Médecins étrangers menacés de perdre leur poste: «sans eux, l'hôpital s'effondre»

Cette photographie prise le 25 mai 2023 montre l'entrée du bâtiment du ministère de la Santé à Paris. (Photo Ludovic Marin AFP)
Cette photographie prise le 25 mai 2023 montre l'entrée du bâtiment du ministère de la Santé à Paris. (Photo Ludovic Marin AFP)
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Publié le Mardi 27 février 2024

Médecins étrangers menacés de perdre leur poste: «sans eux, l'hôpital s'effondre»

  • Depuis plus de vingt ans, la désertification médicale a conduit de nombreux établissements de santé à recruter des médecins en dehors de l'UE
  • Mardi, Emmanuel Macron a promis de «régulariser nombre de médecins étrangers», sans dire ni comment ni quand

PARIS : «Ils font tourner nos services». «Sans eux, l'hôpital s'effondre»: menacés pour beaucoup de perdre leur poste suite à «l'extinction» légale de certains statuts d'embauche, les médecins diplômés à l'étranger sont «indispensables» et doivent être régularisés en urgence, implorent syndicats et chefs de service.

Urgentistes, psychiatres, gynécologues, généralistes... Depuis plus de vingt ans, la désertification médicale a conduit de nombreux établissements de santé à recruter des médecins en dehors de l'UE.

Mal rémunérés, en contrats courts renouvelables, mais assurant souvent les mêmes fonctions que des médecins senior, ces «Padhue» (praticien à diplôme hors Union européenne) peuvent espérer une «autorisation de plein exercice», après une procédure complexe durant généralement plusieurs années.

Entre 4.000 et 5.000 Padhue travaillent aujourd'hui en France, selon plusieurs syndicats. Leur nombre a grossi pendant l'épidémie de Covid-19, quand l'hôpital à bout de souffle cherchait des bras. Interrogée sur ces chiffres, la direction générale de l'Offre de soins (DGOS) n'a pas répondu.

Ils doivent en principe passer un concours sélectif, -les «épreuves de vérification des connaissances» (EVC)-, puis suivre un parcours de consolidation de deux ans, avant de voir leur dossier examiné en commission.

Un régime dérogatoire a longtemps permis aux hôpitaux le maintien de non-lauréats, sous divers statuts précaires, rémunérés entre 1.500 et 2.200 euros mensuels. Mais ce régime, plusieurs fois prolongé, s'est éteint au 31 décembre 2023. Impossible désormais de renouveler ces contrats.

- «Sans-papiers» -

«On nous a dit +si vous n'avez pas les EVC cette année, c'est fini+. Mais il y a peu de places -2.700 postes ouverts pour 10.000 à 20.000 candidats, selon les sources- et on se bat contre des gens inscrits depuis l'étranger, qui ont un an pour se préparer. Moi, je travaille 70 heures par semaine aux urgences», soupire sous couvert d'anonymat Mia, généraliste de 38 ans en Seine-et-Marne, arrivée de Madagascar en 2020.

«J'ai échoué. Pourtant j'ai d'excellentes appréciations, j'enchaîne les gardes», s'étrangle cette praticienne, applaudie pendant la crise sanitaire et aujourd'hui «sans titre de séjour».

«2.000 médecins sont sur le carreau», pour certains «sans papiers», dénonce Halim Bensaidi, représentant de l'IPADECC, l'un des syndicats spécialisés dans leur défense. Une estimation partagée par la CGT et FO.

Naturalisée Française, Amel (prénom modifié), 31 ans, diplômée de médecine générale en Algérie et actuellement en troisième cycle de psychiatrie, n'a elle «pas eu le droit» de s'inscrire aux EVC dans sa spécialité, malgré trois ans d'exercice en Seine-Saint-Denis. «J'assure les consultations psy, les gardes. Aujourd'hui je travaille sans contrat», confie-t-elle.

Dans certains territoires, «les services ne tournent presque qu'avec eux. Donc ils restent en poste dans l'illégalité, les directions n'ont pas le choix», explique Hocine Saal, chef des urgences de Montreuil (Seine-Saint-Denis). «Sans eux, le système s'effondre».

- «Urgences fermées» -

Suite à une récente réforme, l'affectation des postes des lauréats est du ressort des services de l'Etat, et «pas du tout en adéquation avec nos besoins», déplore ce signataire avec 220 médecins d'une tribune publiée dans Le Point.

«J'ai demandé dix postes, mais on m'en accorde la moitié, dont un seul urgentiste. Donc je ne pourrai pas remplir mes tableaux de garde. Je vais devoir fermer les urgences partiellement», se désole-t-il.

Aux urgences Delafontaine de Saint-Denis, près du Stade de France, «sur une trentaine de médecins, trois sont diplômés en France. Les autres sont ex-Padhue ou Padhue», témoigne aussi le chef de service Matthias Wargon.

«Si je n'ai pas les postes demandés, je fermerai, au moins la nuit», prévient-il. «Les Jeux Olympiques, ce sera sans moi».

Mardi, Emmanuel Macron a promis de «régulariser nombre de médecins étrangers», sans dire ni comment ni quand. Contacté, le ministère de la Santé n'a pas apporté de précisions.

Dans un communiqué, la coalition syndicale Action praticiens hôpital et le spécialisé SNPADHUE, appellent à un «moratoire» pour examiner chaque dossier en commission, sans concours. Il est «essentiel» de vérifier leurs compétences, estiment-ils, mais aussi de leur offrir rapidement un «statut pérenne» et digne.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.