En visite à Clichy-sous-Bois, Macron défend le «symbole» Dati

Pour sa première sortie sur le terrain depuis le remaniement, Emmanuel Macron s'est rendu jeudi à Clichy-sous-Bois avec sa nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati (Photo, AFP).
Pour sa première sortie sur le terrain depuis le remaniement, Emmanuel Macron s'est rendu jeudi à Clichy-sous-Bois avec sa nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

En visite à Clichy-sous-Bois, Macron défend le «symbole» Dati

  • Silencieuse au côté du chef de l'Etat durant leur visite de deux heures dans une résidence d'artistes, Mme Dati a eu droit aux louanges présidentiels
  • Ce déplacement est au coeur d'une commune déshéritée de Seine-Saint-Denis, foyer des émeutes urbaines de 2005

CLICHY-SOUS-BOIS: Un déplacement entouré de jeunes et très politique: pour sa première sortie sur le terrain depuis le remaniement, Emmanuel Macron s'est rendu jeudi à Clichy-sous-Bois avec sa nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati, un "symbole" dont il vanté "l'énergie" et le "talent".

Mieux qu'une prise de guerre, un trophée. Silencieuse au côté du chef de l'Etat durant leur visite de deux heures dans une résidence d'artistes, Mme Dati a eu droit aux louanges présidentiels.

"La ministre de la Culture, quand elle voit des jeunes de Clichy, ils disent: +je vous aime beaucoup car vous me ressemblez+", a déclaré M. Macron, ajoutant qu'"on gouverne toujours par de l'efficacité et des symboles".

Et quel symbole que ce déplacement au coeur d'une commune déshéritée de Seine-Saint-Denis, foyer des émeutes urbaines de 2005, avec une figure de la diversité et de la réussite sociale, transfuge des Républicains et surprise du gouvernement Attal.

"Une chance", a estimé M. Macron, ravi que "des gens qui viennent d'horizons politiques différents (soient) prêts à mettre leur talent politique, leur énergie et ce qu'ils inspirent aux plus jeunes, au service de (son) projet", à savoir "de permettre à tous d'accéder à la culture".

Feuille de route qui s'est enrichie d'un objectif: "ouvrir l'accès à la culture" durant l'été 2024, avec une offre de théâtre, de musique, voire de cinéma proposée "de manière totalement gratuite" autour des Jeux olympiques. Charge à la ministre de "revenir dans quelques semaines avec un programme détaillé", a-t-il indiqué.

Deux jours après une conférence de presse aux forts accents conservateurs, le locataire de l'Elysée a pris le contrepied, martelant que "la culture est au coeur du projet républicain" tout au long de sa visite des Ateliers Médicis, où le cinéaste Ladj Ly a notamment développé son école de cinéma.

Tandis que le président accaparait l'attention en multipliant les échanges avec des jeunes souvent très enthousiastes, Mme Dati est restée discrète, refusant de répondre aux journalistes, sinon pour dire: "J'accompagne le président".

«Objectif, Paris»

Une phrase encore inimaginable la semaine dernière. La nomination de cette proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, dont elle fut ministre de la Justice, et qui cultive sa liberté d'action a en effet été la sensation du nouveau casting gouvernemental.

Les Républicains (LR), dont elle a aussitôt été exclue, crient depuis à la "trahison" et la qualifient de "grenade dégoupillée" ou de "bombe à retardement". Son arrivée a aussi créé des remous dans le camp présidentiel, où certains la jugent incontrôlable et "à risque" en raison de ses ennuis judiciaires.

Mme Dati est en effet mise en examen pour "corruption" et "trafic d'influence passif" dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan à l'époque où Carlos Ghosn dirigeait le groupe.

Pas de quoi impressionner l'intéressée, qui s'est déclarée candidate aux municipales de 2026 dans la capitale. "Mon objectif, c'est Paris", a-t-elle annoncé mercredi, au risque d'un télescopage avec sa mission à la tête du ministère de la Culture.

Et quitte à faire mentir M. Macron, qui avait réfuté la veille toute discussion, et a fortiori tout accord, avec sa nouvelle ministre en vue de la bataille pour la mairie de Paris.

"Il y a peut-être des ministres qui ont des ambitions politiques, en 2026 ou en 2027, mais ils sont ministres à temps plein", a assuré le chef de l'Etat jeudi. "Tout le monde est au boulot" et Mme Dati "est au boulot pour la culture", a-t-il ajouté.

Mais ses opposants voient les choses autrement, comme l'écologiste Sandrine Rousseau accusant sur TF1 Rachida Dati d'être "là non pas pour être ministre de la Culture mais pour préparer la candidature de Paris", ou l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls dénonçant une "triple provocation" à l'égard de la droite, de la justice et du monde de la culture qui a "le sentiment d'être pris en otage" par ce "coup politique".

La culture, "ce n'est pas un plan de carrière, je n'ai jamais raisonné comme ça", a assuré Mme Dati jeudi soir, lors d'une cérémonie de remise de prix à son ministère. "Oui, je suis de droite, mais je ne suis pas sectaire", a-t-elle ajouté.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.