Pour les routiers coincés à Douvres, la fin du cauchemar de Noël

Des milliers de camionneurs européens ont passé mercredi une quatrième nuit à dormir dans les cabines de leurs véhicules, bloqués à proximité du principal port transmanche de Douvres pendant que les chauffeurs attendent de passer un test Covid, comme l'exige la France pour voyager. (Niklas Halle'n/AFP)
Des milliers de camionneurs européens ont passé mercredi une quatrième nuit à dormir dans les cabines de leurs véhicules, bloqués à proximité du principal port transmanche de Douvres pendant que les chauffeurs attendent de passer un test Covid, comme l'exige la France pour voyager. (Niklas Halle'n/AFP)
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Publié le Vendredi 25 décembre 2020

Pour les routiers coincés à Douvres, la fin du cauchemar de Noël

  • Un chauffeur au camion immatriculé en Pologne ralentit, ouvre sa fenêtre, fait le V de la victoire
  • Après un démarrage laborieux, l'immense opération de dépistage est désormais menée avec le soutien de quelque 1.100 militaires britanniques, auxquels se sont joints des pompiers français

DOUVRES, Royaume-Uni : Enfin sur le départ, les milliers de routiers encore bloqués autour du port anglais de Douvres ont reçu vendredi, faute d'avoir pu rentrer chez eux à temps pour Noël, un peu de réconfort grâce à une efficace chaîne de solidarité.

"Cela se voit rien qu'à leurs visages, ils sont à bout", observe Umit Saban, 45 ans, arrivé au petit matin de Londres le coffre rempli de 300 repas de Noël, préparés dans son restaurant, qu'il tenait à venir distribuer aux chauffeurs.

Dans le sac un soda, du poulet et du riz encore chaud dans une barquette et de généreuses poignées de petits loukoums multicolores.

"C'est Noël ! On ne pouvait pas les laisser comme ça", explique à l'AFP le restaurateur qui court de son coffre à la route, ses sacs à la main.

Un chauffeur au camion immatriculé en Pologne ralentit, ouvre sa fenêtre, fait le V de la victoire, attrape son "Xmas Package" et hurle, lâchant de la buée dans l'air glacé du port "et joyeux Noël" avant de filer vers le terminal.

Après 48 heures de fermeture totale, la France permet depuis mercredi matin le retour des chauffeurs coincés côté britannique, à condition de présenter un test Covid négatif. Des milliers d'entre eux, souvent à cran, attendaient encore vendredi de pouvoir rentrer chez eux, certains stationnés sur la piste d'un ancien aéroport, d'autres directement sur l'autoroute menant au principal port transmanche anglais ainsi qu'au tunnel sous la Manche.

Après un démarrage laborieux, l'immense opération de dépistage est désormais menée avec le soutien de quelque 1.100 militaires britanniques, auxquels se sont joints des pompiers français. L'opérateur du port français de Calais a dit à l'AFP anticiper un retour à la normale dans la journée de samedi.

"Noël particulier"

En attendant, le ballet des bénévoles est devenu centre d'attraction pour la petite ville de Douvres, en plein confinement.

Une femme arrive dans sa petite voiture, avec "de la soupe chaude" et des bouteilles d'eau, le produit dont ont le plus manqué les conducteurs bloqués depuis dimanche soir. En un rien de temps, sur le goudron du terminal, un autre point de distribution s'organise. Les bouteilles partent à toute allure.

"Ca bouge, enfin ils peuvent rentrer chez eux", se réjouit Ben, un habitant de Douvres qui travaille aux douanes du port et n'a pas voulu donner son nom. Il est venu en famille se poster a l'entrée du port avec son chapeau de père Noël et des chocolats à distribuer.

"On veut leur montrer que personne ne les déteste, que nous aussi on comprend leur peine, après tout ce chaos, et que c'est juste super qu'ils puissent rentrer chez eux", dit le père Noël du péage.

La file de camion s'étend encore au loin sur l'immense rampe qui débouche de l'autoroute sur ce bout de port, principale porte de sortie sur le continent pour les chauffeurs et leurs marchandises.

Mais même si l'embouteillage monstre s'est en partie résorbé et que les lignes de camions avancent à une vitesse normale en direction du terminal, les chauffeurs ne sont pas encore au bout de leur peine.

Sur la zone d'embarquement, dos à la mer, des dizaines de brigades de testeurs, soldats de l'armée britannique ou employés du service public de santé, le NHS, en chasuble fluo, sont déployés au bout de ces lignes de camions, au niveau de la zone d'embarquement pour coordonner les opérations.

Le lieutenant colonel Loison, pompier du nord de la France, est arrivé en renfort dans la nuit en ferry avec 22 pompiers et une équipe médicale pour aider les autorités britanniques à réaliser les tests.

"C'est un Noël un peu particulier pour nous. Mais ça fait partie de la mission. Les chauffeurs sont très coopératifs, il n'y a pas eu de climat délétère", assure le lieutenant colonel sous son masque de protection.

Lui et ses hommes ont aussi trouvé un peu de l'esprit de Noël dans cette mission, accueillis sur le ferry à l'aller par un copieux "English breakfast" offert par la compagnie aux renforts français.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.