Ballon d'Or: Grand huit pour Messi, grande première pour Bonmati

«C'est un cadeau à toute l'équipe d'Argentine pour ce que nous avons accompli», a déclaré Messi sur scène après avoir reçu son prix des mains de David Beckham (Photo, AP).
«C'est un cadeau à toute l'équipe d'Argentine pour ce que nous avons accompli», a déclaré Messi sur scène après avoir reçu son prix des mains de David Beckham (Photo, AP).
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Publié le Mardi 31 octobre 2023

Ballon d'Or: Grand huit pour Messi, grande première pour Bonmati

  • Lionel Messi a pris pour la huitième fois la lumière lors de la cérémonie du Ballon d'Or, lundi au théâtre du Châtelet à Paris
  • Il a dédié son trophée à la légende argentine Diego Maradona, qui aurait fêté son 63e anniversaire lundi

PARIS: Au crépuscule d'une carrière prodigieuse, Lionel Messi a pris pour la huitième fois la lumière lors de la cérémonie du Ballon d'Or, lundi au théâtre du Châtelet à Paris, où l'Espagnole Aitana Bonmati a fait son entrée au panthéon du football.

Et à la fin, c'est Messi qui gagne: sacré champion du monde pour la première fois fin 2022 au Qatar, auteur de sept buts au cours du tournoi, dont un doublé en finale, l'Argentin de 36 ans a devancé sur le podium le Norvégien Erling Haaland et le Français Kylian Mbappé.

Après 2009, 2010, 2011, 2012, 2015 et 2019 avec le Barça et 2021 déjà sous les couleurs du PSG, Messi ajoute une ligne de plus à un palmarès époustouflant qu'il a parachevé en 2021 et 2022 par une première Copa America et donc le Graal mondial.

"C'est un cadeau à toute l'équipe d'Argentine pour ce que nous avons accompli", a déclaré Messi sur scène après avoir reçu son prix des mains de David Beckham, le copropriétaire de l'Inter Miami, son nouveau club.

Il a dédié son trophée à la légende argentine Diego Maradona, qui aurait fêté son 63e anniversaire lundi: "Joyeux anniversaire Diego. C'est pour toi aussi".

Le Mondial a fait la différence

Ses jeunes dauphins de 23 et 24 ans avaient pourtant des arguments. Inscrivant 52 buts en 53 matches pour sa première année en Angleterre, Haaland a offert sa première Ligue des champions à Manchester City, mais aussi la Premier League et la Coupe d'Angleterre pour compléter un triplé étincelant.

Vice-champion du monde avec la France, Mbappé a lui fini meilleur buteur de la compétition (8), une unité devant Messi, dont un triplé de grande classe en finale. Champions de France avec le PSG, Mbappé comme Messi ont en revanche échoué en Ligue des champions.

Mais c'est bien la finale dantesque du Mondial, le 18 décembre au stade de Lusail, et son issue (3-3, 4-2 aux t.a.b.) qui a fait la différence pour la "Pulga", qui améliore son record avec désormais trois Ballon d'Or de plus que Cristiano Ronaldo (5).

L'issue de la finale et donc de ce Ballon d'Or aurait pu être différente sans Emiliano Martinez, auteur d'un arrêt décisif face au Français Randal Kolo Muani et élu meilleur gardien de la saison lundi (Trophée Yachine). Auteur d'une célébration clownesque après le titre mondial, il a été hué par une partie du théâtre.

Le palmarès complet

. Ballon d'Or masculin:

Lionel Messi (ARG/Paris SG, aujourd'hui à l'Inter Miami)

. Ballon d'Or féminin:

Aitana Bonmati (ESP/FC Barcelone)

. Trophée Kopa (meilleur jeune joueur âgé de moins de 21 ans au 31 décembre):

Jude Bellingham (ENG/Borussia Dortmund, aujourd'hui au Real Madrid)

. Trophée Yachine (meilleur gardien):

Emiliano Martínez (ARG/Aston Villa)

. Trophée Gerd-Müller (meilleur buteur):

Erling Haaland (NOR/Manchester City)

. Club masculin de l'année:

Manchester City (ENG)

. Club féminin de l'année:

FC Barcelone (ESP)

. Prix Socrates (qui vient récompenser l'engagement sociétal et caritatif)

Vinicius Junior (BRA/Real Madrid)

Bellingham, meilleur jeune

Depuis 2008 (premier trophée pour Ronaldo) et 2009 (premier pour Messi), les deux ogres du football mondial ont cannibalisé la récompense France Football: seuls Luka Modric en 2018 et Benzema l'an dernier ont ramassé les miettes.

L'avenir dira si cette énième récompense individuelle est la dernière pour celui qui joue désormais en MLS à Miami, dans un championnat bien moins relevé.

Toujours est-il que l'enfant de Rosario a toujours faim: Messi (178 sélections, 106 buts) compte participer à la Copa America-2024. Son chant du cygne. A moins qu'il ne pousse jusqu'au Mondial-2026...

Si le foot voit progressivement s'achever l'ère Messi-Ronaldo, la relève est assurée avec Haaland et Mbappé, les deux meilleurs buteurs de la saison avec respectivement 56 et 54 buts en club et en sélection.

Rendant hommage aux gloires du passé Pelé, Luis Suarez et Bobby Charlton, disparues ces derniers mois, la cérémonie a aussi profilé l'avenir à travers l'Anglais Jude Bellingham, 20 ans, élu meilleur jeune de l'année (Trophée Kopa) deux jours après son doublé avec le Real Madrid, son nouveau club, lors du Clasico à Barcelone (2-1).

Les dix derniers vainqueurs

. Ballon d'Or masculin:

2023: Lionel Messi (ARG)

2022: Karim Benzema (FRA)

2021: Lionel Messi (ARG)

2020: (*)

2019: Lionel Messi (ARG)

2018: Luka Modric (CRO)

2017: Cristiano Ronaldo (POR)

2016: Cristiano Ronaldo (POR)

2015: Lionel Messi (ARG)

2014: Cristiano Ronaldo (POR)

2013: Cristiano Ronaldo (POR)

. Ballon d'Or féminin:

2023: Aitana Bonmati (ESP)

2022: Alexia Putellas (ESP)

2021: Alexia Putellas (ESP)

2020: (*)

2019: Megan Rapinoe (USA)

2018: Ada Hegerberg (NOR)

Notes: le Ballon d'Or n'a pas été attribué en 2020, à cause de la pandémie de Covid-19.

Le Ballon d'Or féminin n'est attribué que depuis 2018.

Bonmati, l'évidence

Chez les femmes, l'Espagnole Aitana Bonmati a été couronnée pour la première fois, à 25 ans, succédant à la double lauréate et coéquipière en sélection et au Barça Alexia Putellas.

Une preuve supplémentaire de la domination actuelle de l'Espagne, victorieuse de la Coupe du monde 2023, et du club catalan, qui a remporté la Ligue des champions 2023 et 2021. La milieu de terrain a été élue meilleure joueuse des deux compétitions.

"Il est difficile de faire mieux. C'est une année unique", a-t-elle déclaré à plusieurs médias, dont l'AFP.

"Si quelqu'un m'avait dit quand j'étais petite que je jouerais au Camp Nou, que je gagnerais la Coupe du monde, deux Ligues des champions, un Ballon d'Or, un prix de l'UEFA, ce sont des choses extraordinaires", a-t-elle ajouté.

Adoubée par Pep Guardiola qui la surnomme "l'Iniesta du football féminin", la Catalane a aussi remporté les quatre derniers championnats d'Espagne. Celle qui a grandi en admirant le grand Barça et la grande Espagne du tournant des années 2010 a fait de son rêve une réalité.


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.