Le patron de General Electric assuré d'empocher un bonus de 47 millions de dollars

Des sources internes à l'entreprise disent reconnaître que les primes sont extraordinaires au vu du déclin de l'entreprise, mais font remarquer que tout cet argent ne sera disponible qu'au début de 2024 au plus tôt. (Photo, AFP)
Des sources internes à l'entreprise disent reconnaître que les primes sont extraordinaires au vu du déclin de l'entreprise, mais font remarquer que tout cet argent ne sera disponible qu'au début de 2024 au plus tôt. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

Le patron de General Electric assuré d'empocher un bonus de 47 millions de dollars

  • Le bonus de M. Culp, aux commandes depuis le 1er octobre 2018, pourrait même atteindre le montant faramineux de 230 millions de dollars 
  • Le 18 août, GE a amendé le plan de rémunération de M. Culp, en adoptant de nouveaux termes très favorables au dirigeant

WASHINGTON : Deux ans après avoir pris les rênes de General Electric, à la dérive à la suite de mauvais paris dans l'énergie, Larry Culp voit son risque fortement récompensé: le patron de GE est assuré de toucher un bonus de près de 47 millions de dollars alors que le groupe industriel licencie des milliers d'employés, notamment en France, pour répondre à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19.

Le bonus de M. Culp, aux commandes depuis le 1er octobre 2018, pourrait même atteindre le montant faramineux de 230 millions de dollars s'il parvenait à atteindre des objectifs financiers pourtant particulièrement bas, selon des documents adressés au gendarme américain de la Bourse, la SEC.

Le grand patron avait touché près de 25 millions de dollars au titre de sa rémunération 2019. 

Mais cet été, face aux difficultés rencontrées par la division aviation, qui fabrique les moteurs d'avions LEAP en partenariat avec le groupe français Safran, GE a déployé une véritable offensive de charme pour éviter le départ de M. Culp.

Le 18 août, GE a amendé le plan de rémunération de M. Culp, en adoptant de nouveaux termes très favorables au dirigeant par rapport au contrat de travail initial signé en octobre 2018.

La société a prolongé son contrat jusqu'en 2024 avec une option d'un an supplémentaire et a ensuite abaissé les objectifs financiers qu'elle lui avait fixés, lui donnant ainsi davantage de temps pour redresser l'entreprise.

«Scandaleux»

Dans le détail, si Larry Culp, 57 ans, pouvait permettre à l'action GE d'atteindre le seuil des 10 dollars et au-delà à Wall Street, au lieu de 19 dollars auparavant, et d'y rester pendant 30 jours, il empocherait 47 millions de dollars en stock-options, qu'il pourrait toucher en 2024. C'est le cas depuis plusieurs jours.

En août, l'action s'échangeait aux alentours de 6,67 dollars, mais s'est envolée depuis dans le sillage des marchés, enthousiasmés par les nouvelles sur le front du vaccin contre le Covid-19. 

Larry Culp pourrait toucher un bonus total de 230 millions de dollars si l'action GE montait jusqu'à 17 dollars au moins, contre 31 dollars dans le précédent plan de rémunération.

Un objectif qu'il ne devrait pas avoir du mal à atteindre puisqu'il a jusqu’en 2025 pour y parvenir. D'ici là, l'économie mondiale devrait retrouver des couleurs, ce qui devrait affecter positivement les activités de General Electric.

«C'est scandaleux», a réagi Carl Kennebrew, président de l'IUE-CWA, syndicat de salariés de GE. «Comment GE peut-il justifier ce type de gros bonus pour son PDG alors que les travailleurs, leurs familles et les communautés souffrent des suppressions d'emplois et des délocalisations ?».

Le syndicaliste estime que cet argent devrait être «investi dans les usines américaines de GE, nos emplois».

Des sources internes à l'entreprise disent à l'AFP reconnaître que les primes sont extraordinaires au vu du déclin de l'entreprise, mais font remarquer que tout cet argent ne sera disponible qu'au début de 2024 au plus tôt.

«Sous la houlette de Larry, GE a fait des progrès significatifs par rapport aux objectifs qu'il avait fixés au premier jour de sa prise de fonctions en tant que PDG: améliorer la situation financière de l'entreprise et renforcer l'activité», a déclaré à l'AFP une porte-parole.

Suppression de 13 000 emplois

Le bonus de Larry Culp a déjà été rapporté par Bloomberg, le Financial Times et d'autres médias. 

La stratégie de M. Culp a entraîné «un avenir incertain pour beaucoup d'anciens employés. Bien plus incertain que celui de M. Culp», fustige Brooke Sutherland, chroniqueuse chez Bloomberg Opinion, dans le Washington Post.

GE a multiplié depuis deux ans les plans sociaux à travers le monde, et notamment sur son site français de Belfort. La société a annoncé au printemps un plan d'économies de 2 milliards de dollars, passant par la suppression de 13 000 postes. De nouvelles coupes sont à venir, a déjà prévenu le groupe.

Certes, GE est parvenu à diminuer drastiquement ses pertes l'an dernier, mais a encore enregistré une perte nette de 1,2 milliard de dollars au troisième trimestre.

Le groupe est toujours lourdement endetté. Son activité de turbines est en surcapacités, tandis que le plongeon de la demande pour les avions va impacter considérablement la production des moteurs, de pièces détachées et les services de maintenance.

 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.