De l'économie à l'énergie: Comment Bruno Le Maire a élargi le périmètre de Bercy

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire fait des gestes lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 23 janvier 2024. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire fait des gestes lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 23 janvier 2024. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
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Publié le Jeudi 25 janvier 2024

De l'économie à l'énergie: Comment Bruno Le Maire a élargi le périmètre de Bercy

  • Après les élections législatives de juin 2017, les Finances s'ajoutent au portefeuille de Bruno Le Maire, huitième dans l'ordre protocolaire du gouvernement
  • Début 2020, la Covid-19 fait irruption et condamne la rigueur budgétaire affichée jusque-là par le gouvernement

PARIS: Simple ministre de l'Economie dans le premier gouvernement nommé par Emmanuel Macron en 2017, Bruno Le Maire a accru ses prérogatives et celles de Bercy au fil des remaniements, jusqu'à obtenir jeudi le copieux portefeuille de l'Energie.

Mai 2017: l'Economie pour un rallié

Après avoir quitté la campagne de François Fillon et voté pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, Bruno Le Maire est récompensé en devenant le premier ministre de l'Economie du nouveau président. L'Action et les Comptes publics sont confiés à un autre transfuge de la droite, Gérald Darmanin.

Selon le décret alors publié au Journal officiel (JO), il est notamment responsable du "suivi et du soutien des activités touristiques", mais "sans préjudice des attributions du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères" Jean-Yves Le Drian, déjà ministre pendant cinq ans sous la présidence de François Hollande.

Après les élections législatives de juin 2017, les Finances s'ajoutent au portefeuille de Bruno Le Maire, huitième dans l'ordre protocolaire du gouvernement.

Juillet 2020: la relance

Début 2020, la Covid-19 fait irruption et condamne la rigueur budgétaire affichée jusque-là par le gouvernement.

Après plus de deux ans passés à réduire le déficit public de la France, Bruno Le Maire devient l'homme du "quoi qu'il en coûte" pour soutenir ménages et entreprises.

Salué pour sa gestion de la crise, Bruno Le Maire est reconduit en juillet à Bercy, récupérant au passage les Comptes publics, et est officiellement chargé d'une nouvelle compétence: la relance de l'économie française, après un plongeon de presque 8% du PIB en 2020.

Alors que la crise sanitaire a exposé la dépendance française aux importations de masques et autres tests de dépistage, Bercy doit dorénavant s'assurer du "renforcement des chaînes de valeur et d’approvisionnement critiques".

Juin 2022: numéro 2

Même si on prête à Bruno Le Maire des intentions de devenir Premier ministre, Emmanuel Macron choisit de nommer Elisabeth Borne à Matignon après sa réélection. M. Le Maire reste toutefois à Bercy et grimpe au deuxième rang dans l'ordre protocolaire.

Ses attributions n'évoluent guère mais son titre s'allonge: il est désormais ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

Bruno Le Maire s'affirme en portant notamment la loi industrie verte et en s'exprimant régulièrement sur l'intelligence artificielle générative, dont il veut soutenir le développement national et européen plutôt que de réguler les champions étrangers.

Face à une crise inflationniste sans précédent depuis les années 1980, il déploie un coûteux "bouclier tarifaire" sur les prix de l'électricité et du gaz et fait pression sur les industriels et les distributeurs pour tenter de contenir la flambée des prix de l'alimentation.

Janvier 2024: Bercy avale l'Energie

Après avoir survécu à un premier remaniement en juillet 2023, Bruno Le Maire rempile encore à Bercy en janvier 2024 et annexe le portefeuille de l'Energie.

Partisan de longue date du nucléaire, il met ainsi la main sur une compétence stratégique, jusque-là exercée par Agnès Pannier-Runacher hors du périmètre de Bercy.

Une marque de la "confiance" qui lie Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, même s'ils "ne partiront pas en vacances ensemble", commente un cadre de la majorité.

Chargé de représenter le nouveau Premier ministre Gabriel Attal dans les négociations internationales sur l’énergie, il doit aussi assurer la sécurité d’approvisionnement de la France, après un hiver 2022-2023 marqué par les craintes de pénuries liées à la guerre en Ukraine.

Avec le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, Bruno Le Maire est chargé de lutter contre le changement climatique et de promouvoir une consommation d'énergie plus raisonnée.

Enfin, il a selon le JO "autorité sur la direction générale de l'énergie et du climat", un contrôle nettement renforcé.

Installé depuis près de sept ans à Bercy, Bruno Le Maire n'est devancé que par Valéry Giscard d'Estaing, qui a été quasiment neuf ans ministre rue de Rivoli (janvier 1962-janvier 1966 puis juin 1969-mai 1974).

Le périmètre actuel de Bercy est l'un des plus étendus sous la Ve République, même si l'ancien Premier ministre Raymond Barre a dirigé à la fois le gouvernement et le ministère de l'Economie et des Finances de 1976 à 1978.


Nouvelle crise entre Netanyahu et Macron, accusé de nourrir l'antisémitisme

Cette combinaison d'images créée le 14 mai 2025 montre le président français Emmanuel Macron (à gauche) lors d'une réunion de la "Coalition des volontaires" au palais Mariynsky à Kiev le 10 mai 2025, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 2 septembre 2024. (AFP)
Cette combinaison d'images créée le 14 mai 2025 montre le président français Emmanuel Macron (à gauche) lors d'une réunion de la "Coalition des volontaires" au palais Mariynsky à Kiev le 10 mai 2025, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 2 septembre 2024. (AFP)
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  • Benjamin Netanyahu accuse Emmanuel Macron d’encourager l’antisémitisme en France via sa position en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien, dans une lettre au ton très virulent
  • L’Élysée dénonce une analyse « erronée et abjecte », affirmant que la République protège ses citoyens juifs et appelant à la gravité face à une situation aussi sensible

PARIS: La relation entre la France et Israël est entrée dans une nouvelle zone de crise, cette fois-ci sur le sujet très sensible de l'antisémitisme, Benjamin Netanyahu accusant Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les juifs avec son intention de reconnaître l'Etat palestinien.

La charge très violente du Premier ministre israélien est contenue dans un courrier officiel adressé au président français. Elle a provoqué une réponse non moins ferme de l'Elysée.

Accusant Emmanuel Macron "d'alimenter le feu antisémite" en France en appelant à la reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine, Benjamin Netanyahu l'appelle "à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté, et à le faire avant une date claire: la nouvelle année juive, le 23 septembre 2025".

"Je suis préoccupé par la montée alarmante de l'antisémitisme en France et par le manque d'actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l'antisémitisme a ravagé les villes françaises", écrit M. Netanyahu qui affirme qu'il a encore augmenté depuis la décision française sur l'Etat palestinien.

Cette analyse "est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse", a répliqué la présidence française, en précisant que le chef de l'Etat ferait une réponse écrite formelle au chef du gouvernement israélien.

"La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations", a encore indiqué la présidence française qui a ajouté que "la République protège et protègera toujours ses compatriotes de confession juive".

Le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne "considère cette attaque comme injustifiée et hostile à la paix et au consensus international sur le principe d'une solution à deux Etats", a-t-il dit dans un communiqué.

"Le vieux disque qui entretient la confusion entre la critique de l'occupation israélienne et ses crimes ou le soutien aux droits du peuple palestinien à la paix et l'indépendance avec l'antisémitisme ou la haine contre les juifs s'est rayé (...), personne n'est dupe", a-t-il ajouté.

Fin juillet, M. Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre. Dans la foulée plus d'une dizaine de pays occidentaux parmi lesquels le Canada, ainsi que l'Australie, ont appelé d'autres nations du monde à faire de même.

L'Assemblée générale de l'ONU prévue en septembre prend fin précisément le 23, date posée par M. Netanyahu dans son courrier.

Selon la presse australienne, Benjamin Netanyahu a envoyé le 17 août un courrier similaire au Premier ministre australien, Anthony Albanese, qu'il accuse également "d'alimenter le feu antisémite", et qu'il somme lui aussi d'agir.

Dans sa lettre, le leader israélien loue en contre-exemple le président américain, Donald Trump, pour son "combat" contre les crimes antisémites et pour "protéger les juifs américains".

"Président Macron, l'antisémitisme est un cancer. Il se propage lorsque les dirigeants restent silencieux. Il recule lorsque les dirigeants agissent", apostrophe encore M. Netanyahu.

- Violences inadmissibles -

Dans sa lettre, M. Netanyahu liste plusieurs incidents récents, notamment le saccage de l'entrée de bureaux de la compagnie aérienne israélienne El Al à Paris, l'agression d'un homme juif à Livry-Gargan, ou des rabbins "agressés dans les rues de Paris". "Ces incidents ne sont pas isolés. Ils constituent une plaie", souligne-t-il.

Les actes antisémites sont en nette progression en France depuis le 7-Octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.

Le contexte est  particulièrement délicat puisque vit en France la plus grande communauté juive d'Europe occidentale, avec environ 500.000 personnes, en même temps qu'une très importante communauté arabo-musulmane, très sensible au sort des Palestiniens de Gaza.

"Les violences contre la communauté juive sont inadmissibles. C'est pourquoi, au-delà des condamnations, le chef de l'Etat a systématiquement demandé à tous ses gouvernements depuis 2017 -et encore davantage après les attentats terroristes du 7 octobre 2023- la plus grande fermeté à l'endroit des auteurs d'actes antisémites", a ajouté l'Elysée.

Après avoir affiché sa solidarité avec Israël après le 7-Octobre, Emmanuel Macron a depuis pris ses distances et multiplié les critiques à l'égard de la stratégie du gouvernement israélien à Gaza. Les appels téléphoniques entre les deux leaders, très fréquents au début de la période, se sont raréfiés.

Désaccord sur les livraisons d'armes, critiques sur la tragédie humanitaire que vit le territoire palestinien qualifiée de "honte" et de "scandale" ou encore sur la politique de colonisation en Cisjordanie: les motifs de frictions et de différends se sont succédé.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive de représailles israélienne a fait 62.064 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Pour Macron, Poutine est un «ogre» qui «a besoin de continuer à manger» pour survivre

Vladimir Poutine est "un prédateur, un ogre à nos portes" qui "a besoin de continuer de manger" pour "sa propre survie", a averti mardi Emmanuel Macron, appelant les Européens à "ne pas être naïfs" face à la Russie qui sera "durablement une puissance de déstabilisation". (AFP)
Vladimir Poutine est "un prédateur, un ogre à nos portes" qui "a besoin de continuer de manger" pour "sa propre survie", a averti mardi Emmanuel Macron, appelant les Européens à "ne pas être naïfs" face à la Russie qui sera "durablement une puissance de déstabilisation". (AFP)
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  • Le président français pense que "la Russie est devenue durablement une puissance de déstabilisation et une menace potentielle pour beaucoup d'entre nous"
  • "Un pays qui investit 40% de son budget dans de tels équipements, qui a mobilisé une armée de plus d'1,3 million d'hommes, ne reviendra pas à un état de paix et un système démocratique ouvert du jour au lendemain", a-t-il prévenu

PARIS: Vladimir Poutine est "un prédateur, un ogre à nos portes" qui "a besoin de continuer de manger" pour "sa propre survie", a averti mardi Emmanuel Macron, appelant les Européens à "ne pas être naïfs" face à la Russie qui sera "durablement une puissance de déstabilisation".

"Depuis 2007-2008 (l'intervention russe en Géorgie, ndlr), le président Poutine a rarement tenu ses engagements. Il a constamment été une puissance de déstabilisation. Et il a cherché à revoir les frontières pour étendre son pouvoir", a souligné le président français dans un entretien sur LCI.

Le président français pense que "la Russie est devenue durablement une puissance de déstabilisation et une menace potentielle pour beaucoup d'entre nous".

"Un pays qui investit 40% de son budget dans de tels équipements, qui a mobilisé une armée de plus d'1,3 million d'hommes, ne reviendra pas à un état de paix et un système démocratique ouvert du jour au lendemain", a-t-il prévenu.

"Donc, y compris pour sa propre survie, il (Poutine) a besoin de continuer de manger. Voilà. Et donc c'est un prédateur, c'est un ogre à nos portes. Je ne dis pas que dès demain, c'est la France qui sera attaquée, mais enfin c'est une menace pour les Européens (...) Il ne faut pas être naïfs", a insisté le chef de l'État.

Cet entretien a été réalisé à l'issue de la réunion à Washington entre Donald Trump et plusieurs dirigeants européens où a été annoncée la tenue d'une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.

Mais, dans un autre entretien à la chaîne américaine NBC News, Emmanuel Macron n'a pas caché qu'il ne partageait pas l'optimisme de Donald Trump sur la possibilité d'arriver à un accord de paix.

"Quand je regarde la situation et les faits, je ne vois pas le président Poutine vouloir la paix maintenant mais peut-être je suis trop pessimiste", a-t-il déclaré.


Rencontre Zelensky-Poutine: Macron plaide pour Genève

 La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine devrait avoir lieu en Europe, a indiqué le président français Emmanuel Macron qui plaide pour qu'elle se tienne à Genève. (AFP)
La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine devrait avoir lieu en Europe, a indiqué le président français Emmanuel Macron qui plaide pour qu'elle se tienne à Genève. (AFP)
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  • "Ce sera un pays neutre, et donc peut-être la Suisse, je plaide pour Genève, ou un autre pays. La dernière fois qu'il y a eu des discussions bilatérales, c'était à Istanbul", a-t-il rappelé
  • Sur la sécurité de l'Ukraine, le chef de l'État a annoncé l'organisation, avec le Royaume-Uni, d'une réunion dès ce mardi à midi de la 'coalition des volontaires', "les 30 pays qui travaillent sur des garanties de sécurité "

PARIS: La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine devrait avoir lieu en Europe, a indiqué le président français Emmanuel Macron qui plaide pour qu'elle se tienne à Genève.

"Plus qu'une hypothèse, c'est même la volonté collective", a déclaré M. Macron dans un entretien diffusé mardi sur LCI, interrogé sur la tenue en Europe de cette rencontre annoncée à l'issue de la réunion à Washington entre Donald Trump et plusieurs dirigeants européens.

"Ce sera un pays neutre, et donc peut-être la Suisse, je plaide pour Genève, ou un autre pays. La dernière fois qu'il y a eu des discussions bilatérales, c'était à Istanbul", a-t-il rappelé.

Sur la sécurité de l'Ukraine, le chef de l'État a annoncé l'organisation, avec le Royaume-Uni, d'une réunion dès ce mardi à midi de la 'coalition des volontaires', "les 30 pays qui travaillent sur des garanties de sécurité pour les tenir au courant de ce qui a été décidé".

"Dans la foulée, on lance le travail concret avec les Américains et donc, dès demain (mardi), nos conseillers diplomatiques, ministres, chefs d'état major lancent le travail pour voir qui est prêt à faire quoi".

Sur les concessions territoriales, "c'est à l'Ukraine de les faire (...) L'Ukraine fera les concessions qu'elle estime justes et bonnes", a-t-il dit.

"En tout cas, faisons très attention quand on parle d'une reconnaissance de droit. N'actons pas des reconnaissances de droit, c'est-à-dire que des pays garants de l'ordre international puissent dire 'on peut prendre des territoires par force' parce qu'on ouvre une boîte de Pandore", a-t-il prévenu.