Après Ciaran, la tempête Domingos s'abat à son tour sur la France

Le président français Emmanuel Macron (C-R) serre la main des pompiers lors d'une visite dans une région touchée par la tempête Ciaran à Plougastel-Daoulas, dans l'ouest de la France, le 3 novembre 2023. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C-R) serre la main des pompiers lors d'une visite dans une région touchée par la tempête Ciaran à Plougastel-Daoulas, dans l'ouest de la France, le 3 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 05 novembre 2023

Après Ciaran, la tempête Domingos s'abat à son tour sur la France

  • Domingos pourrait toutefois faire de nouveaux dégâts dans des zones déjà éprouvées par les pluies intenses et les fortes rafales de Ciaran
  • Sur le continent, les sols gorgés d'eau par les passages successives des tempêtes Céline et Ciaran, et les arbres fragilisés par le vent et les intempéries font craindre de nouveaux dégâts, en dépit de la moindre intensité de Domingos

BORDEAUX: "Ça souffle": deux jours après Ciaran, une nouvelle tempête baptisée Domingos a fait irruption samedi sur la France, déjà éprouvée par les intempéries, avec 13 départements en alerte orange aux vents violents, aux inondations ou aux fortes vagues.

Un quatorzième département, les Alpes-Maritimes, devait basculer à son tour en vigilance orange dans la nuit, s'ajoutant à ceux déjà en alerte un peu partout dans le pays: du Pas-de-Calais à la Méditerranée et la Corse, en passant par la façade atlantique et la Nouvelle-Aquitaine.

Domingos, a priori "moins sévère" que sa devancière selon Météo-France, pourrait toutefois causer de nouveaux dégâts dans des zones déjà touchées par Ciaran, qui a fait en France au moins deux morts et 47 blessés. Et cette nouvelle dépression devrait compliquer les réparations du réseau électrique, toujours en cours avec plus de 150.000 foyers encore affectés samedi soir.

Après les vents records de Ciaran mercredi et jeudi, jusqu'à 207 km/h sur la pointe du Raz (Finistère), Météo-France a enregistré samedi en soirée des vents à 152 km/h à Lège-Cap-Ferret (Gironde), 144 km/h à Cognac (Charente), 138 km/h à Rochefort (Charente-Maritime) ou encore 136 km/h à Niort.

"Ça souffle", a confirmé à l'AFP Lionel Quillet, maire de Loix sur l'île de Ré (Charente-Maritime). Mais "avec un coefficient de marée de 40 (assez bas, NDLR), on ne devrait pas avoir le risque de submersion. On a un niveau de protection assez élevé, même si le risque zéro n'existe pas."

À La Rochelle (Charente-Maritime), une personne a été légèrement blessée par la chute d'un arbre, selon le maire Jean-François Fountaine, qui a dit à l'AFP mobiliser "une trentaine d'agents" jusqu'à 01H00 du matin "pour gérer les éventuels débordements du réseau pluvial et dégager arbres et branches".

Sur le port, les rafales rejetaient pluie et paquets de mer vers le littoral, a constaté une correspondante de l'AFP. Plusieurs arbres étaient couchés au sol, jonché de branchages cassés et de mobilier urbain renversé.

Conditions difficiles

La Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente-Maritime, la Charente et la Gironde ont été placées en vigilance orange vents. Une alerte pour vagues-submersion a été émise pour la Charente-Maritime et la Gironde, où les vagues pourraient atteindre huit à 10 mètres au large, mais aussi les Bouches-du-Rhône et le Var en Méditerranée.

Une vigilance orange crues englobe également la Corrèze, la Dordogne, la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, la Vienne, le Pas-de-Calais et la Corse. Les deux départements corses sont aussi en vigilance orange pluie-inondation et la Corse-du-Sud également en vigilance orange vagues-submersion à partir de dimanche, tout comme les Alpes-Maritimes.

Dans les zones déjà affectées par la tempête Ciaran, les sols gorgés d'eau et les arbres et infrastructures fragilisés par le vent ont alimenté les craintes de nouveaux dégâts, en dépit de la moindre menace de Domingos.

En Charente-Maritime et en Vendée, les autorités ont fait état samedi soir de chutes d'arbres sur les routes. Les pompiers vendéens ont effectué 54 interventions en lien avec la tempête entre 07H00 et 18H00.

Et ces conditions climatiques ralentissent les réparations du réseau électrique, selon Enedis, qui faisait état samedi à 18H30 de 176.000 clients encore privés d'électricité depuis jeudi, notamment en Bretagne et en Normandie, contre 260.000 à 08H00.

Bougies

"On s'éclaire essentiellement aux bougies, on n'a pas de chauffage donc on se couvre", a raconté à l'AFP Gwennaëlle Duhamel, 27 ans, une psychomotricienne résidant à Port-Launay (Finistère).

Les transports ont également été très perturbés en ce dernier weekend des vacances de Toussaint.

"Par sécurité", la circulation des trains régionaux a été suspendue autour de La Rochelle et au nord-ouest de Bordeaux, selon la SNCF.

La circulation des trams et bus a également été stoppée à Bordeaux jusqu'à 08H00 dimanche.

En Europe, la tempête a fait au moins 19 morts dont deux en Belgique, un à Madrid, un en Allemagne, un aux Pays-Bas, six en Italie, deux en Bulgarie et quatre dans un naufrage au Portugal.

S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines. Les phénomènes de vagues-submersion sur les côtes risquent ainsi de devenir plus dangereux avec la montée du niveau de la mer liée à la fonte des glaces.

cor-laf-jed/gf/gvy


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.