Dans les Catacombes de Paris, des murs d'ossements remontés méthodiquement

Des crânes et des ossements humains alignés contre un mur des Catacombes de Paris, le 12 décembre 2023. (AFP)
Des crânes et des ossements humains alignés contre un mur des Catacombes de Paris, le 12 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 15 décembre 2023

Dans les Catacombes de Paris, des murs d'ossements remontés méthodiquement

  • Haute de 1,8 m et longue de 2 m, la Hague des martyrs de septembre 1792, tombeau collectif de plus de 1 000 personnes assassinées sous la Révolution française, s'était progressivement effondrée ces derniers mois
  • Les os de la façade «doivent être sains» et tous ceux «abîmés vont être mis en intercalaire, en remplissage», explique un spécialiste de la maçonnerie en pierre sèche

PARIS: Une ligne de fémurs, une autre de crânes, des débris pour caler le tout: dans les Catacombes de Paris, une équipe travaille à remonter méthodiquement, sans ajout, les murets de restes humains du "plus grand ossuaire du monde".

"Arrête! C'est ici l'empire de la mort." A 20 mètres sous terre, le message de bienvenue gravé à l'entrée des célèbres carrières souterraines n'effraie pas les 600 000 visiteurs annuels, de retour depuis le Covid-19 pour admirer les restes de "plusieurs millions de Parisiens", selon l'administratrice Isabelle Knafou.

De mardi à vendredi, ils ont pu apercevoir derrière une grille, dans un recoin éclairé, un spectacle inhabituel: cinq personnes en train de remonter, os par os, une hague, terme consacré aux plus de 200 murs d'ossements qui jalonnent le site.

Haute de 1,8 m et longue de 2 m, la Hague des martyrs de septembre 1792, tombeau collectif de plus de 1.000 personnes assassinées sous la Révolution française, s'était progressivement effondrée ces derniers mois.

«Kapla»

La première étape a été de "trier les os en fonction de leur type et de leur état sanitaire", explique à l'AFP le murailler Martin Muriot, masque au visage et blouse au corps.

Les os de la façade "doivent être sains" et tous ceux "abîmés vont être mis en intercalaire, en remplissage", explique ce spécialiste de la maçonnerie en pierre sèche.

Equipés de gants, deux techniciens spécialisés en manipulation d'oeuvres d'art retirent un crâne pour en placer un autre, en faisant tomber un au passage.

Hubert Joachim, l'un d'eux, utilise des "petites cales", des débris, pour faire tenir un alignement de fémurs sur un autre de crânes.

"Sans cale, l'os (du dessus) va venir directement sur le crâne et risque de l'éclater", explique-t-il. Problème réglé avec des os calés "à l'arrière", permettant aux fémurs de rester "légèrement en suspens au-dessus du crâne".

Un assemblage "à sec, sans mortier", souligne Martin Muriot. "Bois, pierre ou os, peu importe, la mécanique est la même. C'est un peu comme si on jouait au Kapla".

Ces matériaux "six fois plus légers que la terre" présentent tout de même la difficulté d'amener "beaucoup de vide entre et à l'intérieur des os", note Nathanaël Savalle, ingénieur en génie civil qui effectue des "calculs de stabilité" pour modéliser l'atypique construction.

A partir de cette hague "test", l'objectif est d'établir un "protocole" pour les hagues suivantes qui seront remontées en 2024 et 2025, explique Isabelle Knafou.

Plus loin, un filet protège le "ventre proéminent" d'une autre hague en mauvais état après la chute de "morceaux du ciel de carrière", décrit-elle avec ce vocabulaire imagé.

Si "la matière osseuse peut durer des centaines d'années" sans agression, le temps, l'érosion et l'humidité menacent tout de même ces édifices, rappelle la responsable du site depuis mars 2022.

«Prenant au corps»

Limité à trois heures consécutives, le travail dans un tel environnement, sans toilettes à proximité, n'est pas anodin.

"Au début ça peut surprendre, ce n'est pas une matière qu'on a l'habitude de toucher", dit le technicien Edouard Gomis. "Mais une fois qu'on travaille, on fait abstraction du fait qu'on manipule des os."

Nathanaël Savalle, lui, est "ému d'être entouré de ces anciens vivants. C'est un peu prenant au corps", dit l'ingénieur.

"Je trouve ça intéressant, mais je n'y passerais pas ma vie", reconnaît Martin Muriot, le murailler qui a "l'habitude de travailler en plein air" en Bourgogne. "Ce n'est pas non plus l'endroit où je me sens le mieux", ajoute-t-il.

Pourtant, certains des quelque cinquante agents des Catacombes "sont là depuis 30 ans" car "attachés" à cet "endroit hors du commun", soutient Isabelle Knafou.

Sur une longueur d'1,7 km, l'ossuaire municipal installé en 1786 dans d'anciennes carrières de calcaire, dans le sud de la capitale française, a accueilli dans les décennies suivantes les morts des anciens cimetières de Paris, rasés par souci de place et d'hygiène.

Resté à la main de l'Inspection des carrières jusqu'en 1983, il est depuis devenu un site incontournable pour les touristes, qui devaient souvent attendre des heures sur la place Denfert-Rochereau.

En place depuis la crise sanitaire, le système de réservation par créneau permet désormais de "lisser" l'accueil des 2 000 visiteurs quotidiens, dont 85% d'étrangers, souligne Mme Knafou, espérant ainsi accueillir plus de Parisiens.

Quant aux vols d'ossements, ils ont disparu avec la fouille des sacs instaurée à la sortie, affirme-t-elle.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com