Le camp Biden contre-attaque sur l'âge du président

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Publié le Samedi 10 février 2024

Le camp Biden contre-attaque sur l'âge du président

  • Pour ne rien arranger, Joe Biden a commis jeudi soir l'une des bourdes dont il est coutumier
  • Interrogé sur la situation dans la bande de Gaza, il a fait référence au «président du Mexique, Sissi.» Il voulait en réalité parler du chef d'Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi

WASHINGTON: Commentaires "gratuits" et "déplacés", "motivations politiques": la garde rapprochée de Joe Biden a tenté vendredi de contre-attaquer, après les commentaires dévastateurs d'un magistrat sur la mémoire défaillante du président américain.

La réaction la plus pugnace est venue de la vice-présidente Kamala Harris, qui a attaqué les "motivations politiques" du procureur spécial Robert Hur.

Ce dernier a, dans un rapport d'enquête de 388 pages rendu public jeudi, portant sur une affaire de documents confidentiels, décrit le démocrate de 81 ans comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire".

Rappelant avoir été elle-même procureure de Californie, Kamala Harris a asséné que ces commentaires étaient "gratuits, incorrects et déplacés".

"Nous devrions exiger un plus haut degré d'intégrité morale", a aussi dit la vice-présidente.

«Salir»

Un porte-parole de la Maison Blanche, Ian Sams, n'a pas franchement contredit Kamala Harris, candidate avec Joe Biden à un second mandat, sur la question du motif politique.

Il a laissé entendre que le magistrat, républicain, avait pu ressentir une pression le conduisant à aller "au-delà de ses attributions" dans la rédaction de son rapport, à neuf mois de l'élection présidentielle.

Et ce d'autant plus que le procureur spécial a décidé de ne pas poursuivre le président démocrate.

Robert Hur avait été désigné en janvier 2023 pour enquêter sur la découverte de documents classés confidentiels datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017) dans sa résidence de Wilmington (Delaware) ainsi que dans un ancien bureau.

Le sénateur démocrate de Pennsylvanie John Fetterman, dont l'Etat sera décisif pour l'élection de novembre, a dénoncé une opération menée par un procureur "nommé par Trump" afin de "salir" Joe Biden.

Tous les proches du démocrate ne se sont pas risqués sur ce terrain politiquement glissant, alors que l'ancien président républicain, inculpé quatre fois au pénal, n'a de cesse de crier à l'instrumentalisation de la justice contre lui.

«Bon sang»

La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a choisi le registre personnel: "Je connais ce président depuis 2009. Il n'a pas été seulement on chef, mais aussi mon mentor. Et personne dans ce bâtiment ne vous dirait ce que nous avons vu (dans le rapport du procureur spécial) à propos de sa mémoire."

Robert Hur a écrit qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".

Il a aussi assuré que le président, lors d'un interrogatoire, ne se souvenait plus exactement de l'année du décès de son fils aîné Beau.

"Comment diable ose-t-il?", a rétorqué jeudi soir Joe Biden, pour qui c'est un sujet extrêmement douloureux, lors d'une allocution télévisée.

"Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n'ai pas de problèmes de mémoire", a-t-il tenté de se défendre, en contenant difficilement sa frustration.

Mais cette intervention organisée à la hâte n'a pas convaincu tout le monde.

«Maison de retraite»

"Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire", a commenté un élu démocrate, Adam Smith. "Il était en colère, il n'y avait pas d'intention claire, cela ne s'est pas bien passé."

Pour ne rien arranger, Joe Biden a commis jeudi soir l'une des bourdes dont il est coutumier. Interrogé sur la situation dans la bande de Gaza, il a fait référence au "président du Mexique, Sissi." Il voulait en réalité parler du chef d'Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Du pain bénit pour Donald Trump, 77 ans, qui va selon toute vraisemblance affronter à nouveau Joe Biden en novembre, et qui l'attaque depuis longtemps déjà sur le terrain de la vigueur mentale et physique.

Vendredi, le magnat républicain a publié sur son réseau social Truth une fausse carte du Moyen-Orient, sur laquelle le nom du Mexique remplace celui de l'Egypte. Au bas de l'infographie figure cette mention: "Source: Joe Biden".

En janvier, Donald Trump, qui lui aussi a des moments de confusion, sans que cela ne suscite autant de débats que l'âge de son rival, avait publié un clip de campagne moqueur, à base d'images peu avantageuses de son rival.

La vidéo dépeint la Maison Blanche en confortable "maison de retraite" où "les résidents se sentent comme des présidents."


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com