Au Pakistan, la lutte pour préserver les tortues vertes de l'expansion urbaine

Sur cette photo prise le 28 novembre 2023, une tortue verte couvre ses œufs de sable sur la plage de Sandspit à Karachi. (AFP)
Sur cette photo prise le 28 novembre 2023, une tortue verte couvre ses œufs de sable sur la plage de Sandspit à Karachi. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 05 décembre 2023

Au Pakistan, la lutte pour préserver les tortues vertes de l'expansion urbaine

  • La plage de Sandspit est à la fois un lieu de détente privilégié pour les quelque 22 millions d'habitants de Karachi, et un habitat naturel pour les tortues vertes, en danger d'extinction
  • Sur les huit kilomètres de plage, la construction d'habitations bétonnées se poursuit inexorablement, grignotant mètre par mètre l'espace sableux où nidifient les tortues

KARACHI: Avec en toile de fond la gigantesque cité portuaire de Karachi, ses sempiternels bouchons et ses chantiers de construction anarchiques, quatre tortues vertes émergent de l'écume sur le rivage sablonneux de la mer d'Arabie, cherchant un endroit où pondre leur oeufs.

Trois d'entre elles retournent très vite dans l'eau, rebutées par les lumières vives et le vacarme d'une fête, non loin de là sur la plage.

Mais la dernière agite ses pattes en forme de nageoire, projetant le sable dans l'air, pour atteindre un endroit au sec, où elle pondra 88 oeufs de la taille d'une balle de golf.

Six environnementalistes, chargés d'assurer la protection de la dernière espèce de tortue à nidifier au Pakistan, montent la garde à côté.

"Etre humain ne signifie pas qu'on doit seulement aimer les êtres humains. Ces animaux aussi ont besoin de la même attention et du même amour", fait valoir Ashfaq Ali Memon, chef du service de protection de la faune marine pour la province méridionale du Sind.

La plage de Sandspit est à la fois un lieu de détente privilégié pour les quelque 22 millions d'habitants de Karachi, et un habitat naturel pour les tortues vertes, en danger d'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Mais sur les huit kilomètres de plage, la construction d'habitations bétonnées se poursuit inexorablement, grignotant mètre par mètre l'espace sableux où nidifient les tortues.

"Une fois, j'ai vu quelqu'un déranger une tortue qui pondait. Elle s'est enfuie pour se mettre à l'abri, laissant une traînée d'oeufs derrière elle. C'était une scène pénible", raconte Haseen Bano, l'épouse de M. Memon, qui soutient le travail de son équipe.

Menacées par la pollution

Pendant plus de 100 millions d'années, les tortues marines ont migré sur de vastes distances à travers les océans de la planète, mais les activités humaines menacent désormais la survie même de ces espèces, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Jusqu'au début des années 2000, les côtes pakistanaises de la mer d'Arabie, aussi appelée mer d'Oman, étaient un lieu de ponte pour cinq espèces de tortues menacées d'extinction.

Aujourd'hui, seules les tortues vertes continuent à venir pondre sur ce littoral, sur deux plages de Karachi et des îlots inhabités de la province du Baloutchistan, plus à l'ouest, vers la frontière avec l'Iran.

Les constructions, les bruits et la pollution plastique menacent cette tortue qui doit son nom à la couleur verdâtre de sa chair, due aux végétaux qu'elle consomme.

Les captures accidentelles dans des filets de pêche sont aussi une importante cause de mortalité. Et les fumées de carburants provoquent des difformités chez les bébés tortues, note le WWF Pakistan.

Les tortues ont longtemps été exploitées au Pakistan pour leur peau et leur carapace. Mais elles sont protégées depuis les années 1970 par la législation locale et par la Convention sur le commerce international des espèces de flore et de faune sauvages menacées d'extinction (Cites), dont le pays est signataire.

Le service de protection de la faune du Sind dispose d'une équipe de six volontaires dédiés aux tortues vertes. Ils sont payés en fonction des donations et patrouillent sur les plages la nuit lors de la saison de reproduction, entre août et janvier.

«Dinosaures vivants»

La tortue verte pond en moyenne une centaine d'oeufs, dans des nids qu'elle creuse dans le sable à l'aide de ses pattes arrières.

Les volontaires sont présents à l'arrivée des tortues "pour prendre soin d'elles et s'assurer que personne ne les dérange", explique l'un d'eux, dénommé Amir Khan.

Ils collectent ensuite précautionneusement les oeufs et les emmènent dans un espace côtier protégé, où ils les enterrent à nouveau dans le sable pour une période d'incubation variant de 45 à 60 jours, à l'abri des prédateurs comme les chiens, mangoustes ou serpents.

A peine âgés de quelques heures et longs de cinq centimètres, des nouveaux-nés sont amenés dans des seaux, mis à l'eau un par un, puis s'éloignent en nageant dans la nuit.

Aucune donnée n'est disponible au Pakistan sur le nombre de tortues vertes, mais celui des petits nés sous la surveillance des volontaires du Sind a augmenté ces dernières années.

En 2022, ils ont fait éclore environ 30 000 oeufs, et cette année déjà plus de 25 000 à la mi-saison.

Mais ces "dinosaures vivants" resteront menacés par l'expansion urbaine de Karachi et les dangers causés par les pêcheurs, se lamente Amir Khan.

"Cela fait du bien de prendre soin de ces tortues, elles rendent notre plage plus belle", souligne toutefois Mohammad Javed, un volontaire de 29 ans, qui a pris la suite de son père.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.