PARIS: La lumière de Catherine Ringer qui chante les Rita Mitsouko ou les éclairs des Arctic Monkeys : des albums live illuminent cette fin d'année, comme pour compenser ces concerts mis sous l'éteignoir par la crise sanitaire.
« Je n'avais jamais vu la Philharmonie dans cet état ! On a mesuré la puissance des Rita Mitsouko, toujours vivante », se souvient Vincent Anglade, programmateur des musiques actuelles de cette salle parisienne. C'est là que fut capté, le dernier week-end de septembre 2019, le show « Catherine Ringer chante les Rita Mitsouko », qui vient de sortir (chez Because, un DVD s'ajoutant au support musical).
C'est un concert phare de la tournée --interrompue-- célébrant les 40 ans d'un groupe à la flamme entretenue par Catherine Ringer, seule à bord depuis la disparition de sa moitié Fred Chichin (en 2007), mais pas seule sur scène.
« Au final, est arrivé un spectacle total », se réjouit Vincent Anglade. Aux côtés du groupe robuste --avec une guitare aux mains de Raoul, fils de Catherine et Fred-- défilent une troupe de danseurs cornaquée par la chorégraphe Marion Motin, ainsi que le DJ pionnier Dee Nasty, posant sa patte au scratch sur « Y'a d'la haine » et « Hip kit ».
Tourbillon et frisson
Mais la pièce centrale sur l'échiquier reste évidemment la reine Catherine, « incomparable, capable de tout chanter, qui emmène tout le monde et fait monter la température », comme le synthétise Vincent Anglade. L'artiste se fait tourbillon sur « Les histoires d'A », « C'est comme ça », et frisson sur « C'était un homme », hommage à son père rescapé des camps de concentration.
Electricité toujours, avec « Arctic Monkeys - Live At The Royal Albert Hall », concert donné à Londres en juin 2018, désormais disponible chez Domino.
Les bénéfices du disque, comme ceux du concert original, vont à War Child UK, instance d'aide aux enfants victimes de conflits armés. « La situation qui était déjà mauvaise en 2018 est maintenant désespérée et ces enfants et leurs familles ont plus que jamais besoin de notre aide », exposent les Anglais du gang à guitares dans un communiqué.
Outre les déflagrations « Arabella » ou « R U Mine ? », la prestation fait briller les perles du dernier album « Tranquility Base Hotel + Casino ». Cet opus, né au studio La Frette en région parisienne, a déconcerté les fans de la première heure, mais conféré une nouvelle dimension au groupe de Sheffield.
Clameur de 70 000 spectateurs
Egalement joué à Londres, mais à l'Alexandra Palace cette fois, au piano solo, cet été --et sans public présent, livestream payant à l'époque--, Nick Cave propose « Idiot prayer », relecture intimiste de son œuvre (chez Kobalt ; à ne pas confondre avec « L.i.t.a.n.i.e.s », opéra de chambre du compositeur belge Nicholas Lens pour lequel l'Australien a écrit les textes, sorti chez Deutsche Grammophon).
Le dénuement de ce live londonien donne une musique « très étrange, très belle, qui fait sens dans cette période incertaine, sans en subir l'inclinaison », expose Nick Cave dans les notes d'intentions.
Retour aux guitares, acoustiques cette fois, avec « Mettavolution live » de Rodrigo y Gabriela, donné en octobre 2019 au Trianon à Paris, livré récemment chez Rubyworks. La turbine à groove tourne à plein régime avec ce duo instrumental, les Mexicains s'offrant même une reprise d’« Echoes » de Pink Floyd. Le réservoir de leurs références, du flamenco au metal, captive toujours.
Question metal, il faut aussi citer le live des vétérans anglais d'Iron Maiden, avec « Nights Of The Dead – Legacy Of The Beast, live in Mexico City », témoignage de septembre 2019 exhumé chez Parlophone. Alors que les concerts de masse sont toujours bannis, la clameur des 70 000 spectateurs aux premiers accords de « The trooper », morceau emblématique, fait plaisir à entendre.