Mayotte au défi de la distribution d'eau en bouteille pour tous

Un soldat français aide les habitants à transporter des bouteilles d'eau minérale lors de la distribution d'eau aux plus vulnérables dans le quartier de Cavani à Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte dans l'océan Indien, le 2 novembre 2023. (Photo Marion Joly AFP)
Un soldat français aide les habitants à transporter des bouteilles d'eau minérale lors de la distribution d'eau aux plus vulnérables dans le quartier de Cavani à Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte dans l'océan Indien, le 2 novembre 2023. (Photo Marion Joly AFP)
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Publié le Samedi 11 novembre 2023

Mayotte au défi de la distribution d'eau en bouteille pour tous

  • A l'heure où le département affronte son pire épisode de sécheresse depuis 1997, de l'eau en bouteille est distribuée chaque jour à plusieurs dizaines de milliers de personnes considérées comme les plus vulnérables
  • Malgré l'absence de précision quant au processus d'identification des bénéficiaires, les autorités rappellent que «la nationalité n'est pas un critère d'éligibilité aux distributions, qui sont ouvertes à tous les publics vulnérables»

MAMOUDZOU, France : Actuellement réservée aux plus vulnérables, la distribution d'eau en bouteille à Mayotte devrait s'élargir à tous à partir du 20 novembre, un défi logistique pour répondre aux attentes d'une population privée d'eau courante cinq jours sur sept.

«C'est vraiment compliqué pour prendre de l'eau ici»: Julie (elle ne souhaite pas donner son nom) patiente depuis plus de trois heures devant le collège de Kwalé, en périphérie de Mamoudzou, chef-lieu de ce département français dans l'océan Indien.

«On est là, sous le soleil, avec des enfants et des femmes enceintes. C'est dur, mais nous n'avons pas le choix car il n'y a pas d'eau», souffle cette femme enceinte de deux mois, serrée dans la file.

Une dizaine de mètres plus loin, la police municipale peine à contenir l'impatience de la foule, répartie en quatre catégories: femmes enceintes, malades, personnes âgées et parents d'enfants en bas âge.

Quand la file d'attente s'achève, une autre se dévoile. Sous l'ombre d'un chapiteau cette fois. Chacun rassemble ses pièces administratives avant de les présenter aux agents municipaux.

A l'heure où le département affronte son pire épisode de sécheresse depuis 1997, de l'eau en bouteille est distribuée chaque jour à plusieurs dizaines de milliers de personnes considérées comme les plus vulnérables.

L'Etat a ainsi déjà livré «2,5 millions de litres d'eau» et la préfecture annonce «de nouveaux arrivages de l'Hexagone et de l'océan Indien qui permettront de passer à une distribution générale autour du 20 novembre».

Trois cents personnels des armées, des pompiers et de la sécurité civile sont en renfort à Mayotte pour assurer le transport et la distribution de l'eau», sans compter les agents des communes.

Autre défi à relever: l'amélioration de la communication autour des lieux et horaires des distributions. Si chaque commune informe ses administrés via ses propres moyens, la préfecture assure qu'«une communication générale» sera «bientôt diffusée».

- Enjeu du recyclage -

Les autorités mettent aussi en avant l'enjeu du recyclage, alors que des tonnes de plastique s'accumulent déjà dans les rues et mangroves du 101e département français, qui compte quelque 310.000 habitants selon l'Insee.

«Les bouteilles sont distribuées en échange d'une bouteille vide» et «sont compactées et déplacées sur un site spécialement conçu pour l'occasion», assure la préfecture, qui ajoute que ces déchets seront ensuite «recyclés dans l'Hexagone».

Sur un petit archipel particulièrement concerné par l'immigration clandestine en provenance des Comores voisines, rejoindre un point de distribution constitue, aux yeux de nombreux habitants, un risque de s'exposer à un contrôle de police. Même si la préfecture assure que les personnes concernées «ne sont pas soumises à des contrôles de la police aux frontières lors des distributions» d'eau.

«Un simple justificatif d'identité est demandé aux personnes identifiées comme bénéficiaires du dispositif (nom, prénom, date de naissance)», indiquent les services de l'État. Malgré l'absence de précision quant au processus d'identification des bénéficiaires, les autorités rappellent que «la nationalité n'est pas un critère d'éligibilité aux distributions, qui sont ouvertes à tous les publics vulnérables».

Le sujet préoccupe la Défenseure des droits. «S'il faut prouver sur la base de documents que l'on habite bien dans telle commune pour bénéficier d'une distribution, je n'ai pas de doute que cela va exclure les plus précaires. Qu'ils soient en situation irrégulière ou non, ces publics n'ont pas toujours les moyens de prouver un lieu de résidence», déclarait Claire Hédon à Mamoudzou fin octobre.

La responsable de l'autorité indépendante s'interrogeait également sur d'éventuels contrôles sur le chemin d'une distribution d'eau. «On alerte là-dessus», insistait-elle.


Macron attendu à Varsovie pour un renforcement du soutien à l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron (G) attend de saluer le président bissau-guinéen au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 9 décembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) attend de saluer le président bissau-guinéen au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 9 décembre 2024. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron se rend jeudi à Varsovie pour discuter d'un renforcement du soutien à l'Ukraine dans la perspective de négociations de paix
  • Le chef de l'Etat, qui s'est engagé à nommer un nouveau Premier ministre d'ici jeudi soir après la censure du gouvernement de Michel Barnier, ne devrait pas mettre fin au suspense avant son retour de Pologne en fin d'après-midi

PARIS: Le président français Emmanuel Macron se rend jeudi à Varsovie pour discuter d'un renforcement du soutien à l'Ukraine dans la perspective de négociations de paix, alors que la sortie de crise politique se fait toujours attendre en France.

Le chef de l'Etat, qui s'est engagé à nommer un nouveau Premier ministre d'ici jeudi soir après la censure du gouvernement de Michel Barnier, ne devrait pas mettre fin au suspense avant son retour de Pologne en fin d'après-midi.

Il est attendu à 12H00 (11H00 GMT) chez le Premier ministre Donald Tusk pour un entretien bilatéral suivi d'un déjeuner de travail, avant une rencontre avec le président Andrzej Duda.

Emmanuel Macron entend capitaliser sur sa rencontre samedi à l'Elysée avec le président américain élu Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour imposer la France et les Européens dans de futures négociations.

S'il a perdu la main sur la situation politique en France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin, il reste déterminé à peser sur la scène internationale, du Moyen-Orient à l'Europe.

Le chef de l'Etat va faire part des "résultats de ses discussions" avec MM. Trump et Zelensky, a indiqué le Premier ministre polonais, qui a qualifié cette rencontre de "brève mais importante".

- Garanties de sécurité -

Il va faire le point sur le "soutien européen" à l'Ukraine dans un "nouveau contexte transatlantique", renchérit l'Elysée.

La "position constante" de la France est qu'il "faut continuer à soutenir aussi intensément et longtemps l'Ukraine que nécessaire pour qu'elle aborde le moment venu des négociations en position de force", relève-t-on à Paris.

La situation en Ukraine sera au coeur du sommet européen du 19 décembre à Bruxelles. La Pologne, qui assumera la présidence tournante du Conseil de l'UE au premier semestre 2025, est en première ligne dans le soutien à ce pays depuis le début de l'offensive russe en février 2022.

Donald Trump, qui entrera le 20 janvier à la Maison Blanche, a appelé à un "cessez-le-feu immédiat" et à des négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine après sa rencontre samedi avec Volodymyr Zelensky.

Le président ukrainien laisse entendre de son côté qu'il est disposé à attendre avant de récupérer les zones occupées par l'armée russe (près d'un cinquième du pays). Mais il réclame des garanties de sécurité "effectives" de ses alliés afin de prévenir toute nouvelle offensive russe contre son pays.

A défaut de perspective rapide d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, à laquelle Washington et Berlin s'opposent, les Occidentaux pourraient envoyer des soldats en Ukraine, une idée déjà esquissée par le président français en février.

- Des troupes en Ukraine -

"Franchement, nous pouvons réfléchir et travailler sur la position d'Emmanuel", a lancé Volodymyr Zelensky au côté du chef de l'opposition allemande et potentiel futur chancelier Friedrich Merz lundi à Kiev.

"Il a suggéré que des troupes d'un pays soient présentes sur le territoire de l'Ukraine, ce qui nous garantirait une sécurité tant que l'Ukraine n'est pas dans l'Otan", a-t-il ajouté.

La situation est actuellement très difficile pour l'Ukraine, dont l'armée recule sur le front Est devant des forces russes plus nombreuses et mieux armées.

Selon plusieurs médias européens, Emmanuel Macron et Donald Tusk pourraient discuter de l'envoi d'une mission européenne de maintien de la paix.

Une information non confirmée par l'Elysée. "Ils vont parler des garanties de sécurité et de +l'après+ oui, à savoir à quoi peut ressembler demain, aux conditions que les Ukrainiens auront posées", relève une source diplomatique sans plus de précisions.

Selon Elie Tenenbaum, expert en défense à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "la France et la Grande-Bretagne d'un côté, et puis les Polonais, les Baltes, les pays scandinaves, qui sont quand même très engagés, et peut-être d'autres alliés comme le Benelux" pourraient participer à un tel dispositif "a minima aéroterrestre". Soit un volume potentiel de "40.000 hommes", dit-il à l'AFP.

Emmanuel Macron et Donald Tusk devraient aussi discuter de l'accord de libre-échange conclu vendredi entre la Commission européenne et des pays sud-américains du Mercosur, auquel leurs deux pays s'opposent au nom de la défense des intérêts agricoles.


Des critiques après l'abandon d'un projet de « Mémorial du terrorisme » en France

Le Premier ministre français Jean Castex (à gauche) et la maire de Paris Anne Hidalgo déposent une gerbe devant la salle de concert du Bataclan le 13 novembre 2020 à Paris, lors de cérémonies à travers Paris marquant le cinquième anniversaire des attentats terroristes de novembre 2015 dans lesquels 130 personnes ont été tuées. (Photo AFP)
Le Premier ministre français Jean Castex (à gauche) et la maire de Paris Anne Hidalgo déposent une gerbe devant la salle de concert du Bataclan le 13 novembre 2020 à Paris, lors de cérémonies à travers Paris marquant le cinquième anniversaire des attentats terroristes de novembre 2015 dans lesquels 130 personnes ont été tuées. (Photo AFP)
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  • « Manque de respect », « indigne », « incompréhensible » : les associations de victimes du terrorisme ne décolèrent pas depuis l'abandon du projet de mémorial en France
  • Le gouvernement a justifié son désengagement par des « coupes budgétaires », alors que les porteurs du projet œuvraient à offrir un lieu d'hommage à toutes les victimes du terrorisme en France et à l'étranger.

PARIS : « Manque de respect », « indigne », « incompréhensible » : les associations de victimes du terrorisme ne décolèrent pas depuis l'abandon du projet de mémorial en France, annoncé en grande pompe par le président Emmanuel Macron et sur lequel elles travaillaient depuis plus de cinq ans.

Le gouvernement a justifié son désengagement par des « coupes budgétaires », alors que les porteurs du projet œuvraient à offrir un lieu d'hommage à toutes les victimes du terrorisme en France et à l'étranger.

« C'est l'expression d'un mépris total tant pour les victimes que pour tous les acteurs du projet qui travaillent dessus depuis cinq ans », dénonce Philippe Duperron, président de l'association 13onze15, qui regroupe les victimes des attentats islamistes du 13 novembre 2015.

« C'est un peu leur dire + vous n'êtes pas si importants que ça, en fait + », abonde Danièle Klein, membre du bureau de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT).

Elle déplore que la décision intervienne à quelques jours du verdict du procès de l'assassinat du professeur Samuel Paty, et à quelques semaines de l'anniversaire des dix ans des attentats contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.

Annoncé par Emmanuel Macron le 19 septembre 2018 lors de la commémoration universelle pour les victimes d'attentats, le projet, estimé à 95 millions d'euros répartis sur huit ans, devait ouvrir ses portes en 2027 à Suresnes, dans la région parisienne.


L'avocat de Boualem Sansal prévoit de saisir l'ONU « dans quelques jours »

François Zimeray, avocat de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, tient une conférence de presse aux éditions Gallimard à Paris le 11 décembre 2024, afin de partager toutes les informations et analyses de la situation concernant l'emprisonnement de Boualem Sansal en Algérie. (Photo AFP)
François Zimeray, avocat de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, tient une conférence de presse aux éditions Gallimard à Paris le 11 décembre 2024, afin de partager toutes les informations et analyses de la situation concernant l'emprisonnement de Boualem Sansal en Algérie. (Photo AFP)
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  • « Je me donne quelques jours encore pour y voir plus clair. Et si l'on se rend compte que tout est effectivement fait pour compromettre le libre exercice, je m'y emploierai. Il existe des instances pour cela (...) Nous ferons preuve de créativité si néces
  • « Il est difficile de donner un délai qui serait ressenti comme un ultimatum. Mais j'espère en tout cas que les formalités (...) seront réglées dans quelques jours.

PARIS : L'avocat de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'État, a indiqué mercredi se donner "quelques jours" avant de saisir l'ONU pour dénoncer les entraves aux droits de la défense.

Lors d'une conférence de presse au siège des éditions Gallimard à Paris, cet avocat, François Zimeray, a dénoncé de multiples atteintes à ces droits.

Il a expliqué que les charges pesant sur l'écrivain n'avaient pas été détaillées par l'accusation, que lui-même n'avait pas eu de visa pour se rendre en Algérie, et que Boualem Sansal avait été transféré dans un autre lieu de détention sans que ses avocats ni sa famille ne soient prévenus au préalable.

« Nous appliquerons le droit algérien. Le droit algérien, ce sont aussi les traités internationaux ratifiés par l'Algérie », a affirmé Me Zimeray. « Y compris le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et l'ensemble des grands textes internationaux adoptés dans le cadre multilatéral et consacrés par le droit international ».

« Si, au bout d'un moment, nous faisons le constat qu'il n'y a pas de possibilité d'un procès équitable, nous mettrons alors en œuvre les procédures appropriées, y compris devant le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies, en saisissant le Comité juridique de l'Unesco, ainsi que la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples de l'Union africaine, dont l'Algérie est membre », a déclaré l'avocat.

« Il est difficile de donner un délai qui serait ressenti comme un ultimatum. Mais j'espère en tout cas que les formalités (...) seront réglées dans quelques jours. Si ce n'est pas le cas, j'en tirerai les conséquences », a-t-il répondu, lorsqu'on lui a demandé quand il comptait saisir ces instances.

« Je me donne quelques jours encore pour y voir plus clair. Et si l'on se rend compte que tout est effectivement fait pour compromettre le libre exercice, je m'y emploierai. Il existe des instances pour cela (...) Nous ferons preuve de créativité si nécessaire », a lancé Me Zimeray.

Auteur critique du pouvoir algérien, il a été arrêté à l'aéroport d'Alger mi-novembre pour avoir signé le « Serment des barbares » et 2084 : la fin du monde.

La justice algérienne a indiqué à ses avocats que c'était en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui réprime l'ensemble des atteintes à la sûreté de l'État.

Selon le quotidien Le Monde, les autorités algériennes pourraient avoir mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, qui reprennent la position marocaine selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.