Guerre Israël-Hamas: Nouveaux bombardements sur Gaza, craintes d'embrasement

De la fumée s'élève lors des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, photographiés depuis une position le long de la frontière dans le sud d'Israël, le 4 janvier 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo, AFP)
De la fumée s'élève lors des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, photographiés depuis une position le long de la frontière dans le sud d'Israël, le 4 janvier 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 janvier 2024

Guerre Israël-Hamas: Nouveaux bombardements sur Gaza, craintes d'embrasement

  • Près de trois mois après le début de la guerre, des frappes et tirs d'artillerie particulièrement intenses ont notamment touché au cours de la nuit Khan Younès
  • A la morgue de l'hôpital Nasser de Khan Younès, des corps de victimes sont étendus à même le sol

JÉRUSALEM: De nouveaux bombardements de l'armée israélienne sur la bande de Gaza ont fait des dizaines de morts jeudi, selon le Hamas, deux jours après l'élimination d'un haut dirigeant du mouvement islamiste palestinien au Liban, qui fait craindre un embrasement dans la région.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu pour sa quatrième visite dans la région depuis le début de la guerre à Gaza, avec une étape en Israël, en Cisjordanie occupée et dans cinq pays arabes notamment.

Il plaidera pour "des mesures immédiates à prendre pour accroître de manière substantielle l'aide humanitaire" dans le territoire palestinien, selon le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.

Les Gazaouis sont confrontés depuis bientôt trois mois à des frappes aériennes et des combats au sol mais aussi à de graves pénuries de nourriture, d'eau, de carburant et de médicaments alors que l'aide humanitaire entre au compte-gouttes dans le territoire assiégé, malgré une résolution de l'ONU.

Dans le petit territoire palestinien surpeuplé, 85% des 2,3 millions d'habitants ont dû quitter leur logement pour fuir les combats et les bombardements, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Depuis le début des hostilités, 22.438 personnes, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan du Hamas jeudi.

Israël a juré de "détruire" le Hamas après son attaque inédite sur le sol israélien le 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées lors d'une trêve fin novembre.

L'armée israélienne a annoncé jeudi soir que trois Israéliens portés disparus depuis le 7 octobre sont retenus en otage dans la bande de Gaza, portant à 132 le nombre de personnes toujours aux mains du mouvement, classé organisation terroriste par les États-Unis, Israël et l'Union Européenne.

Tensions accrues

D'intenses frappes et tirs d'artillerie israéliens ont encore touché ces dernières heures Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza devenue l'épicentre des opérations, selon un correspondant de l'AFP.

A la morgue de l'hôpital Nasser à Khan Younès, Baha Abou Hatab, en pleurs, est penché au-dessus des corps de ses neveux.

"Ils ont été évacués dans un champ agricole, où ils ont construit une tente pour se protéger du froid, mais les frappes aériennes israéliennes les ont touchés pendant qu'ils dormaient. Pourquoi ? Parce que ce sont des enfants ? Parce qu'ils menacent Israël et les États-Unis ?", se lamente-t-il auprès de l'AFPTV.

Le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans la bande Gaza, a fait état de dizaines de morts et de plus de 100 blessés dans les frappes israéliennes de la nuit.

L'armée israélienne dit avoir visé notamment des "terroristes qui voulaient placer un engin explosif près de soldats" et un dépôt d'armes du Hamas à Khan Younès.

Elle a également annoncé jeudi avoir tué, dans le nord de la bande de Gaza, Mamdouh Lolo, un cadre du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien impliqué dans les combats.

Les brigades al-Qods du Jihad islamique ont dit avoir visé la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, où des sirènes annonçant des tirs de roquettes ont retenti jeudi.

Les craintes de voir cette guerre embraser le Moyen-Orient se sont encore accrues après l'élimination mardi à Beyrouth du numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, tué par une frappe attribuée à Israël.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU «inquiet» des appels à «transférer» les Palestiniens hors de Gaza

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk s'est dit jeudi "très inquiet" après les commentaires de hauts responsables israéliens appelant les Palestiniens à quitter Gaza.

"Très troublé par les déclarations de hauts responsables israéliens sur les projets de transfert de civils de la bande de Gaza vers des pays tiers", a déclaré M. Türk sur le réseau social X.

"Le droit international interdit le transfert forcé de personnes protégées à l'intérieur d'un territoire occupé ou leur expulsion de ce territoire", a-t-il rappelé.

Il a également indiqué que "85% des habitants de Gaza sont déjà des déplacés internes", avant d'ajouter: "Ils ont le droit de rentrer chez eux".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a appelé lundi à un retour de colons juifs à Gaza après la guerre en cours déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, et a "encouragé" la population palestinienne à émigrer.

"La promotion d'une solution encourageant l'émigration des habitants de Gaza est nécessaire. C'est une solution correcte, juste, morale, et humaine", a déclaré M. Ben Gvir lors d'une réunion de son parti, selon les propos qu'il a lui-même partagés sur les réseaux sociaux.

Un autre représentant de l'extrême droite au sein du gouvernement de Benjamin Netanyahu, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, avait lui aussi préconisé dimanche un retour de colons juifs à Gaza et une émigration de sa population palestinienne.

Israël a évacué en 2005 son armée et ses quelque 8.000 colons de ce territoire palestinien occupé depuis 1967, dans le cadre du plan de retrait unilatéral du Premier ministre d'alors Ariel Sharon.

 

«Importantes capacités»

Plusieurs centaines de personnes ont participé jeudi à ses funérailles avant une inhumation dans le camp de réfugiés palestiniens de Chatila dans la capitale libanaise, a constaté l'AFP.

Cette frappe n'a pas été revendiquée mais Israël a été immédiatement pointé du doigt par le Hamas et le Hezbollah libanais, mouvement islamiste pro-iranien. A Washington, un responsable américain a lui aussi évoqué une frappe israélienne.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde Israël contre toute nouvelle escalade après la mort de Saleh al-Arouri.

En Israël, le chef d'état-major de l'armée, Herzi Halevi, a indiqué que ses troupes étaient en état d'alerte à la frontière avec le Liban, théâtre quasi quotidien d'échanges de tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Alors que plusieurs chancelleries se sont inquiétées d'un risque d'escalade de ce conflit notamment en Iran, où un attentat a fait 84 morts mercredi près de la tombe de Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations iraniennes au Moyen-Orient, le groupe jihadiste État islamique (EI) a revendiqué l'attaque jeudi soir.

En mer Rouge, où les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, multiplient les attaques pour freiner le trafic maritime en "soutien" à Gaza, un drone naval chargé d'explosifs a explosé jeudi soir sans faire de blessés, a annoncé un responsable américain.

Les tensions se multiplient aussi en Syrie et en Irak, où des bases américaines sont prises pour cible.

"Le Hamas dispose toujours d'importantes capacités à Gaza", a déclaré à Washington le porte-parole du conseil de sécurité nationale, John Kirby.

"Nous pensons que réduire et défaire les capacités du Hamas à mener des attaques en Israël est un objectif absolument réalisable pour les forces militaires israéliennes. Cela peut être fait, militairement. Son idéologie va-t-elle être éliminée? Non. Et le groupe est-il susceptible d'être annihilé? Probablement pas", a-t-il ajouté.


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".