse, l'IA offre des opportunités, voire "un certain soulagement", plaisante le directeur de la Foire Juergen Boos, pour ceux qui n'auront plus à s'occuper de ce genre de contenu.

Tout dépend finalement du type de publication, souligne Susanne Barwick, conseillère juridique adjointe de l'Association allemande des éditeurs et des libraires.

"Le secteur des livres scientifiques et spécialisés est déjà plus avancé et s'est déjà davantage penché sur la question", observe-t-elle.

Mais dès lors que les intelligences artificielles génératives se servent de milliards de textes à des fins d'entraînement de leurs algorithmes et de création de contenus, des batailles juridiques s'annoncent.

Argent en jeu 

L'une des principales "zones d'ombre" est de savoir qui détient les droits d'auteur sur le contenu généré par l'IA, explique Juergen Boos. "Là c'est une vrai pagaille et un thème très important. Il y a aussi beaucoup d'argent en jeu".

Sur la plateforme KDP d'Amazon, dédiée à l'autoédition, les livres entièrement générés par une IA pullulent, observent les spécialistes, certains s'inscrivant même parmi les bestsellers.

KDP demande désormais aux auteurs de déclarer sur le site si leurs ouvrages sont générés par une IA (images, textes ou traductions).

En septembre, plusieurs écrivains, dont George R.R. Martin, l'auteur de la saga "Game of Thrones" ou le roi du thriller John Grisham, ont saisi justice américaine contre la start-up californienne OpenAI, qu'ils accusent d'avoir utilisé leurs œuvres pour créer ChatGPT au mépris de leurs droits d'auteur.

Dans une lettre ouverte signée par de nombreux écrivains comme Margaret Atwood ou Dan Brown, le syndicat américain des auteurs (Authors Guild) a alerté cet été les géants de la tech : "des millions de livres, d'articles, d'essais et de poèmes protégés par le droit d'auteur constituent la +nourriture+ des systèmes d'IA, des repas sans fin pour lesquels il n'y a pas de facture".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.