Londres et Washington accusent Moscou de tentatives d'ingérence dans la politique britannique

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, rencontre le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, au Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 6 décembre 2023. (Photo de SAUL LOEB / AFP)
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, rencontre le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, au Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 6 décembre 2023. (Photo de SAUL LOEB / AFP)
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Publié le Vendredi 08 décembre 2023

Londres et Washington accusent Moscou de tentatives d'ingérence dans la politique britannique

  • Londres a convoqué l'ambassadeur russe, selon le ministère britannique des Affaires étrangères, tandis que le ministère américain de la Justice a annoncé des poursuites contre deux citoyens russes
  • Aux Etats-Unis, ces tentatives de piratage «ont visé des employés ou anciens employés de la communauté du renseignement, du ministère de la Défense, du département d'Etat, des sous-traitants de la Défense et des infrastructures du ministère de l'Energie»

LONDRES: La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont affirmé jeudi avoir mis au jour des tentatives de cyber-ingérence russe dans la politique britannique, notamment lors des élections de 2019.

Londres a convoqué l'ambassadeur russe, selon le ministère britannique des Affaires étrangères, tandis que le ministère américain de la Justice a annoncé des poursuites contre deux citoyens russes, dont un agent des services de sécurité russes (FSB).

"Les tentatives de la Russie d'interférer dans la politique britannique sont absolument inacceptables et cherchent à menacer nos processus démocratiques", a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Cameron, cité dans un communiqué.

"Malgré leurs efforts répétés, elles ont échoué", a-t-il ajouté.

"Si certaines attaques ont abouti à la fuite de documents, les tentatives d'interférer dans la politique britannique et la démocratie n'ont pas été couronnées de succès", selon le ministère, qui affirme que responsables politiques, fonctionnaires, journalistes et ONG ont été visés.

Les autorités judiciaires américaines ont de leur côté rendu publique l'inculpation mardi par un tribunal de San Francisco (ouest) de deux citoyens russes, Ruslan Aleksandrovich Peretyatko, agent du FSB, selon Washington et Londres, et Andreï Stanislavovich Korinets.

Ils sont accusés d'avoir mené "une campagne de piratage des réseaux informatiques des Etats-Unis, du Royaume-Uni d'autres pays de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan) et de l'Ukraine, pour le compte du gouvernement russe", indique le ministère américain de la Justice dans un communiqué.

Ils font chacun l'objet de deux inculpations de piratage informatique, passibles de peines maximales de 5 et 20 ans de prison.

Aux Etats-Unis, ces tentatives de piratage "ont visé des employés ou anciens employés de la communauté du renseignement, du ministère de la Défense, du département d'Etat, des sous-traitants de la Défense et des infrastructures du ministère de l'Energie, au moins entre octobre 2016 et octobre 2022", selon le communiqué.

Unité spécialisée du FSB 

Les deux prévenus appartiennent à un présumé groupe de cyberpirates associé au Centre 18, une unité spécialisée du FSB identifiée comme "Star Blizzard" par Londres ou "groupe Callisto" par Washington.

Ils sont désormais visés par des sanctions britanniques, mais aussi du Trésor américain, et le département d'Etat a annoncé une récompense pouvant aller jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information menant à leur localisation et leur arrestation, ainsi que leurs complices.

"Tous deux sont actuellement recherchés par le FBI et présumés se trouver en Russie", a indiqué sous le couvert de l'anonymat à des journalistes un haut responsable la police fédérale américaine (FBI), précisant ne pas s'attendre à ce que Moscou les livre.

"Mais s'ils voyagent dans un pays qui coopère avec le système judiciaire américain, ils courent le risque d'être extradés aux Etats-Unis", a souligné ce responsable.

Un haut responsable du ministère de la Justice a reconnu que la publication de ces poursuites rendait probablement leur arrestation "plus difficile" mais se justifiait par la nécessité de "perturber" les activités des cyberpirates.

Des députés de différents partis politiques au Royaume-Unis ont été visés, via notamment des techniques d'hameçonnage ciblé (spearfishing), depuis 2015 au moins et jusqu'à cette année, selon la diplomatie britannique.

Elle cite notamment le piratage de documents commerciaux américano-britanniques qui avaient fuité avant les élections de 2019.

Londres indique en outre avoir convoqué l'ambassadeur russe "pour exprimer sa profonde préoccupation au sujet des tentatives répétées" d'utiliser internet pour "interférer dans les processus politiques et démocratiques au Royaume-Uni et au-delà".

A la Chambre des Communes, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Leo Docherty a déclaré que "le FSB est derrière une démarche continue d'interférence" dans ces processus.

"Ils ont ciblé des membres de cette chambre" et de celle des Lords, "des fonctionnaires, des journalistes et ONG", a-t-il ajouté.

Un rapport parlementaire publié en juillet 2020 avait accusé le gouvernement d'avoir sérieusement sous-estimé les risques, et l'avait exhorté à enquêter sur de possibles ingérences russes dans la vie politique britannique, notamment pendant la campagne du référendum sur le Brexit en 2016.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».