A Nantes, une «guerre des clans» sanglante sur fond de trafic de drogue

Des policiers français de l'unité CRS 82 recherchent de la drogue lors d'une opération anti-stupéfiants à Nantes, dans l'ouest de la France, le 14 décembre 2023 (Photo, AFP).
Des policiers français de l'unité CRS 82 recherchent de la drogue lors d'une opération anti-stupéfiants à Nantes, dans l'ouest de la France, le 14 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

A Nantes, une «guerre des clans» sanglante sur fond de trafic de drogue

  • Mi-mars, quelques semaines après le mariage, un homme descend d'une voiture et ouvre le feu dans un bar à chicha
  • De la fusillade du mariage à celle du Moonlight, les enquêteurs ont relié six scènes de tirs consécutives

NANTES: Avril 2019. Dans le sous-sol d'un immeuble nantais, la police découvre plusieurs kalachnikov, des fusils à pompes et une dizaine de pistolets automatiques. Un arsenal que de longs mois d'enquête lieront à une violente "guerre des clans" sur fond de trafic de drogue.

Cette "escalade des violences", dont des protagonistes présumés ont été renvoyés cet automne devant les assises par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes, commence fin février 2019 à un mariage.

Alors que l'on s'apprête à célébrer celui de M.A., 24 ans à l'époque, des tirs de kalachnikov résonnent dans le hall de l'immeuble où la fête a lieu, sans faire de blessé.

D'après la police judiciaire, le jeune marié entretenait jusque-là un "lien étroit" avec le "clan L.", du quartier Malakoff, qui régit une partie du trafic de drogue nantais.

Parce qu'il a décidé, toujours selon l'enquête, de monter dans le quartier Bellevue un réseau parallèle dont les prix défient la concurrence, le "clan L." "s'est mis à (ses) trousses", résume un témoin aux policiers.

"Le jour des tirs de mon mariage, dans ma tête c'était l'apocalypse (...) Là, je me suis énervé, pour moi y a plus de frein", leur confiera M.A. quelques mois plus tard.

Il est alors interrogé dans le cadre d'une enquête sur une autre fusillade: le jeune homme est soupçonné d'avoir commandité les tirs qui ont fait un mort fin avril 2019 dans un bar à chicha, le Moonlight.

De la fusillade du mariage à celle du Moonlight, les enquêteurs ont relié six scènes de tirs consécutives.

«Pas pour le plaisir»

Mi-mars, quelques semaines après le mariage, un homme descend d'une voiture et ouvre le feu dans un bar à chicha, le Copacabana, faisant un blessé. Mis en examen dans cette affaire, M.A. a par la suite bénéficié d'un non-lieu.

Début avril, un "homme cagoulé" tire à plusieurs reprises sur le même M.A., devant son domicile. Il est touché à la main, la hanche et la cuisse.

Deux semaines plus tard, des tirs éclatent dans la nuit place Mendès-France puis sur un boulevard voisin, en plein cœur du quartier Bellevue.

Dans une conversation interceptée à l'époque par les policiers, un proche demande à M.A.:

- "Pourquoi ils sont en confiance comme ça ? Pourquoi ils ont allumé (l'une des victimes), il n'a rien à voir ?"

- "Ils étaient sur moi", répond-il.

Trois jours après, quatre jeunes hommes sont blessés par balle sur la même place. Les tireurs font feu "à de nombreuses reprises" depuis des scooters et un break.

L'un des jeunes soupçonné d'avoir tiré était mineur au moment des faits. Dans une conversation interceptée par les policiers, il affirme: "mais nous on est payés pour faire ça (...) Moi, je le fais pas pour le plaisir".

Confronté à ces propos par la suite, il expliquera aux enquêteurs qu'il voulait seulement "impressionner" ses interlocuteurs.

«Vraie guerre»

Soupçonnés d'être impliqués dans la tentative de meurtre sur M.A. et dans les deux fusillades de la place Mendès-France, treize personnes ont été renvoyées à l'automne devant la cour d'assises spéciale d'Ille-et-Vilaine et deux autres jeunes hommes devant la cour d'assises des mineurs de Loire-Atlantique.

Sept d'entre eux ont fait appel de cette mise en accusation. Le parquet a par la suite fait appel de l'ensemble de l'ordonnance pour éviter des disjonctions.

La décision de la chambre de l'instruction est attendue fin janvier.

Parmi les mis en cause, l'enquête distingue plusieurs rôles: les fournisseurs d'armes, les logisticiens, chargés de garder véhicules et fusils en lieu sûr, les tireurs et le chef de clan.

Au sous-sol de l'immeuble identifié comme une "place stratégique en termes de logistique" dans cette affaire, proche du quartier Malakoff, les enquêteurs avaient retrouvé, outre des armes, 60 kg de cannabis, 400 g de MDMA, une drogue de synthèse, et une balance de précision "permettant de relier directement les fusillades et le trafic de stupéfiants".

D'après l'enquête, les fusillades du printemps 2019 "ne peuvent se comprendre que mises en perspective les unes avec les autres" et révèlent une "montée en puissance des règlements de comptes".

Dans une conversation avec un proche interceptée à l'époque par les policiers, M.A. disait: "c'est une vraie guerre, tu ne me croyais pas."

En 2023, le parquet de Nantes a recensé dans la ville une quarantaine d'épisodes de tirs "sur fond probable de règlements de comptes". Ils ont tué quatre personnes, dont deux dans le quartier Bellevue.


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.