Petit-déjeuner, "super-congélateurs" et Lego: l'aventure du vaccin en Allemagne

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Publié le Lundi 28 décembre 2020

Petit-déjeuner, "super-congélateurs" et Lego: l'aventure du vaccin en Allemagne

  • Il faut aller vite, l'opération est baptisée "Vitesse de la lumière".
  • Un important site de production, à Mitterleich en Bavière, s'est retrouvé au coeur de la pandémie très tôt

 

BERLIN : Un matin d'hiver dans une cuisine en Allemagne, un couple de chercheurs est attablé pour le petit-déjeuner.

Özlem Türeci et Ugur Sahin, dirigeants de la start-up de biotechnologie BioNTech, tombent d'accord : "Nous devons donner le coup d'envoi" des recherches sur un vaccin contre un nouveau virus qui sévit en Chine.

Ugur Sahin vient de lire une publication scientifique décrivant la propagation fulgurante de ce virus à Wuhan. "Il en a conclu qu'il y avait de fortes chances qu'une pandémie puisse être imminente", raconte son épouse, Mme Türeci.

C'est le point de départ d'une épopée qui aboutira à l'élaboration du premier vaccin contre le Covid-19 à être autorisé dans le monde occidental. Une prouesse réalisée en un temps record.

Le 24 janvier, le couple décide donc que toutes les ressources de leur PME, allouées jusqu'ici à la recherche sur les immunothérapies contre le cancer, seront désormais consacrées à mettre au point un remède contre cette pneumonie virale d'origine inconnue.

Il faut aller vite, l'opération est baptisée "Vitesse de la lumière".

"Depuis cette date (...), il n'y a pas eu un jour où nous n'avons pas travaillé sur ce projet", affirme Mme Türeci.

Quatre jours plus tard, le 28 janvier, l'Allemagne confirme sur son territoire le premier cas connu de transmission d'être humain à être humain sur le sol européen.

Moins de deux semaines plus tard, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) désigne pour la première fois le nouveau mal: Covid-19.

"Mittelstand"

Le printemps commence à frémir à Mayence, pittoresque cité qui abrite des bâtisses à colombage et surtout le siège de BioNTech, quand l'épidémie partie de Chine se transforme en une crise sanitaire mondiale. 

La flambée des infections contraint les gouvernements à fermer les frontières, les écoles, les institutions culturelles et sportives, les administrations. Le monde est mis sous cloche.

Déjà, le "Mittelstand", ce réseau de petites et moyennes entreprises (PME) qui fait le succès de l'économie allemande, se retrousse les manches pour relever le défi qui s'annonce.

A quelques encablures du siège de BioNTech, une PME aux 130 années d'existence accélère la cadence de ses chaînes de fabrication.

Bien que peu connu, le spécialiste du verre Schott s'avère un acteur majeur de l'industrie pharmaceutique grâce à ses flacons utilisés par millions pour les recherches cliniques sur le virus.

Le verre "borosilicate" dont il a fait sa spécialité est très recherché pour sa capacité à résister aux températures extrêmes, allant de -80 à 500 degrés. Une propriété qui va s'avérer indispensable. Le vaccin BioNTech/Pfizer nécessite en effet d'être conservé à -70 degrés.

D'ici la fin 2021, Schott compte produire assez de fioles pour deux milliards de doses de vaccin.

Le Covid-19, la société l'affronte jusque dans ses murs. Un important site de production, à Mitterleich en Bavière, s'est retrouvé au coeur de la pandémie très tôt, quand après une fête de la bière, la localité est devenue l'un des premiers foyers du nouveau coronavirus.

Et conséquence de la fermeture des frontières, plusieurs travailleurs originaires de République tchèque "n'ont pas vu leurs amis ou familles pendant des semaines".

Partout dans le monde, la pandémie cloue les avions au sol et transforme les aéroports d'ordinaire vibrant de monde en zones mornes et désertées.

Transport pharmaceutique

Mais au centre pharmaceutique de la compagnie de fret Lufthansa Cargo situé dans l'aéroport de Francfort, l'activité s'accélère, le stress monte.

La plus grande plaque tournante européenne du transport pharmaceutique qui a traité 120.000 tonnes de cargaison l'année passée se prépare à faire transiter des millions de doses de vaccin.

Au total, le site possède 12.000 m2 climatisés réservés à ce type de produits. Les températures nécessaires s'obtiennent dans des containers spéciaux grâce à des blocs de glace carbonique, du CO2 en forme solide à -78,9 degrés.

Fraport, l'exploitant de l'aéroport de Francfort, n'est pas la seule entreprise à investir dans la chaîne du froid.

Arctique

Dans le verdoyant Bade-Wurtemberg (sud-ouest), la société Binder, une autre PME allemande inconnue du grand public, entre en scène.

Son savoir-faire? Des "super-congélateurs" dans lesquels "il fait plus froid que dans l'Arctique", selon les médias allemands. De fait, la température dans ces appareils peut descendre jusqu'à -90°.

L'entreprise de Tuttlingen, une des leaders du marché, a d'abord fourni les laboratoires, puis la logistique et travaille désormais avec les autorités allemandes pour équiper les centres de vaccination.

"Tout a commencé en août quand nous avons reçu des demandes de sociétés de logistique (...) elles se sont dits +nous devons équiper nos centres de stockage de congélateurs+", affirme Anne Lenze, chargée de la communication.

Depuis, "la demande est telle que nous travaillons 24 heures sur 24, nous recrutons des employés et nous en cherchons", souligne-t-elle.

Le 18 novembre, à peine dix mois après avoir décidé de se lancer dans l'aventure, BioNTech annonce avec son partenaire américain Pfizer, que son vaccin est sûr et efficace à 95%. Un niveau similaire à celui de la firme américaine Moderna avec qui il rivalise pour développer la technique dite de l'ARN Messager.

Les marchés boursiers s'emballent, le monde entier reprend confiance.

Tasse de thé

Mais à Mayence, il n'est pas question de céder à l'euphorie. Pour fêter cet événement, le couple Türeci-Sahin s'accorde donc... une tasse de thé. De toute façon, "le champagne, ce n'est pas notre truc", plaisante M. Sahin dans un entretien à l'AFP. 

En soufflant sur leur breuvage, ces deux quinquagénaires, enfants d'immigrés turcs, "songent à tout ce qui s'est passé jusqu’ici et à ce qui va maintenant advenir".

A 600 km de là, dans la capitale allemande, le pompier à la retraite Albrecht Broemme, solide gaillard de 66 ans à la chevelure poivre et sel, s'affaire avec... une boîte de Lego.

Chargé de superviser les six centres de vaccination que Berlin veut mettre sur pied dans le cadre d'une campagne nationale, il bâtit une mini-station de vaccination avec comptoir d'enregistrement et allées de circulation.

"J'ai réfléchi à un système en pensant (...) aux espaces nécessaires afin de ne pas créer d'+embouteillage+", détaille-t-il devant l'ancien aéroport de Tegel, un des lieux où les Berlinois se feront injecter le vaccin.


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.