Le Pakistan a voté pour des élections contestées et sans internet mobile

Le personnel électoral commence à compter les votes à la fin du scrutin lors des élections nationales à Karachi le 8 février 2024 (Photo, AFP).
Le personnel électoral commence à compter les votes à la fin du scrutin lors des élections nationales à Karachi le 8 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 08 février 2024

Le Pakistan a voté pour des élections contestées et sans internet mobile

  • Quelque 128 millions d'inscrits étaient appelés aux urnes pour élire les 336 députés du parlement fédéral et renouveler les assemblées provinciales
  • Le ministère de l'Intérieur a annoncé en soirée que les services de téléphonie mobiles, coupés dans tout le pays depuis le début de matinée, officiellement pour des raisons de sécurité, commençaient à être rétablis

ISLAMABAD: Le Pakistan a voté jeudi pour des élections ternies par des violences et des soupçons de manipulations, encore renforcés par la décision du gouvernement de couper les services de téléphonie mobiles pour la journée.

Le décompte des voix a commencé en début de soirée. Quelque 128 millions d'inscrits étaient appelés aux urnes pour élire les 336 députés du parlement fédéral et renouveler les assemblées provinciales.

Le populaire ex-Premier ministre Imran Khan, emprisonné, n'a pu se présenter. La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), soutenue par l'armée selon les observateurs, est la favorite du scrutin et pourrait permettre à son chef, Nawaz Sharif, de diriger le pays pour la quatrième fois.

Les premiers résultats sont attendus vers minuit, mais il faudra sans doute attendre vendredi pour voir émerger une réelle tendance.

Plus de 650.000 membres des forces de sécurité avaient été déployés pour sécuriser le scrutin, ensanglanté mercredi par la mort de 28 personnes dans deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

Jeudi, 51 attaques au total se sont produites, qui ont fait 12 morts, dont 10 membres des forces de sécurité, a indiqué l'armée dans un communiqué.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé en soirée que les services de téléphonie mobiles, coupés dans tout le pays depuis le début de matinée, officiellement pour des raisons de sécurité, commençaient à être rétablis.

L'internet mobile avait aussi été coupé, avait fait savoir Netblocks, une organisation qui surveille la cybersécurité et la gouvernance de l'internet.

«Trucage post-électoral»

"La coupure actuelle d'internet est parmi les plus rigoureuses et étendues que nous ayons observées dans n'importe quel pays", a déclaré à l'AFP Alp Toker, directeur de Netblocks, dénonçant une "pratique fondamentalement antidémocratique".

L'équité du scrutin a été mise en doute par avance. Imran Khan, 71 ans, a été condamné à trois longues peines de prison. Et son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), a été décimé par les arrestations et défections forcées, et empêché de mener campagne.

Les électeurs dépendent de l'envoi de SMS pour savoir où aller voter. L'un d'eux, Abdul Jabbar, 40 ans, a raconté avoir été empêché d'utiliser le service et de localiser son bureau de vote à cause des problèmes d'internet. "D'autres supporteurs du PTI nous ont finalement aidés à le trouver", a-t-il dit.

"Ma seule peur est de savoir si mon vote sera bien comptabilisé pour le parti pour lequel j'ai voté", a déclaré Syed Tassawar, un ouvrier du bâtiment de 39 ans, à la sortie d'un bureau de vote d'Islamabad.

Les Pakistanais à 70% "n'ont pas confiance dans l'intégrité des élections", a pointé cette semaine l'institut Gallup. Cela traduit un recul démocratique pour un pays dirigé pendant des décennies par l'armée, mais qui avait connu des progrès depuis 2013, année de la première transition entre gouvernements civils.

Si l'armée a toujours eu une forte influence même sous un pouvoir civil, les observateurs estiment qu'elle a interféré encore plus ouvertement dans ces élections.

Imran Khan, qui avait bénéficié de ses faveurs pour être élu en 2018, l'a défiée de front, l'accusant  d'avoir orchestré son éviction du poste de Premier ministre en avril 2022 et lui imputant ses ennuis judiciaires.

"Maintenant commence le trucage post-électoral", a déclaré en soirée à l'AFP Raoof Hasan, responsable de l'information pour le PTI, tout en assurant que son parti conservait une "sacrée bonne chance de causer une surprise".

«Aucun problème avec l'armée»

La disgrâce d'Imran Khan semble cependant devoir profiter à Nawaz Sharif, 74 ans, rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres.

"Je n'ai jamais eu aucun problème avec l'armée", a affirmé celui-ci, au moment de voter à Lahore (est).

Même si la PML-N apparaît en position de force, l'issue du scrutin pourrait dépendre de la participation, en particulier des jeunes dans un pays où 44% de l'électorat a moins de 35 ans.

En 2018, Imran Khan avait bénéficié d'un réel engouement populaire, notamment dans la jeunesse, assoiffée de changement après des décennies de domination des dynasties familiales, jugées corrompues.

La majorité absolue semble un objectif difficilement atteignable pour la PML-N, qui devra probablement former une coalition. Peut-être avec le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007.

Le Pakistan, qui dispose d'un arsenal nucléaire et occupe une position stratégique, entre l'Afghanistan, la Chine, l'Inde et l'Iran, est confronté à d'innombrables défis.

La sécurité s'est dégradée, notamment depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021. Son économie est en lambeaux, avec une dette abyssale et une inflation avoisinant les 30%.

Quel que soit le verdict des urnes, la question de la longévité du prochain gouvernement pourrait rapidement se poser, dans un pays où aucun Premier ministre n'a jamais achevé son mandat.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.