Craintes pour Rafah, nouveaux pourparlers en vue d'une trêve

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Publié le Jeudi 08 février 2024

Craintes pour Rafah, nouveaux pourparlers en vue d'une trêve

  • Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken boucle jeudi sa tournée au Moyen-Orient par un entretien avec le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid
  • Si le secrétaire d'Etat a plaidé pour une trêve permettant l'acheminement de davantage d'aide humanitaire et la libération des otages, il a aussi exhorté son allié israélien à "protéger" les civils dans la poursuite de ses opérations militaires

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les craintes s'accentuent jeudi sur le sort de plus d'un million de Palestiniens coincés à Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où Israël se prépare à mener une offensive, alors qu'un nouveau round de pourparlers s'ouvre au Caire pour une trêve.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken boucle jeudi sa tournée au Moyen-Orient par un entretien avec le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid après des discussions séparées mercredi avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Si le secrétaire d'Etat a plaidé pour une trêve permettant l'acheminement de davantage d'aide humanitaire et la libération des otages, il a aussi exhorté son allié israélien à "protéger" les civils dans la poursuite de ses opérations militaires.

Après une première phase de son déploiement qui se concentrait dans le nord du territoire palestinien, l'armée israélienne a progressé vers le centre et le sud de Gaza, notamment dans la ville de Khan Younès, épicentre ces dernières semaines de combats acharnés et de raids aériens continus.

Or Benjamin Netanyahu a dit mercredi avoir ordonné à l'armée israélienne de "préparer" une offensive sur Rafah, ville située à la frontière fermée avec l'Egypte, où s'entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins et des sources hospitalières ont d'ailleurs fait état de frappes mortelles dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Rafah, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant au total 109 morts de mercredi en soirée à jeudi matin.

« Déshumanisés »

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre les "conséquences régionales incalculables" d'un éventuel assaut sur Rafah qui "augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire".

"En ce qui concerne Rafah (...) Israël a la responsabilité et l'obligation de faire tout ce qui est possible pour s'assurer que les civils soient protégés et qu'ils aient accès à l'aide dont ils ont besoin", a déclaré de son côté M. Blinken.

"Les Israéliens ont été déshumanisés de la façon la plus horrible qui soit le 7 octobre et les otages ont été déshumanisés chaque jour depuis. Mais cela ne peut servir de caution pour déshumaniser les autres. La majorité écrasante de la population de Gaza n'a rien à voir avec les attaques du 7 octobre", a-t-il ajouté.

Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et emmenées de force à Gaza. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus sur place, dont 29 seraient morts.

En représailles, Israël a juré de "détruire" le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et a lancé une offensive qui a fait au moins 27.708 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

« Mon âme a été tuée »

Pour sa cinquième tournée dans la région depuis le début de la guerre, M. Blinken a soutenu une proposition de trêve élaborée par des responsables américains, qataris et égyptiens fin janvier à Paris, à laquelle le Hamas a répondu.

S'il a estimé que des éléments de la réponse du Hamas étaient "inacceptables", M. Blinken a dit néanmoins espérer une seconde trêve après celle d'une semaine en novembre qui avait notamment favorisé la libération d'otages à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Or l'Egypte et le Qatar parrainent "un nouveau cycle de négociations" qui débute jeudi au Caire et vise à obtenir "le calme dans la bande de Gaza" ainsi qu'un échange de prisonniers palestiniens et d'otages israéliens, a annoncé un responsable égyptien à l'AFP.

Et le Hamas a précisé jeudi matin qu'une délégation menée par Khalil al-Hayya, haut responsable de son bureau politique, est attendue en matinée au Caire.

A Tel-Aviv, mercredi, des otages libérés se sont réunis pour implorer le gouvernement Netanyahu de négocier un accord en vue de la libération des personnes toujours entre les mains du Hamas à Gaza.

"J'y suis restée 52 jours. Pourquoi moi, une jeune fille de 16 ans, ai-je dû vivre un tel cauchemar ? (...) Je suis peut-être vivante et je respire, mais mon âme a été tuée. Et tous ceux qui sont là-bas sont tués chaque jour à nouveau", a lancé Sahar Calderon, dont le père est toujours détenu à Gaza.

« Erreur de calcul majeure »

La guerre à Gaza exacerbe par ailleurs les tensions au Moyen-Orient entre d'un côté Israël et ses alliés, dont Washington, et de l'autre l'Iran et son "axe de la résistance" qui comprend, outre le Hamas, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes et les rebelles Houthis au Yémen.

Un haut commandant des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé irakien pro-Iran, a été tué mercredi soir par une frappe américaine visant son véhicule à Bagdad, Washington l'accusant d'être impliqué dans la planification des attaques visant ses soldats au Moyen-Orient

Pour Comfort Ero, présidente de l'International Crisis Group (ICG), le risque de dérapage reste bien présent: "Je pense que les trois grands - l'Iran, Israël et les Etats-Unis - ne veulent pas d'escalade. Mais nous constatons également que nous nous rapprochons chaque jour un peu plus d'une erreur de calcul majeure."

 

Gaza: Paris préoccupé par l'intensification des frappes à Rafah

La France, qui pousse à un cessez-le-feu durable à Gaza entre Israël et le Hamas, s'est dite jeudi très préoccupée par l'intensification des frappes sur la ville de Rafah.

"Nous sommes effectivement très préoccupés face à la poursuite des combats dans la bande de Gaza et notamment à proximité du grand passage de Rafah, parce que le passage de Rafah est un point vital pour l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande", a souligné jeudi lors d'un point de presse Christophe Lemoine, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Il a répété que l'entrave à l'accès des populations civiles à l'aide humanitaire était "une violation du droit international".

"La priorité absolue, comme l'a dit le président de la République, c'est d'obtenir un cessez le feu immédiat et durable", a-t-il également rappelé, ajoutant que c'est le message que le nouveau ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a porté lors de son déplacement au Proche Orient auprès de l'ensemble de ses interlocuteurs.

Ces propos interviennent alors que l'armée israélienne a intensifié jeudi ses frappes sur Rafah, accentuant les craintes sur le sort de plus d'un million de Palestiniens coincés dans cette ville de la bande de Gaza.

Parallèlement, de nouvelles tractations ont lieu pour tenter de parvenir à une trêve entre Israël et le groupe islamique palestinien Hamas.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir un arrêt des combats, a exhorté la veille son allié israélien à "protéger" les civils dans ses opérations militaires à Gaza, déclenchées en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

 

 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.