Les enjeux d’une normalisation Maroc-Israël

Le gouverneur marocain Yacoubi accueillant le conseiller présidentiel américain Jared Kushner et le conseiller à la sécurité nationale israélienne Meir Ben Shabbat à leur arrivée dans la capitale sur le premier vol commercial direct Israël-Maroc le 22 décembre 2020 (Photo, AFP).
Le gouverneur marocain Yacoubi accueillant le conseiller présidentiel américain Jared Kushner et le conseiller à la sécurité nationale israélienne Meir Ben Shabbat à leur arrivée dans la capitale sur le premier vol commercial direct Israël-Maroc le 22 décembre 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

Les enjeux d’une normalisation Maroc-Israël

  • Le Maroc a réitéré sa position en faveur de la cause palestinienne qui reste inchangée, selon le roi du Maroc, Mohammed VI
  • La communauté juive marocaine voue une admiration sans faille à la famille royale alaouite du Maroc. En 1941, le sultan Mohammed V a refusé de livrer au régime nazi les Marocains juifs et les réfugiés fuyant le nazisme

CASABLANCA:  Le 10 décembre 2020, l’agence de presse officielle marocaine, Maghreb Arabe Presse (MAP), diffuse un communiqué du cabinet royal à la suite d’un entretien téléphonique entre le roi Mohammed VI et le président américain Donald Trump. Dans sa première partie, le communiqué du cabinet royal se félicite de la reconnaissance par l’administration américaine de la marocanité du Sahara occidental, reconnaissant, pour la première fois, la pleine souveraineté du royaume du Maroc sur l’ensemble de la région du Sahara occidental.

Un exploit diplomatique rapidement relayé par la presse nationale et internationale. Si les Marocains, sur les réseaux sociaux, ont manifesté leur joie devant cet exploit diplomatique, la deuxième partie du communiqué du cabinet royal n’a pas fait l’unanimité. Le Maroc a en effet annoncé une normalisation avec Israël. Les premiers à critiquer ce «deal» sont les partis islamistes et ceux de la gauche, particulièrement la gauche radicale, en plus de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). On crie à la trahison et au dépassement d’une ligne rouge, selon eux.

«La politique étrangère marocaine n'a jamais été du marchandage»

Essayant de calmer les opposants, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a réagi ainsi, quelques heures après l’annonce: «La politique étrangère marocaine n'a jamais été du marchandage. Elle n'a jamais été dans le deal. La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara ne s'est pas faite en échange du rétablissement des relations entre le Maroc et Israël.» Pour lui, il ne s’agit pas d’une normalisation. «Les relations entre le Maroc et Israël existaient déjà, notamment à travers un bureau de liaison opérationnel depuis 1994 et qui a été fermé en 2002», estime-t-il. Ce bureau de liaison sera donc à nouveau opérationnel. En outre, des liaisons aériennes directes seront ouvertes pour le transport des membres de la communauté juive marocaine et des touristes israéliens en provenance et à destination du Maroc.  

Mohammed VI réaffirme son soutien à Mahmoud Abbas

Pour Nasser Bourita, la réactivation des mécanismes des relations avec Israël, «qui existaient et qui ont servi depuis des années comme un outil de paix et de rapprochement, va servir la cause palestinienne. Le Maroc est connu, reconnu, comme un acteur important du dossier du Moyen-Orient. Le Royaume joue le rôle d'intermédiaire et de facilitateur crédible auprès de tous les protagonistes», souligne le ministre marocain des Affaires étrangères. D’ailleurs, une heure après l’annonce de la normalisation entre les deux États, le roi Mohammed VI a eu un entretien téléphonique avec Mahmoud Abbas, président de l’Autorité nationale palestinienne.

«La cause palestinienne demeure inchangée»

Pour le roi, la position du Maroc soutenant la cause palestinienne demeure inchangée. Il a rappelé les trois fondamentaux de cette position. Premièrement, l'attachement à une solution sur la base des deux États, un État palestinien et un État israélien. Deuxièmement, le principe de la négociation directe entre Palestiniens et Israéliens comme seul processus pour parvenir à une paix durable. Et troisièmement, en tant que président du comité d’Al-Qods relevant de l'Organisation de la coopération islamique, le roi «est attaché à la préservation du cachet islamique de la ville sainte et de l'ouverture de la ville sainte à tous les pratiquants des trois religions monothéistes». Si les autorités marocaines préfèrent ne pas parler d’une quelconque normalisation, il s’agit bel et bien d’une normalisation, puisqu’il y aura une reprise des contacts officiels et des relations diplomatiques, une promotion des relations économiques et une ouverture du ciel entre les deux pays. En tout cas, pour le moment, l’ouverture d’une ambassade israélienne n’est pas à l’ordre du jour. Elle surviendra dans le courant de l’année 2021, nous confie une source proche du dossier.

700 000 Marocains de confession juive établis en Israël 

Quoi qu’il en soit, la normalisation entre le Maroc et Israël a été célébrée par les communautés juives dans plusieurs pays, particulièrement en Israël, le pays comptant près de 700 000 Marocains de confession juive. Une normalisation leur permettra, en effet, de se rendre facilement au Maroc pour les visites familiales et la célébration de fêtes religieuses. D’un autre côté, le Maroc compte aujourd’hui une très grande communauté juive (près de 3 000 membres). Historiquement et culturellement, la composante juive a toujours été présente dans la culture marocaine.

La Constitution marocaine stipule que «l’affluent juif» fait partie des composantes de la culture et de la civilisation marocaines. Le roi Mohammed VI compte d’ailleurs parmi ses conseillers un marocain de confession juive. Né à Essaouira, André Azoulay se charge depuis plusieurs années de sujets relatifs à la tolérance et au rapprochement entre les religions et les cultures judéo-musulmanes. De même, les juifs vouent une admiration sans faille à la famille royale alaouite du Maroc. Un attachement qui puise ses racines en 1941, lorsque le sultan du Maroc, Mohammed V, a refusé de livrer au régime nazi les Marocains juifs et les réfugiés fuyant le nazisme. «Un acte noble de bravoure», se rappellent encore aujourd’hui les juifs marocains, qui qualifient Mohammed V de «sultan protecteur».


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com