Des vidéos de soldats israéliens offrent un aperçu «impuni» de la guerre à Gaza: analyse du New York Times

Israël aurait procédé à au moins 33 démolitions contrôlées à Gaza, rasant des infrastructures civiles. (AFP)
Israël aurait procédé à au moins 33 démolitions contrôlées à Gaza, rasant des infrastructures civiles. (AFP)
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Publié le Jeudi 08 février 2024

Des vidéos de soldats israéliens offrent un aperçu «impuni» de la guerre à Gaza: analyse du New York Times

  • Le quotidien américain a évalué et vérifié des centaines de vidéos sur les réseaux sociaux montrant des soldats israéliens vandalisant des structures civiles
  • Ces soldats utilisent par ailleurs des propos désobligeants envers les Palestiniens et appellent à l’établissement de colonies israéliennes à Gaza

LONDRES: Depuis le début de l’offensive à Gaza, les soldats israéliens ont partagé, sur les réseaux sociaux, des vidéos de l’enclave palestinienne assiégée, offrant ce que le New York Times décrit comme un «aperçu impuni des opérations sur le terrain».

Le quotidien américain a évalué et vérifié des centaines de vidéos sur les réseaux sociaux montrant des soldats israéliens vandalisant des structures civiles, utilisant des propos désobligeants envers les Palestiniens et appelant à l’établissement de colonies israéliennes à Gaza.

Au moins 50 de ces vidéos ont été attribuées aux unités de combat militaires israéliennes, qui ont mené des opérations visant des bâtiments civils avec des explosifs, des bulldozers et des excavatrices. Fin janvier, une conférence d’extrême droite en Israël a appelé à la construction de nouvelles colonies juives dans la bande de Gaza, malgré la pression internationale exercée sur Israël pour qu’il respecte l’État palestinien.

Depuis le 7 octobre, après que le Hamas a mené une attaque surprise dans le sud d’Israël, l’armée israélienne a lancé une campagne de bombardements dans la bande assiégée, tuant plus de 27 700 personnes et détruisant des pans entiers du paysage urbain et agricole.

Dans l’affaire portée devant la Cour internationale de justice par l’Afrique du Sud, accusant Israël de «génocide», l’une des vidéos partagées par les soldats israéliens sur les réseaux sociaux a été projetée tandis que cinq autres ont été mentionnées.

L’une des vidéos TikTok, analysées par le New York Times montre un soldat israélien levant le pouce vers la caméra alors qu’il démolit une maison à Beit Lahia, au nord de Gaza. Le militaire a partagé la vidéo sur son compte personnel avec, en légende: «Je ne compte plus le nombre de quartiers que j’ai anéantis.»

En partageant ce type de contenu sur les réseaux sociaux, les soldats israéliens auraient violé les réglementations de l’armée israélienne, qui interdisent à son personnel de publier en ligne afin de ne pas «porter atteinte à l’image de Tsahal aux yeux du public».

L’armée israélienne a condamné, dans un communiqué de presse, les vidéos présentées dans l’article du New York Times.

Cependant, cela n’a pas empêché la publication de vidéos similaires, vues par des milliers de personnes en ligne, suscitant une vague de colère et alimentant les critiques à l’égard de l’armée israélienne.

Selon le quotidien, Nova Beach, le lieu où l’armée israélienne a établi des bases le long de la côte nord de Gaza, est «la toile de fond de nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux». Cette zone abritait de nombreux Palestiniens avant les attaques en cours.

Une maison palestinienne détruite a été utilisée dans une vidéo publiée en novembre. On y voit un soldat israélien faisant comme chez lui, tandis qu’une version parodique de la chanson israélienne This Was My Home résonne. Il désigne les ruines à travers la fenêtre de la maison.

Qualifiant cet acte de «déchirant» et d’«inhumain», Basel al-Sourani, avocat international spécialiste des droits de l’homme au Centre palestinien pour les droits de l’homme, déclare au NY Times: «Ce comportement prouve que les Israéliens veulent vous chasser de chez vous, dans la bande de Gaza.»

Une autre vidéo du même soldat, qui est également DJ, a fait le tour des réseaux sociaux. On y entend un remix intitulé Two, Three, Launch pendant qu’un groupe de soldats dansent devant la caméra. Lorsque le mot «Launch» est entendu, la caméra montre un bâtiment en train d’exploser.

Ces vidéos, déclare le quotidien, ont été supprimées de TikTok peu de temps après que le journal a interrogé la plate-forme à leur sujet. TikTok a expliqué que les vidéos en question violaient ses directives et politiques concernant les discours de haine.

Dans l’une des vidéos des unités de combat militaires, un membre de l’armée israélienne dédie la destruction par un bulldozer d’un bâtiment à Khan Younès à Eyal Golan, un chanteur israélien partisan de la destruction complète de Gaza. Mentionnant cette vidéo lors de l’audience de la CIJ à La Haye, l’Afrique du Sud a estimé qu’il s’agissait d’une preuve de «propos génocidaires tenus par les soldats».

Israël aurait procédé à au moins 33 démolitions contrôlées à Gaza, rasant des centaines de bâtiments, notamment des écoles, des blocs résidentiels et des mosquées, selon une analyse du New York Times d’images militaires israéliennes, de vidéos publiées sur les réseaux sociaux et d’images satellite.

Un porte-parole de l’armée israélienne affirme que Tsahal «localise et détruit les infrastructures terroristes intégrées à l’intérieur des bâtiments» dans les zones civiles. Il déclare au NY Times que des quartiers entiers servent parfois de «complexes de combat» pour les combattants du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.