En France, Macron rend un hommage solennel à Delors, «architecte de l'Europe unie»

Le chef de l'État français Emmanuel Macron préside vendredi un hommage solennel à Jacques Delors, "architecte de l'Europe unie" dont il invoque "l'héritage" pour les "choix décisifs" que devra faire le Vieux Continent en cette année d'élections européennes. (AFP)
Le chef de l'État français Emmanuel Macron préside vendredi un hommage solennel à Jacques Delors, "architecte de l'Europe unie" dont il invoque "l'héritage" pour les "choix décisifs" que devra faire le Vieux Continent en cette année d'élections européennes. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 janvier 2024

En France, Macron rend un hommage solennel à Delors, «architecte de l'Europe unie»

  • Macron, qui a déjà salué l'«inépuisable artisan de notre Europe», a choisi de lui rendre un hommage national dans la cour de l'Hôtel national des Invalides à Paris en présence de nombreux dirigeants européens
  • Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, le président a invoqué son «héritage» pour appeler à faire en 2024 le «choix décisif» d'une «Europe plus forte, plus souveraine»

PARIS: Le chef de l'État français Emmanuel Macron préside vendredi un hommage solennel à Jacques Delors, "architecte de l'Europe unie" dont il invoque "l'héritage" pour les "choix décisifs" que devra faire le Vieux Continent en cette année d'élections européennes.

L'ancien président de la Commission européenne, père de l'euro et espoir éphémère de la gauche à la présidentielle française de 1995, est décédé le 27 décembre à l'âge de 98 ans.

Le président français, qui a déjà salué l'"inépuisable artisan de notre Europe", a choisi de lui rendre un hommage national qui débute à 11H00 (10H00 GMT) dans la cour de l'Hôtel national des Invalides à Paris en présence de nombreux dirigeants européens.

Une "innovation" sera apportée au rite républicain, en lien avec l'aura continentale de Jacques Delors: après l'éloge funèbre d'Emmanuel Macron, la sonnerie aux morts, la minute de silence et la Marseillaise, l'hymne national français, retentira l'Ode à la joie, l'hymne européen, interprété par l'orchestre de la Garde républicaine, a annoncé jeudi l'Élysée.

Emmanuel Macron devrait expliquer que "la France ne serait pas restée une puissance souveraine dans l'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui sans Jacques Delors", a expliqué un conseiller à des journalistes. Elle "serait sans doute moins maîtresse de son destin".

Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, le président a invoqué son "héritage" pour appeler à faire en 2024 le "choix décisif" d'une "Europe plus forte, plus souveraine".

Cent étudiants Erasmus 

Pour rappeler ses "réalisations concrètes", une centaine d'étudiants du programme Erasmus venus de toute l'Europe seront présents à l'hommage.

Même s'il ne s'agit pas de le transformer en tribune de campagne, le discours d'Emmanuel Macron, qui se pose régulièrement en chef de file des "progressistes" pro-européens, devrait résonner à l'aune des élections européennes de juin, alors que l'extrême droite est en tête dans les sondages en France.

D'autant qu'il sera en présence du Premier ministre hongrois Viktor Orban, l'un des chefs de file du camp nationaliste en Europe.

La France a invité tous les chefs d’État et de gouvernement de l'Union européenne, ainsi que les dirigeants des institutions communautaires, actuels ou en exercice lorsque Jacques Delors siégeait à Bruxelles, de 1985 à 1995.

Une dizaine de dirigeants en exercice ont confirmé leur présence, dont le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le Premier ministre belge Alexander De Croo. Les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement et de la Banque centrale européens sont aussi attendus, avant un hommage européen à Bruxelles plus tard en janvier.

Tous seront ensuite reçus pour un déjeuner au palais de l’Élysée par Emmanuel Macron.

Lors de l'hommage, le président français célèbrera aussi le rôle joué par Jacques Delors en France.

Le social-démocrate avait déçu son camp en renonçant à briguer la présidence en 1995, après ses deux mandats à Bruxelles. Mais avant cela, il avait marqué la vie politique en cheminant avec le gaulliste social Jacques Chaban-Delmas à la fin des années 1960 puis en pesant de tout son poids pour que la France reste dans l'Europe en 1983, lorsqu'il était ministre de l'Economie du président socialiste François Mitterrand.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.