Covid, pandémie, confinement: comment 2020 a changé le monde

Après que l'Italie a imposé mardi des restrictions nationales sans précédent à ses 60 millions d'habitants pour contrôler le coronavirus mortel Covid-19. Place symbolique de Venise, la Piazza San Marco ville déserte. Post-covid, cette place séduisait chaque année trente millions de touristes (Photo, AFP).
Après que l'Italie a imposé mardi des restrictions nationales sans précédent à ses 60 millions d'habitants pour contrôler le coronavirus mortel Covid-19. Place symbolique de Venise, la Piazza San Marco ville déserte. Post-covid, cette place séduisait chaque année trente millions de touristes (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 28 décembre 2020

Covid, pandémie, confinement: comment 2020 a changé le monde

  • Le Covid-19 n'est pas, de loin, la pandémie la plus mortelle de l'histoire. La peste bubonique au XIVème siècle a éliminé le quart de la population mondiale
  • L'économie mondiale s'apprête à de nouveaux soubresauts : le Fonds monétaire international s'inquiète d'une récession pire que celle qui a suivi la crise financière de 2008

PARIS: En célébrant le 1er janvier l'avènement d'une nouvelle décennie, qui pouvait imaginer ce que 2020 réservait au monde ?

En douze mois, le nouveau coronavirus a paralysé les économies, dévasté des communautés entières et mis sous cloche près de quatre milliards d'humains, confinés chez eux. L'année écoulée aura changé le monde comme aucune autre depuis une génération au moins, peut-être depuis la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 1,6 million de personnes sont mortes. Au moins 72 millions ont contracté le virus du Covid (bilan probablement sous-estimé). Des enfants ont perdu leurs parents, des grands-parents ont été emportés, des conjoints endeuillés par la mort solitaire d'un proche, quand les visites à l'hôpital étaient jugées trop risquées en raison de la contagion.

«Cette expérience de la pandémie est unique dans la vie de chaque contemporain sur Terre», relève Sten Vermund, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses et doyen de l'Ecole de santé publique de l'Université de Yale. «D'une façon ou d'une autre, chacun de nous a été impacté par elle» affirme-t-il.

Le Covid-19 n'est pas, de loin, la pandémie la plus mortelle de l'histoire. La peste bubonique au XIVème siècle a éliminé le quart de la population mondiale. Au moins 50 millions sont morts de la grippe espagnole en 1918-1919, 33 millions du Sida en 40 ans.

Mais pour contracter le coronavirus, il suffit de respirer au mauvais endroit au mauvais moment.

«Je suis arrivé aux portes de l'enfer et je suis revenu», résume Wan Chunhui, un Chinois survivant de 44 ans hospitalisé pendant 17 jours. «J'ai vu ceux qui n'avaient pu guérir et qui sont morts, ça m'a profondément marqué» ajoute-t-il.

L'ampleur du désastre est à peine imaginable quand, le 31 décembre 2019, les autorités chinoises annoncent 27 cas de pneumonie virale d’origine inconnue à Wuhan, dans le centre de la Chine.

Premier décès à Wuhan

Le lendemain, les autorités ferment le marché d'animaux vivants de Wuhan, considéré comme lié à l'apparition du virus.

Le 7 janvier, les responsables chinois annoncent qu'un nouveau virus a été isolé, baptisé 2019-nCov. Le 11, la Chine fait part du premier décès à Wuhan. En quelques jours, des cas apparaissent à travers l'Asie, en France, et aux Etats-Unis.

Fin janvier, les pays commencent à rapatrier leurs ressortissants de Chine. Les frontières commencent à se fermer et plus de 50 millions de résidents de la province de Wuhan, dans le Hubei, sont placés en quarantaine.

Les images d'un homme mort sur un trottoir de Wuhan, encore masqué, un sac plastique à la main, témoignent de la terreur qui s'est emparée de la ville, même si aucun responsable n'a jamais confirmé la cause exacte de son décès.

Quand le paquebot «Diamond Princess» accoste au Japon début février, plus de 700 passagers à son bord ont contracté le virus et 13 en sont morts.

L'horreur est devenue mondiale et la course au vaccin a déjà commencé. Une petite société allemande, BioNTech, met de côté ses recherches sur le cancer pour se concentrer sur un nouveau projet. Son nom: «Vitesse de l'éclair».

Le 11 février, l'OMS désigne le nouveau mal, appelé Covid-19. Quatre jours plus tard, la France annonce le premier décès enregistré hors d'Asie. L'Europe regarde avec horreur le nord de l'Italie devenir l'épicentre de la maladie sur le continent.

En mars Orlando Gualdi, maire du village de Vertova en Lombardie, où 36 décès sont enregistrés en 25 jours, confie son désarroi: «C'est absurde de voir qu'en 2020 il peut y avoir une pandémie pareille, pire qu'une guerre...». 

L'Italie, puis l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne décrètent le confinement. L'OMS déclare le Covid-19 comme pandémie. Les frontières des Etats-Unis, déjà fermées à la Chine, se ferment à la plupart des pays d'Europe. Pour la première fois en temps de paix, les Jeux Olympiques d'été sont ajournés.

Confinement

Mi-avril, 3,9 milliards de personnes, la moitié de l'humanité, vivent une forme ou une autre de confinement. De Paris à New York, de Delhi à Lagos et de Londres à Buenos Aires, le silence irréel des rues désertées n'est troublé que par les sirènes des ambulances qui rappellent que la mort rode.

Depuis des décennies, les scientifiques mettaient en garde contre le risque d'une pandémie mondiale sans être entendus. Désormais, même les pays les plus riches sont perdus face à l'ennemi invisible.

Dans une économie mondialisée, les chaînes d'approvisionnement à l'arrêt provoquent une ruée des consommateurs paniqués sur les rayons des supermarchés.

Le sous-investissement chronique dans les structures de santé publique est brutalement exposé avec des hôpitaux qui luttent pour maintenir à flots leurs unités de soins intensifs submergées. Des personnels sous-payés et débordés livrent bataille sans protection.

«J'ai eu mon diplôme en 1994, les hôpitaux publics étaient déjà complètement négligés» s'insurgeait en mai Nilima Vaidya-Bhamare, médecin à Bombay, dont le pays, l'Inde, est devenu le troisième le plus affecté. «Pourquoi fallait-il une pandémie pour réveiller les gens ?» demande-t-il.

À New York, la plus grosse concentration de milliardaires au monde, des personnels de santé sont vêtus de sacs poubelle en guise de protection. Un hôpital de campagne a été dressé au cœur de Central Park. Des fosses communes creusées sur Hart Island, au large du Bronx.

«On se croirait dans un film d'horreur», lance encore Virgilio Neto, le maire de Manaus, au Brésil. «On ne peut plus parler d'état d'urgence, c'est un état de calamité absolue». Les corps s'entassent dans des camions frigorifiques, attendant que les bulldozers creusent de gigantesques fosses communes.

Les entreprises ferment. Les écoles et les universités aussi. Les rencontres sportives sont annulées. Le trafic aérien civil est pratiquement suspendu, vivant la pire crise de son histoire. Les boutiques, bars, clubs, restaurants ferment leurs portes. En Espagne, le confinement est si sévère que les enfants ne peuvent sortir de chez eux. Les gens se retrouvent coincés, enfermés des semaines dans de minuscules appartements parfois.

Ceux qui le peuvent travaillent à domicile. Les visioconférences remplacent les réunions de travail, les voyages et les célébrations. Ceux dont la fonction exige leur présence jouent leur vie ou leur emploi. En mai, la pandémie a liquidé 20 millions de jobs aux Etats-Unis.

Violence et récession

La Banque Mondiale prévoit qu'en 2021, 150 millions de personnes pourraient plonger dans la grande pauvreté du fait de la récession. Les inégalités sociales qui se sont creusées au fil des années sont déjà plus criantes que jamais. 

Embrassades, étreintes et même poignées de mains ne sont plus que des souvenirs. Les échanges se font à travers les masques et des parois de plexiglas.

La violence domestique explose, les problèmes psychologiques aussi. Alors que les citadins les plus aisés se réfugient dans leurs maisons secondaires ou à la campagne et que les gouvernements pataugent face à l'ampleur de la crise, la colère bout chez ceux qui restent enfermés en ville.

Les Etats-Unis, l'une des principales économies au monde mais sans couverture de santé universelle, deviennent rapidement le pays le plus touché (plus de 300.000 décès sont comptabilisés en fin d'année) mais le président Donald Trump a constamment balayé la menace, promouvant d'hypothétiques traitements comme l'hydroxychloroquine, ou même l'idée de se soigner à l'eau de javel...

En mai, le gouvernement américain lance l'Opération Warp Speed, allouant 11 milliards de dollars pour le développement d'un vaccin d'ici la fin de l'année. Trump l'évoque comme l'effort américain le plus massif depuis le développement de la bombe atomique pendant la Second Guerre mondiale.

Mais ni les riches ni les puissants ne peuvent acheter leur immunité et, en octobre, Trump est infecté comme, avant lui, le président brésilien Jair Bolsonaro en juillet. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a passé trois jours en soins intensifs en avril.

L'acteur Tom Hanks et sa femme tombent malades. Cristiano Ronaldo, l'un des plus grands footballeurs de sa génération, le champion de tennis Novak Djokovic, ou encore Madonna, le Prince Charles et le Prince Albert II de Monaco sont testés positifs au Covid.

Alors que l’année touche à sa fin, les premiers vaccins arrivent sur le marché (trop tard cependant pour sauver Trump d'une défaite électorale face à Joe Biden en novembre).

Le géant pharmaceutique américain Pfizer, associé à BioNTech, annonce la mise au point d'un vaccin «efficace à 90%». Le marché s'envole et les gouvernements se précipitent pour assurer des stocks. Une semaine plus tard, l'américain Moderna renchérit en annonçant un vaccin efficace «à 95 %».

Guerre des vaccins

Les gouvernements se préparent à administrer des millions de doses en commençant par les personnes âgées, les personnels soignants et les catégories les plus vulnérables, avant d'étendre au reste de la population la vaccination, seul billet de retour possible à la normale.

En décembre, la Grande-Bretagne devient le premier pays occidental à autoriser le vaccin Pfizer/BioNTech, la Chine et la Russie ayant déjà entamé leurs campagnes avec leur propre vaccin.

Les Etats-Unis suivent bientôt et entament les vaccinations, l'Europe devait donner son feu vert à la fin du mois.

Avec les pays les plus riches qui se ruent pour constituer des stocks, 2021 devrait s'ouvrir sur une compétition internationale autour des vaccins: la Chine et la Russie vont se battre pour promouvoir les leurs, meilleur marché, principalement en Afrique et l'Amérique Latine.

Difficile à ce stade d'estimer les traces durables que laissera la pandémie sur les sociétés. Pour certains experts, il faudra peut-être des années avant de parvenir à une immunité de masse. D'autres parient sur un retour à la normale dès le milieu de l'année 2021.

Pour certains, la pandémie pourrait favoriser une approche plus flexible du télétravail, voire une relocalisation partielle des chaînes de production.

D'autres avancent que la crainte des rassemblements massifs aura de profondes conséquences sur les transports, le tourisme et les événements sportifs et culturels et le tourisme.  

L'impact sur les libertés civiles est une autre source d'inquiétude. Selon les analystes de la Freedom House, la démocratie et les droits humains se sont déjà détériorés dans 80 pays, en réponse au virus.

À Yale, Sten Vermund dit d'ailleurs s'attendre à «des changements en profondeur de nos sociétés».

Si le télétravail devient la norme pour le tertiaire, que deviendra le marché immobilier en centre-ville? Les grands centres urbains vont-ils se dépeupler, perdre des habitants en quête d'espace et soucieux de s'épargner des transports bondés?

L'économie mondiale s'apprête à de nouveaux soubresauts: le Fonds monétaire international s'inquiète d'une récession pire que celle qui a suivi la crise financière de 2008. Mais pour beaucoup, la pandémie est surtout annonciatrice d'une catastrophe autrement plus durable et plus dévastatrice.

«Le Covid-19 est comme une grosse vague qui nous a frappés, mais derrière se profile le tsunami du changement climatique et du réchauffement de la planète», met en garde l'astrobiologiste Lewis Dartnell, auteur de «À ouvrir en cas d'apocalypse», encyclopédie du désastre et de la résilience.


Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
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  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".