L'IA, une menace pour l'emploi en France?

Une femme se red au bureau de l'Agence nationale pour l'emploi Pôle Emploi le 28 janvier 2021 à Valence. (AFP)
Une femme se red au bureau de l'Agence nationale pour l'emploi Pôle Emploi le 28 janvier 2021 à Valence. (AFP)
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Publié le Mercredi 24 janvier 2024

L'IA, une menace pour l'emploi en France?

  • Selon le cabinet de conseil Roland Berger, «un tiers de l'activité professionnelle» est exposé à l'IA générative
  • La banque a été un secteur précurseur: BNP Paribas a déjà «700 applications» d'IA et en envisage 1 000, dit un responsable syndical

PARIS: Une révolution en marche qui provoque un "vertige": l'intelligence artificielle (IA), notamment l'IA générative capable de produire des contenus, se déploie en France comme partout ailleurs, générant des inquiétudes pour l'emploi, même si "tout le monde tâtonne".

Bientôt tous remplacés par des machines? Depuis l’arrivée de ChatGPT qui a rendu l'IA générative visible de tous, l'inquiétude grandit. Selon un sondage Ipsos de décembre, pas moins de 64% des personnes interrogées en France jugent probable que l'IA détruise des emplois.

Déjà, des initiatives dans divers secteurs suscitent des grincements: une application présentée comme un "conseiller virtuel" juridique (I.Avocat), un quotidien — l'Est Républicain —, qui teste l'IA pour traiter la copie de certains correspondants locaux ou encore une entreprise de veille médiatique qui a défrayé la chronique en étant un temps soupçonnée de vouloir remplacer des salariés par des robots...

"On est à l'orée d'une révolution, comme lors de l'arrivée de la photographie au XIXe siècle. On ne sait pas encore tout ce qui va émerger", constate Guillaume Chevillon, professeur à l'Essec et codirecteur du Metalab.

Si certains économistes y voient une occasion de croissance de l'emploi, d'autres sont alarmistes.

Le cabinet de conseil Roland Berger a étudié l'impact de l'IA générative sur l'emploi en France, analysant le potentiel d'automatisation de quelques 3 000 tâches au sein de 436 métiers.

Il en ressort qu'"un tiers de l'activité professionnelle" est exposé à l'IA générative, selon cette étude publiée en novembre.

Quelques 800.000 emplois sont soumis à "un risque élevé d'automatisation" (avec une majeure partie des tâches automatisée) et 1,4 million d'emplois seraient plutôt "augmentés" (avec une partie mineure des tâches automatisée, libérant du temps pour les autres).

Parmi les métiers plus exposés, le directeur général du cabinet Laurent Benarousse cite auprès de l'AFP les métiers administratifs (secrétariat, recherche documentaire ou juridique, comptabilité...), relevant aussi "une dichotomie cols blancs/cols bleus", les métiers manuels (plombier, agriculteur...) étant "potentiellement très peu impactés".

«Ouvrir le capot»

Guillaume Chevillon reste optimiste: "il y a beaucoup de gens qui vont être impactés un petit peu, c'est ce que montrent toutes les études, mais très peu de gens qui vont [l'] être beaucoup", sauf dans certains secteurs comme les "métiers créatifs" (auteurs, designers, journalistes…)

L'IA est arrivée "très rapidement et est accessible par tous, ce qui provoque une sorte de vertige", mais la technologie n'est "pas encore complètement mature", dit-il. Et "dans un avenir proche, il y aura toujours besoin de supervision humaine".

Pour Laurent Benarousse aussi, "la destruction d'emploi est loin d’être inéluctable", mais "cela nécessite d'anticiper", observe-t-il, soulignant notamment les enjeux de formation pour les postes exposés.

Pour les métiers "augmentés", tout l’enjeu sera de savoir ce qui sera fait du "gisement de productivité" et "sa répartition entre l’entreprise et le salarié, qui pourrait voir son confort au travail s’accroître, le cas échéant par une réduction de son temps de travail".

Pascal Fabre, délégué syndical national adjoint du SNB CFE-CGC au sein de BNP Paribas, rapporte pour sa part "une certaine inquiétude" des salariés depuis cet automne. Les grandes entreprises, à l'image du groupe bancaire, "ne peuvent pas faire sans" mais il a le sentiment que "tout le monde tâtonne".

La banque a été un secteur précurseur: BNP Paribas a déjà "700 applications" d'IA et en envisage 1.000, dit ce responsable syndical.

Sans craindre des suppressions d'emplois à court terme, il observe que leur utilisation pourrait avoir un impact sur les conseillers immobiliers, le "back-office" ou les juristes.

Les représentants du personnel veulent "être associés" à ces sujets, qui entrent dans leurs prérogatives, dit-il, pour "ouvrir le capot de cette boîte noire": quel coût? quels effets sur l'emploi à court et moyen terme? quelles formations mises en œuvre?

Plus que l'emploi, la sociologue Dominique Méda identifiait dans une récente chronique dans Le Monde un autre écueil: le développement d'un management "algorithmique" avec des outils d'IA capables de surveiller et analyser les déplacements, la vitesse de frappe...


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.