En cas de victoire du Labour britannique, une transition du jour au lendemain

En cas de victoire dans quelques mois du chef des travaillistes, Keir Starmer, les 500 000 fonctionnaires - neutres politiquement - se trouveront immédiatement au service du nouveau gouvernement et de sa politique. (AFP)
En cas de victoire dans quelques mois du chef des travaillistes, Keir Starmer, les 500 000 fonctionnaires - neutres politiquement - se trouveront immédiatement au service du nouveau gouvernement et de sa politique. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 février 2024

En cas de victoire du Labour britannique, une transition du jour au lendemain

  • A Londres, la transition se fait en quelques heures, une brièveté unique dans les démocraties occidentales, qui nécessite d'être préparée dans les mois qui précèdent
  • Les hauts fonctionnaires ne sont censés partager que des informations purement factuelles, et en aucun cas des annonces à venir

LONDRES: Si, comme le suggèrent les sondages, le Labour britannique remporte les prochaines élections, un camion de déménagement sera garé dès le lendemain devant Downing Street: une image familière qui traduit la célérité du transfert du pouvoir au Royaume-Uni.

A Washington, elle dure deux mois. A Paris, 10 jours. Mais à Londres, la transition se fait en quelques heures, une brièveté unique dans les démocraties occidentales, qui nécessite d'être préparée dans les mois qui précèdent.

En cas de victoire dans quelques mois du chef des travaillistes, Keir Starmer, les 500 000 fonctionnaires - neutres politiquement - se trouveront immédiatement au service du nouveau gouvernement et de sa politique.

Clé de ce basculement, des discussions entre le parti d'opposition et les hauts responsables de l'administration qui se tiennent avant le scrutin.

L'actuel Premier ministre conservateur Rishi Sunak a récemment donné son feu vert pour que ces échanges puissent débuter de manière imminente.

"C'est la seule opportunité pour des responsables de l'opposition de partager en privé leurs idées avec la machine de l'administration avant les élections", souligne à l'AFP Alex Thomas, un ancien fonctionnaire.

Ces discussions représentent également l'occasion pour les fonctionnaires d'informer les futurs ministres et leurs conseillers des problèmes qu'ils sont susceptibles de rencontrer dans leurs futurs ministères.

Elles permettent aussi de "construire une relation de travail", ajoute Alex Thomas, qui a pris part à de telles discussions avant les élections de 2017, alors qu'il travaillait au Cabinet Office, ministère qui gère des dossiers transversaux. Les conservateurs avaient alors gardé le pouvoir.

Secret et stupéfaction 

Les discussions sont confidentielles et presque toujours à l'écart des bureaux du gouvernement pour éviter qu'un ministre ne tombe sur son opposant en pleine conversation avec son secrétaire permanent, fonctionnaire le plus gradé au sein de chaque ministère.

Les hauts fonctionnaires ne sont censés partager que des informations purement factuelles, et en aucun cas des annonces à venir. Ils ne doivent pas non plus porter à la connaissance du gouvernement ce qu'ils ont appris.

Pour éviter les fuites, l'opposition tait généralement tout grand projet avant leur annonce officielle.

Jill Rutter, qui travaillait au Trésor en 1997, se souvient ainsi de sa surprise au moment de l'arrivée au pouvoir de Tony Blair, après 18 ans sous les conservateurs.

"On a eu notre première grosse réunion. Gordon Brown (nouveau ministre des Finances) est entré dans le bureau et a dit: + Je vais rendre la Banque d'Angleterre indépendante+. On s'est tous dit +quoi !?+" se souvient l'ex-fonctionnaire.

Pour les élections de 1997 et 2010, marquées par des changements de majorité, les discussions avaient commencé au moins 16 mois en avance, selon le cercle de réflexion Institute for Government.

Le parti travailliste ne disposera que de neuf ou dix mois de ces échanges si les élections se tiennent à l'automne, scénario qui semble tenir la corde, tout juste de quatre mois si le scrutin a lieu au printemps comme certains l'envisagent.

Aspiration à la stabilité 

Bien que dans l'opposition depuis 14 ans, certains dans l'équipe dirigeante du Labour ont une expérience ministérielle, tandis que Keir Starmer, ancien directeur des poursuites publiques en Angleterre et au Pays de Galles, faisait partie de l'administration.

Le Labour a "probablement plus d'expérience au plus haut niveau qu'en 1997", souligne Jill Rutter, mais la question sera de voir si c'est quelque chose "qu'ils pourront traduire en actes une fois au gouvernement".

Si les conservateurs sont au pouvoir depuis 14 ans, l'administration est habituée à l'instabilité. Jill Rutter souligne les "changements quasi-ininterrompus" ces dernières années, avec cinq Premiers ministres conservateurs depuis le référendum sur le Brexit de 2016 et une valse effrénée de ministres au fil des remaniements.

Après ces années mouvementées, beaucoup au sein de l'administration attendent de la stabilité de la part d'un nouveau gouvernement, souligne Jill Rutter: "moins de remous, "une ligne plus claire et un gouvernement qui ne passe pas son temps à se mettre en pièces".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.