Chine: 4 ans de prison pour la «journaliste citoyenne» qui a couvert la Covid

L'avocat Zhang Keke, qui représente le journaliste citoyen chinois Zhang Zhan ayant rendu compte de l'épidémie de Covid-19 à Wuhan et actuellement placé en détention depuis mai. (AFP)
L'avocat Zhang Keke, qui représente le journaliste citoyen chinois Zhang Zhan ayant rendu compte de l'épidémie de Covid-19 à Wuhan et actuellement placé en détention depuis mai. (AFP)
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Publié le Mardi 29 décembre 2020

Chine: 4 ans de prison pour la «journaliste citoyenne» qui a couvert la Covid

  • Six mois après l'adoption d'une loi draconienne sur la sécurité nationale à Hong Kong, l'audience est emblématique de la reprise en mains par Pékin de l'ex-colonie britannique, devenue territoire semi-autonome chinois
  • Le verdict sera annoncé ultérieurement, a indiqué le tribunal chinois qui jugeait lundi 10 des 12 membres de ce groupe, accusés de passage illégal de frontière

SHENZEN : Le procès des militants pro-démocratie hongkongais arrêtés en août alors qu'ils tentaient de fuir Hong Kong en hors-bord a débuté lundi en Chine, les Etats-Unis appelant à leur libération immédiate et dénonçant une «tyrannie».

Six mois après l'adoption d'une loi draconienne sur la sécurité nationale à Hong Kong, l'audience est emblématique de la reprise en mains par Pékin de l'ex-colonie britannique, devenue territoire semi-autonome chinois.

Le verdict sera annoncé ultérieurement, a indiqué le tribunal chinois qui jugeait lundi 10 des 12 membres de ce groupe, accusés de passage illégal de frontière.

«Leur seul crime est d'avoir fui la tyrannie», a déclaré un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Pékin. «La Chine communiste ne s'arrête devant rien pour empêcher ses ressortissants d'aller trouver la liberté ailleurs».

Les 12 hommes, dont le plus jeune était âgé de 16 ans, avaient été arrêtés par les gardes-côtes chinois à 70 km du territoire autonome le 23 août, avant d'être remis à la police de Shenzhen (sud), métropole chinoise aux portes de Hong Kong.

Ils tentaient de se rendre à Taïwan, île rivale de la Chine continentale.

«Le tribunal a entendu les réquisitoires du Parquet, les remarques des différents accusés et les plaidoyers des avocats. Le verdict sera annoncé à une date ultérieure», a indiqué lundi le tribunal du district de Yantian à Shenzhen.

Parmi les personnes autorisées à assister au procès figuraient notamment des journalistes et des «parents» des prévenus, souligne le communiqué.

Les reporters étrangers étaient toutefois empêchés d'accéder au tribunal, a constaté l'AFP. Et le comité de soutien des accusés a démenti lundi devant la presse à Hong Kong la présence des familles, qui ne pouvaient assister à l'audience.

 «Profondément préoccupé»

Plusieurs proches se sont plaints de n'avoir pas pu avoir de véritable contact avec les avocats de la défense, imposés par les autorités chinoises.

«Cette procédure judiciaire inique est la preuve qu'il s'agit d'une persécution politique», a dénoncé le comité de soutien dans un communiqué.

Une dizaine de diplomates de plusieurs pays (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni) ont également été empêchés d'entrer dans le tribunal.

Selon leurs familles, trois des accusés disposent de la nationalité britannique, portugaise et vietnamienne.

Un porte-parole de la diplomatie chinoise a fait part lundi de sa «ferme opposition» aux propos de l'ambassade des Etats-Unis, exhortant Washington à «arrêter toute ingérence» dans ses affaires intérieures.

«Les lois doivent être respectées et les contrevenants poursuivis», a-t-il souligné.

Dix prévenus ont été jugés lundi. Les deux autres, mineurs au moment des faits, doivent être jugés séparément à une date non précisée.

Deux des 12 accusés sont accusés d'avoir organisé la fuite de l'ensemble du groupe. Ils risquent une peine plus lourde allant jusqu'à sept ans de prison.

Les opposants avaient disparu dans l'opaque système judiciaire chinois depuis leur arrestation.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab a indiqué lundi dans un communiqué que Londres, ex-puissance coloniale à Hong Kong, était «profondément préoccupé» par le fait que les militants hongkongais «ont été jugés au secret».

«Nous attendons de la Chine qu'elle fasse respecter l'État de droit et mène les procès de manière équitable et transparente.»

Loi controversée

Certains des passagers du hors-bord étaient déjà menacés de poursuites à Hong Kong pour leur implication dans les immenses manifestations pro-démocratie, souvent violentes, ayant secoué la ville l'an dernier.

La contestation a été étouffée début 2020 par l'épidémie de Covid-19, qui a entraîné la fin des manifestations, puis par l'imposition fin juin dans le territoire d'une nouvelle loi rigoureuse sur la «sécurité nationale».

Pékin la juge indispensable pour restaurer la stabilité à Hong Kong. Ses détracteurs estiment qu'elle a mis fin aux libertés du territoire, garanties lors de sa rétrocession à la Chine par le Royaume-Uni en 1997.

Seules les familles étaient autorisées à demander au juge la permission d'assister au procès. Mais pour cause d'épidémie, les habitants de Hong Kong ne peuvent entrer actuellement en Chine continentale.

Lundi également, la «journaliste citoyenne» Zhang Zhan, arrêtée après avoir couvert en début d'année la mise en quarantaine de la ville de Wuhan (centre), berceau du nouveau coronavirus, a été condamnée à Shanghai (est) à quatre ans de prison.

La Chine a pour habitude de condamner des opposants lors des fêtes de fin d'année, lorsque l'attention du reste du monde est réduite.

 


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
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  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.