Un chef et un membre d'une faction pro-iranienne tués à Bagdad par une frappe américaine

Des membres du Hachd al-Shaabi irakien se rassemblent à l'entrée de leur quartier général à Bagdad le 4 janvier 2024, à la suite d'une frappe signalée le 4 janvier 2024. (AFP)
Des membres du Hachd al-Shaabi irakien se rassemblent à l'entrée de leur quartier général à Bagdad le 4 janvier 2024, à la suite d'une frappe signalée le 4 janvier 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 janvier 2024

Un chef et un membre d'une faction pro-iranienne tués à Bagdad par une frappe américaine

  • Ces dernières semaines, les groupes armés du Hachd al-Chaabi irakien ont été à plusieurs reprises la cible de bombardements, dont certains ont été revendiqués par les Etats-Unis
  • Une nébuleuse affiliée au Hachd al-Chaabi et baptisée "Résistance islamique en Irak" revendique, elle, quasi systématiquement les attaques de drones et de roquettes qui visent les troupes américaines

BAGDAD: Un chef et un autre membre du groupe armé pro-iranien Hachd al-Chaabi ont été tués à Bagdad jeudi par une frappe de drone américaine, nouveau développement en Irak dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

"Cette frappe était un acte de légitime défense" et visait un chef "activement impliqué dans l'organisation et la réalisation d'attaques contre les troupes américaines", a déclaré jeudi le porte-parole du Pentagone Pat Ryder à des journalistes.

Le gouvernement irakien avait évoqué plus tôt une "agression" perpétrée par la coalition internationale antijihadistes, sans toutefois pointer du doigt Washington nommément.

"Aucun civil n'a été blessé. Aucune infrastructure ou installation n'a été touchée", a assuré le général américain.

La frappe "de drone" a visé "un centre de soutien logistique du Hachd al-Chaabi" dans l'est de la capitale irakienne, a indiqué un responsable sécuritaire irakien sous couvert d'anonymat, ajoutant que "deux membres (du Hachd al-Chaabi, ndlr) avaient été tués et sept autres blessés".

"Le commandant adjoint des opérations pour Bagdad, Mushtaq Talib al-Saïdi" est "tombé en martyr dans une frappe américaine", a précisé le mouvement al-Nujaba, l'une de ces factions pro-iraniennes et farouchement anti-américaine, dans un communiqué.

Une source au sein du Hachd al-Chaabi a confirmé ce bilan.

Ces dernières semaines, les factions armées du Hachd al-Chaabi irakien ont été à plusieurs reprises la cible de bombardements, dont certains revendiqués par les Etats-Unis, pays que les factions pro-iraniennes honnissent pour son soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas.

Une nébuleuse affiliée au Hachd al-Chaabi et baptisée "Résistance islamique en Irak" revendique, elle, quasi systématiquement les attaques de drones et de roquettes qui visent les troupes américaines et celles de la coalition internationale antijihadistes déployées en Irak.

«Escalade et agression dangereuses»

L'attaque de drone jeudi intervient au lendemain du quatrième anniversaire de la mort de Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué par une attaque de drone américaine en janvier 2020 à Bagdad.

Elle survient dans un contexte régional très tendu depuis le début le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas, et deux jours après l'élimination d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe à Beyrouth, attribuée à Israël.

En début de soirée, quelques centaines de personnes affluaient devant des locaux du Hachd al-Chaabi situés rue Palestine pour les funérailles des deux membres de l'organisation, selon un correspondant de l'AFP.

Certains brandissaient des drapeaux du Hachd al-Chaabi, un autre portait une pancarte sur laquelle était écrit: "Mort à Israël" et "Mort à l'Amérique".

Le gouvernement irakien a dénoncé une "escalade et une agression dangereuses", accusant la coalition internationale.

L'Irak constitue "un partenaire important et estimé" des Etats-Unis, a réaffirmé jeudi le porte-parole du Pentagone, assurant que les forces américaines "sont sur place sur l'invitation du gouvernement irakien pour former et conseiller", dans le cadre de la mission antijihadiste.

"Comme nous l'avons fait jusqu'à présent, nous allons continuer à travailler étroitement avec le gouvernement irakien au sujet de la sécurité des troupes américaines", a-t-il poursuivi.

Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani est contraint de se livrer à un délicat exercice d'équilibriste pour préserver les liens stratégiques avec Washington.

Certains partis qui soutiennent M. Soudani sont la vitrine politique de factions du Hachd al-Chaabi, une coalition d'anciens paramilitaires chiites proches de l'Iran et désormais intégrés aux forces régulières irakiennes.

Hadi al-Ameri, l'une des figures du Hachd al-Chaabi, a condamné un "crime odieux commis par les forces américaines criminelles", réclamant le "départ immédiat" de la coalition internationale.

Washington déploie environ 2.500 militaires en Irak et 900 en Syrie, dans le cadre du dispositif destiné à lutter contre une éventuelle résurgence du groupe Etat islamique.

Depuis le 17 octobre, les Etats-Unis ont recensé plus d'une centaine d'attaques en Irak et en Syrie contre leurs troupes.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.