Le maire de Bethléem compare la guerre à Gaza au massacre biblique des enfants

Les dirigeants de l'Église de Jérusalem et le conseil municipal de Bethléem ont pris la décision le mois dernier de renoncer à toute célébration de Noël « inutilement festive » en solidarité avec les Gazaouis (Photo, AFP).
Les dirigeants de l'Église de Jérusalem et le conseil municipal de Bethléem ont pris la décision le mois dernier de renoncer à toute célébration de Noël « inutilement festive » en solidarité avec les Gazaouis (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

Le maire de Bethléem compare la guerre à Gaza au massacre biblique des enfants

  • Les attaques d'Israël «rappellent le massacre perpétré par Hérode», indique Hanna Hanania
  • Mais «les habitants de notre ville et le peuple palestinien veulent une paix véritable», déclare-t-il

AMMAN: Le conflit à Gaza a jeté une ombre sur Bethléem, lieu de naissance révéré de Jésus. Son maire, Hanna Hanania, a parlé à Arab News de l'impact préjudiciable du blocus israélien sur l'industrie touristique de la ville, une activité économique vitale.

«Le bouclage sévère de Bethléem par Israël a empêché les touristes et les pèlerins de visiter la ville, mais il nous a également privés de la possibilité d'un tourisme interne», a-t-il révélé.

En signe de solidarité avec le peuple palestinien, le conseil municipal de Bethléem réduira cette année ses festivités de Noël habituelles.

«Conformément au statu quo traditionnel, nous accueillerons toujours les chefs des trois églises lors de leur visite annuelle de Noël à Bethléem. Les scouts continueront à défiler, mais sans musique. Il n'y aura pas d'illumination de l'arbre de Noël ni d'autres décorations et la veille de Noël sera simplement une cérémonie religieuse», a signalé Hanania.

Le maire établit un parallèle entre la situation à Gaza et les anciennes tragédies qui ont frappé Bethléem.

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La maire de Bethléem, Hanna Hanania, a souligné les disparités entre les Palestiniens et les résidents des colonies juives illégales voisines (Photo, Fournie).

«Les attaques contre Gaza et le massacre d'enfants rappellent le massacre des enfants de Bethléem par Hérode, à la naissance de Jésus», a-t-il expliqué.

«Bethléem a reçu le message de paix il y a 2 000 ans et c'est ce message que nous voulons proclamer. Les habitants de notre ville et le peuple de Palestine veulent une paix véritable», a-t-il précisé.

Discrimination et vol 

Lors d'une récente réunion avec l'ambassadeur britannique, Hanania a exprimé son mécontentement face à la répétition du discours israélien par l'envoyé, soulignant les problèmes profondément enracinés auxquels sont confrontés les Palestiniens.

«Nos problèmes n'ont pas commencé le 7 octobre, mais nous souffrons de discrimination et de tentatives d'appropriation de notre terre et de nos droits depuis que Balfour a fait sa promesse infâme de permettre aux Juifs de voler notre terre», a-t-il clarifié.

Au cours de la réunion, Hanania a souligné les disparités entre les Palestiniens et les habitants des colonies juives illégales situées à proximité. Il a souligné la répartition inéquitable des ressources, en particulier de l'eau, les colons recevant deux fois plus d'eau de l'aquifère de Bethléem.

«Ils reçoivent 150 litres par habitant et par jour, tandis que nous recevons 65 litres par habitant et par jour, bien que l'eau provienne de la nappe phréatique de Bethléem», a-t-il indiqué.

Depuis le 7 octobre, la ville a été confrontée à une hausse des prix et à un accès limité aux produits frais en raison du blocus, a-t-il déclaré.

Les préoccupations environnementales se sont également aggravées à cause de l'accès restreint aux installations d'élimination des déchets à Hébron, obligeant la ville de Bethléem à utiliser une décharge temporaire, moins sûre, à Beit Sahour.

Les élections municipales de l'année dernière ont marqué un tournant dans le parcours de Hanania en tant que maire.

«Les élections municipales de 2022 à Bethléem ont été très problématiques», a-t-il déclaré. «Onze listes ont participé, mais bien que nous ayons remporté le plus grand nombre de sièges, soit cinq sièges, et que je sois arrivé en tête des suffrages, il a été difficile de former une coalition, car tout le monde voulait être maire.»

L'intervention d'un haut responsable palestinien a abouti à un accord de rotation, en vertu duquel le mandat de Hanania prendra fin le 8 janvier.

Son mandat a été marqué par des initiatives stratégiques visant à améliorer la situation financière et culturelle de Bethléem. Il a fait pression avec succès pour que la ville participe à un projet pilote lui permettant de percevoir directement les taxes d'habitation, réglant ainsi le problème crucial des retards des flux de trésorerie de l'Autorité palestinienne.

Hanania a également mené d'importants projets touristiques, notamment la rénovation du musée de Bethléem près de l'église de la Nativité. Il s'est fait l'avocat de la préservation culturelle et s'est efforcé de consolider l'attrait de la ville en tant que centre touristique, religieux et historique.

Il a joué un rôle déterminant dans la promotion du patrimoine de Bethléem, en plaidant pour la préservation de ses sites historiques et de ses traditions, qui font partie intégrante de son identité et de son attrait touristique.

Cette initiative, associée à une visite obligatoire du musée pour les visiteurs de l'église, promettait de décongestionner la ville et de générer des revenus importants. Le développement d'un circuit pédestre le long de la rue historique Star Street, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, et la mise en place d'une taxe de séjour font également partie de ces efforts.

«Le musée devait présenter un récit religieux, un récit national et un récit culturel de la ville de Bethléem», a déclaré Hanania.

«Les touristes devraient payer une petite taxe de 5 dollars américains, ce qui rapporterait environ 10 millions de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) dans les caisses de la ville, car nous avons normalement une moyenne de 2 millions de visiteurs (par an) à l'église de la Nativité», a-t-il ajouté.

«La visite du musée permettrait de réduire l'affluence à l'église et offrirait aux touristes un abri contre la pluie ou la chaleur estivale jusqu'à ce qu'ils visitent à leur tour le lieu de naissance de Jésus», a-t-il mentionné.

Bien que le conflit de Gaza ait bloqué de nombreux projets de Hanania, il reste optimiste quant à leurs retombées à long terme. Il s'inspire d'un proverbe arabe qui dit qu'il faut semer pour récolter, espérant que ses efforts auront des aboutissements positifs pour Bethléem et ses habitants.

Alors que son mandat de maire touche à sa fin, il a soutenu qu'il envisageait un avenir dans lequel Bethléem pourrait prospérer en tant que phare de la culture, de l'histoire et de la paix, attirant des visiteurs du monde entier sur ses sites sacrés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.