Les «usines à bitume» de l'A69, nouvelle controverse pour un chantier décrié

Les manifestants utilisent de la fumée rouge alors qu'ils défilent sur une artère lors d'une manifestation contre le projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse, près de Soual, dans le sud-ouest de la France, le 22 avril 2023. (AFP)
Les manifestants utilisent de la fumée rouge alors qu'ils défilent sur une artère lors d'une manifestation contre le projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse, près de Soual, dans le sud-ouest de la France, le 22 avril 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 07 décembre 2023

Les «usines à bitume» de l'A69, nouvelle controverse pour un chantier décrié

  • Depuis le début de l'automne, des collectifs citoyens naissent pratiquement au rythme d'un par semaine et ils sont désormais près d'une dizaine dans une zone de quelques kilomètres, entre Tarn et Haute-Garonne
  • Leur inquiétude concerne la pollution que peuvent générer ces installations et ses effets sur la santé et l'environnement

PUYLAURENS: Les centrales d'"enrobé bitumineux à chaud" qui vont produire les quelque 500 000 tonnes de revêtement de la future autoroute A69 entre Toulouse et Castres cristalisent l'inquiétude dans les villages proches du tracé, suscitant une nouvelle controverse autour du projet.

Depuis le début de l'automne, des collectifs citoyens naissent pratiquement au rythme d'un par semaine et ils sont désormais près d'une dizaine dans une zone de quelques kilomètres, entre Tarn et Haute-Garonne.

Ils réunissent agriculteurs, parents d'élèves, et plus largement villageois soucieux, vivant près du tracé de la future A69, et plus particulièrement des deux "usines à bitume", comme elles sont plus communément appelées, qui vont s'installer fin 2024 à Puylaurens et Villeneuve-Lès-Lavaur (Tarn) pour produire le revêtement de l'autoroute contestée.

Leur inquiétude concerne la pollution que peuvent générer ces installations et ses effets sur la santé et l'environnement.

"Près de 4.300 enfants sont scolarisés à moins de 10 km de ces usines" or "les enfants sont particulièrement vulnérables aux COV (composés organiques volatiles) rejetés dans les fumées de ces usines", estime ainsi "Lauragais sans bitume".

Oxyde d'azote, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, benzène font partie des substances potentiellement rejetées dans les fumées de ces centrales selon Régis Lux, l'un des fondateurs du collectif qui pointe dans cette liste des produits "cancérigènes" ou "mutagènes".

«Si on nous rajoute ça»

Maéva Jardin, maraichère bio récemment installée à 1,5 km d'une des futures usines et membre du même collectif, a peur pour ses cultures et a co-signé avec 55 autres agriculteurs une "lettre ouverte de paysan.nes attéré.es" contre les centrales.

"On a les aléas climatiques, les problèmes économiques, si on nous rajoute ça, c'est trop dur", dit-elle.

Réunions publiques et pétitions s'organisent. Et samedi, une manifestation "contre l'A69 et le monde du bitume" doit avoir lieu près de Castres, dans la lignée d'une contestation de cette autoroute contre laquelle les mobilisations se succèdent depuis plusieurs mois. Face à cela, le groupe de BTP NGE en charge du chantier tente d'apaiser.

"Il n'y a pas de sujet", assure à l'AFP Hans Stoufs, directeur des travaux. "J'ai des salariés qui manipulent tous les jours ces produits, respirent les vapeurs, si c'était si dangereux que ça, ça se saurait. Mes gars, c'est pas des rats de laboratoire", dit-il.

Les fumées ? "Essentiellement de la vapeur d'eau plus quelques composés volatiles, émis après filtrage et dépoussiérage, ils sont réglementés, contrôlés et on s'assure qu'il n'y ait pas dépassement des seuils" imposés, précise M. Stoufs.

Insuffisant, répondent les habitants. "Je trouve aberrant qu'aujourd'hui on n'arrive pas à nous dire: voilà des études ont été faites sur la toxicité et non il n’y en a pas", avance Sandrine Labrousse, mère de deux filles scolarisées dans l'école qui sera la plus proche d'une des usines.

"Qu'ils arrêtent de nous enfumer!", demande Maéva Jardin, s'appuyant sur l'expérience d'autres riverains, comme ceux de la centrale toute proche de Gragnague dont les nuisances olfactives ont conduit le préfet de Haute-Garonne à prendre un arrêté de demande de remise aux normes.

«Parfaitement conformes»

Dans ce contexte tendu, l'Etat veut "apporter des garanties à la population", affirme à l'AFP Yasser Abdoulhoussen, directeur du projet A69 à la préfecture du Tarn qui se voit en "police des centrales à enrobé".

Ce mercredi, elle a d'ailleurs communiqué sur la qualité de l'air autour d'une autre centrale d'enrobage contestée du département, soulignant qu'elle était "conforme à la réglementation en vigueur relative à la protection de la santé".

Pour les usines de l'A69, "au regard de ce que le concessionnaire a pu déclarer comme données techniques (...), elles sont parfaitement conformes à la réglementation et ne présentent donc pas de danger pour la population", assure M. Abdoulhoussen.

Il affirme comprendre des "questionnements" légitimes mais juge aussi que "certaines personnes" ont pu "instrumentaliser le sujet des centrales".

Il espère en tout cas "ramener tout ça à une certaine réalité", grâce à des réunions publiques faisant appel à des "experts indépendants" pour "faire oeuvre de pédagogie". Une première rencontre est envisagée le 21 décembre à Saint-Germain-des-Près, commune tarnaise la plus proche d'une des futures usines.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."