Innovation et excellence au pavillon France du salon Beautyworld de Riyad 2024

Beautyworld Saudi Arabia 2024 accueille à l’occasion de cette édition pas moins de 200 exposants, soit deux fois plus que lors de l’édition 2022. (AFP).
Beautyworld Saudi Arabia 2024 accueille à l’occasion de cette édition pas moins de 200 exposants, soit deux fois plus que lors de l’édition 2022. (AFP).
L’édition 2024 du Beautyworld Saudi Arabia a été inaugurée par le prince Turki ben Mohammed ben Nasser ben Abdelaziz al-Saoud en présence de l'ambassadeur de France Ludovic Pouille, au Riyad International Convention and Exhibition Center.
L’édition 2024 du Beautyworld Saudi Arabia a été inaugurée par le prince Turki ben Mohammed ben Nasser ben Abdelaziz al-Saoud en présence de l'ambassadeur de France Ludovic Pouille, au Riyad International Convention and Exhibition Center.
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Publié le Mercredi 14 février 2024

Innovation et excellence au pavillon France du salon Beautyworld de Riyad 2024

  • Beautyworld Saudi Arabia 2024 accueille pour cette édition pas moins de 200 exposants, soit deux fois plus que lors de l’édition 2022
  • «Pour la première fois, Business France est parvenu à monter ce magnifique pavillon France avec une vingtaine d'entreprises, des PME, des start-up venues de toutes les régions de France»

RIYAD: L’édition 2024 du Beautyworld Saudi Arabia a été inaugurée par le prince Turki ben Mohammed ben Nasser ben Abdelaziz al-Saoud au Riyad International Convention and Exhibition Center. Une fois encore se sont réunis dans la capitale saoudienne des experts de la beauté, des soins capillaires, des parfums et du bien-être. L’événement se déroule du 11 au 13 février entre 14 à 22 heures.

Beautyworld Saudi Arabia 2024 accueille à l’occasion de cette édition pas moins de 200 exposants, soit deux fois plus que lors de l’édition 2022. Pendant trois jours, le salon présente les innovations dans les domaines de la parfumerie, des soins capillaires, de l’onglerie, de la cosmétique, entre autres. On y trouve des fournitures de salon, des machines, des emballages, des matières premières ainsi que des produits fabriqués en sous-traitance.

Business France marque sa première participation à cette édition avec une importante délégation: vingt compagnies françaises viennent exposer leurs dernières innovations et produits. Un pavillon de 312 mètres carrés réunit l’excellence et le savoir-faire de l’industrie cosmétique française.

L’ambassadeur de France en Arabie saoudite, Ludovic Pouille, a déclaré à Arab News en français: «Je suis vraiment très très heureux d'être aujourd'hui à Beautyworld, et en particulier dans le Pavillon français, Choose France. C'est un salon qui est très connu en Arabie saoudite et dans la région.»

«Pour la première fois, Business France est parvenu à monter ce magnifique pavillon France avec une vingtaine d'entreprises, des PME, des start-up venues de toutes les régions de France et qui développent un savoir-faire unique. Bien sûr, la France est le pays des cosmétiques, de la beauté, du parfum. Nous ne pouvions donc pas être absents de ce magnifique salon.»

«Nous savons qu'il y a de fortes attentes en Arabie saoudite autour de ce qu'on appelle la “French Touch”. Je fais donc confiance à toutes les entreprises qui sont là pour présenter leurs produits. Certains sont absolument uniques et soucieux de la durabilité. Nous n'apportons pas que des produits de beauté. Nous apportons des produits qui contribuent aussi à la préservation de la planète. C'est très important dans le monde d'aujourd'hui.»

«Je souhaite donc une longue vie et beaucoup de succès au pavillon France du salon Beauty World et puis, bien sûr, un grand succès à l’ensemble du salon. Et j’espère que l'an prochain, le pavillon France sera encore agrandi – avec, peut-être, deux fois plus d’entreprises françaises qui viendront présenter leurs produits.»

«L’ambassade de France et Business France resteront aux côtés des entreprises françaises pour les accompagner sur ce marché qui est à la fois exigeant et très prometteur. Et nos portes sont ouvertes pour accueillir davantage de PME, de start-up, d'entreprises françaises afin de les aider à découvrir et à explorer le marché», a ajouté l’ambassadeur. 

Ce salon constitue une plate-forme exclusive pour le réseautage, la collaboration, le partage des connaissances, la découverte d’innovations, la signature de partenariats entre les acteurs mondiaux du secteur.

80% des Saoudiennes affirment prendre soin d’elles. Les achats de produits de beauté occupent la première place de leurs achats mensuels. L’apparence physique est très importante dans la société saoudienne, aussi bien sur le plan privé que professionnel. Ces jeunes consommateurs ont moins de 25 ans et représentent 58% de la population.

EN BREF

L'industrie cosmétique est un acteur majeur de l'économie française. En 2022, elle générait à elle seule près de 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires et comptait plus de 3 000 entreprises, employant un total de quelque 180 000 personnes. La France est le deuxième plus grand marché européen de la cosmétique après l'Allemagne, et le quatrième au niveau mondial.

Avec de nombreuses marques de renommée internationale, la France compte en effet parmi les leaders mondiaux en matière de production et d'exportation de produits de beauté et de soin. Au cours des dernières décennies, l’Hexagone s'est également imposé en tant que pays innovant, aussi bien par ses formations que par l’utilisation de ses technologies pour créer ses produits.

Les professionnels de l'industrie cosmétique française sont hautement qualifiés et bénéficient d'une longue tradition d'excellence dans leur domaine. Ils sont reconnus pour leur savoir-faire en matière de formulation, de recherche et de développement, ainsi que pour leur créativité et leur sens de l'esthétique.

Langé Paris, une société française de produits de soin et de parfums de luxe, fait partie de l'héritage français. Son sens de l'élégance et de la beauté est unanimement reconnu. Depuis 2008, cette entreprise a développé une large gamme de produits pour la peau afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque type de peau et aux différentes conditions de vie environnementales de ses clients.

Eric Fustier, directeur de Langé Paris, a confié à Arab News en français: «On utilise des produits aussi naturels que possible. Pour le marché saoudien, certains d’entre eux sont destinés aux peaux sèches. D’autres soutiennent très bien l'humidité. Nous proposons également des produits qui pénètrent rapidement et qui sont adaptés à la chaleur. Nous exportons aujourd’hui dans quinze pays et nos prix sont compétitifs.»

On remarque que les Saoudiennes sont très informées en termes de cosmétiques et de maquillage. Il faut donc leur proposer des produits qui sont d'avant-garde, car elles savent ce qu’elles achètent. Le marché saoudien est réellement un marché prometteur», a-t-il encore indiqué.

Le Petit Olivier est une marque française authentique fondée à Salon-de-Provence, dans le sud de la France. Ses dirigeants sont convaincus que la beauté naturelle est précieuse et qu’elle doit être respectée. C'est pourquoi l’équipe s’efforce de créer l'équilibre parfait entre le naturel, le plaisir et l’efficacité afin que tous les produits Made in France donnent pleinement satisfaction.

Paul-Maurice Bourgeois, directeur commercial de l’entreprise, a fait savoir à Arab News en français: «Le Petit Olivier aujourd'hui pèse quasiment 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 20 à 25% à l’export. Nous travaillons essentiellement avec la grande distribution en France. Nous fournissons des produits naturels à 95%. Ce sont nos formules, nous en sommes propriétaires. Elles sont toutes faites dans notre laboratoire recherche et développement à Salon-de-Provence.»

Astrix Pharma France est une société française forte de plus de quinze ans d'expérience dans la fabrication de produits cosmétiques. Elle se consacre à la création et à la distribution de produits de soin et de compléments alimentaires.

Mustapha Khadad, directeur commercial de l’entreprise, a expliqué à Arab News en français: «Nous sommes une société spécialisée dans la production et la distribution des produits cosmétiques et tout ce qui concerne le corporel, le capillaire. Nous sommes également installés en Arabie saoudite: nous avons une unité de production à Al-Kharj pour tout ce qui concerne les cosmétiques et les aliments supplémentaires.»

«En ce qui concerne Beautyworld, c’est une édition très importante pour nous. Nous avons rencontré beaucoup de clients, effectifs ou potentiels, qui viennent de partout. Nous faisons donc vraiment confiance à cette édition pour conclure des contrats de travail, de collaboration. Nous pensons que le marché saoudien est intéressant, car il y a une dynamique, notamment en ce qui concerne les investissements saoudiens et étrangers. Cela vaut le coup de pénétrer le marché de l’Arabie saoudite, parce qu’il est sécurisé.»

LSI, société française spécialisée dans l’élaboration de logiciels informatiques, propose des solutions de gestion intégrée pour l’industrie des parfums, des cosmétiques et des arômes. Elle propose des offres complètes de solutions sur mesure.

Nicolas Bazard, consultant chez LSI, a expliqué à Arab News en français: «Nous proposons à nos clients différentes versions, mais la version complète, c’est un Enterprise Resource Planning [ERP], un logiciel qui va permettre d’acheter, de vendre, de gérer tous les flux de la société, de la création d’un briefing pour un prospect jusqu’à la facturation, en passant par la sélection des acheteurs, la formulation, la recherche et le développement. Nous proposons nos solutions aux clients qui vont fabriquer et vendre des matières réglementées pour la parfumerie, la cosmétique et les arômes.»

L'industrie de la beauté, essentiellement soutenue en Arabie saoudite par la Vision 2030, continue de se développer. Beautyworld fournit une plate-forme unique pour les acteurs locaux et internationaux de ce secteur afin que ces derniers se développent dans l'un des marchés régionaux les plus prometteurs du monde.


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.


La ministre de la transition numérique marocaine: l’IA une opportunité pour l’émancipation des femmes

L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
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  • Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies
  • En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés

PARIS: L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail.
C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, qui voit dans cette technologie une opportunité majeure pour réduire les fractures sociales et économiques, à condition de s’y préparer dès maintenant.

Nommée ministre en 2024, Seghrouchni est une pionnière de l’intelligence artificielle. Elle est même décrite par certains comme « l’Elon Musk du Maroc », mais elle se distingue de ce dernier par son engagement éthique et son attachement à l’inclusion et à la justice sociale liées à l’avènement des nouvelles technologies.
Dans le cadre de ses fonctions et responsabilités, elle poursuit sa quête d’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, au profit de tous.

Présente à Paris à l’occasion de la 16ᵉ édition des Rencontres économiques, organisées par l’Institut du monde arabe, la ministre a insisté, en réponse à Arab News en français, sur la nécessité d’intégrer les femmes dans cette révolution technologique.
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée dans tous les secteurs de la vie professionnelle : la santé, l’agriculture, l’art, la culture, le droit ou encore la fintech », indique-t-elle. « Et si les femmes maîtrisent l’intelligence artificielle, elles peuvent accéder à un marché de l’emploi beaucoup plus vaste. »

Selon la ministre, l’IA permet aux femmes d’améliorer leur productivité et d’accéder à des ressources jusqu’ici moins accessibles, comme la traduction automatique, les calculs complexes ou la recherche d’informations ciblées : « autant d’usages concrets qui peuvent faciliter leur insertion professionnelle ».
Elle met également en avant le potentiel des outils d’IA pour les femmes entrepreneures, dirigeant des petites ou moyennes entreprises, qui peuvent ainsi s’appuyer sur le commerce électronique pour dépasser les limites des marchés locaux.
« Il existe aujourd’hui des plateformes qui permettent aux femmes d’accéder à un marché global grâce à l’intelligence artificielle », explique-t-elle.

La formation à l’IA représente un investissement, concède la ministre, mais celui-ci reste accessible et rentable. De nombreux programmes, soutenus par des organisations internationales ou des initiatives nationales, visent à réduire cette barrière financière.
« Nous avons lancé un programme qui s’appelle Elevate pour le commerce électronique : il aide gratuitement des femmes à accéder à ces plateformes », précise-t-elle. Et même si certaines formations sont payantes, les coûts restent modérés « au regard du retour sur investissement potentiel ».

La ministre reconnaît cependant l’existence de plusieurs niveaux de fracture : alphabétisation, numérique, et désormais intelligence artificielle.
Mais elle estime que « la question n’est pas de savoir s’il va y avoir une fracture, mais si nous allons pouvoir maîtriser ces technologies pour ne pas rester sur le bord du chemin », car il ne s’agit pas de subir ces transformations, mais « de les utiliser comme leviers de réduction des inégalités ».

Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies. En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés.
Le pays a lancé des plateformes de formation, un programme de soutien aux start-up, ainsi qu’un vaste réseau d’instituts de recherche et de développement baptisé Jazari.

« Rien n’arrive tout seul », rappelle la ministre. « Le coût est là, mais aussi la volonté d’apporter les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. C’est un grand chantier que nous voulons mener à bien, avec la détermination des femmes à monter dans ce que j’appelle le train de l’IA. »

La métaphore est claire : l’intelligence artificielle avance rapidement, et il faut savoir monter à bord au bon moment. En misant sur la formation, l’accès aux outils et l’accompagnement des femmes, la ministre entend faire de l’IA non pas une nouvelle ligne de fracture, mais une voie d’émancipation et d’ouverture.


Les Rencontres Économiques de l’IMA: la place des femmes dans l’économie à l’ère de l’IA

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  • Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique
  • Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais

PARIS: Organisée par l’Institut du Monde Arabe à Paris autour du thème « Femmes, business et innovation », la 16ᵉ édition des Rencontres économiques du monde arabe a décortiqué tous les aspects de l’économie au féminin.

Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique, l’entrepreneuriat et la création, ainsi que sur les moyens de favoriser des synergies franco-arabes.

Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais, des femmes d’affaires telles que Hajar El Haddaoui, directrice générale de Digital Cooperation Organization (Maroc–Arabie saoudite), ou encore Olfa Zorgati, membre du conseil d’administration d’Ubisoft, ainsi que des ambassadrices comme Delphine O, et Shayna Al Zuhairi, directrice générale du Iraq Business Women Council.

IA et leadership

Parmi les temps forts figuraient un fireside chat sur l’intelligence artificielle et le leadership, plusieurs tables rondes réunissant cheffes d’entreprise et responsables d’institutions, ainsi qu’une keynote consacrée à la transformation des médias.

Dans le fireside chat dédié à l’IA et au leadership, Amal El Fallah Seghrouchni et Anne Bouverot (envoyée spéciale pour l’IA en France) ont croisé leurs visions, soulignant l’importance d’une gouvernance responsable et partagée de l’IA entre l’Europe et le monde arabe, conciliant innovation et protection des droits.

Elles ont également mis en avant la place centrale des femmes et de l’éducation dans la formation, pour réduire la fracture numérique et encourager l’industrialisation de solutions locales.

La programmation, détaillée par l’IMA, a alterné débats sur l’intelligence artificielle et le leadership, sessions sur les industries culturelles et créatives (ICC), et interventions consacrées au financement et à la coopération institutionnelle.

Les intervenantes issues du monde de la tech et du secteur privé (start-up, entreprises, écosystèmes) ont discuté des opportunités de co-développement entre acteurs français et arabes, ainsi que du besoin d’écosystèmes favorables (financement, cadres réglementaires, formation) pour transformer le talent féminin en entreprises viables.

La transformation des médias à l’ère des transitions

Une autre table ronde, réunissant un panel mixte de diplomates et de femmes actives dans les secteurs des financements publics, du droit et de l’IA, a insisté sur la nécessité d’aligner les réponses aux défis climatiques, énergétiques et numériques à travers des partenariats bilatéraux et multilatéraux.

Rima Abdul Malak a prononcé une courte keynote sur la transformation des médias à l’ère des transitions, montrant comment innover avec l’IA tout en préservant la déontologie et la diversité culturelle.
Elle a également souligné le rôle des femmes dirigeantes dans la recomposition du paysage médiatique.

Les tables rondes de l’après-midi ont porté sur les industries culturelles et créatives, les synergies franco-arabes pour la création artistique, les modèles de financement (fondations, philanthropie, fonds publics) et la médiation culturelle à l’ère de l’IA.

Sur le fond, deux lignes directrices ont traversé les discussions. D’abord, l’idée que l’émancipation économique des femmes constitue un levier stratégique de développement. Les intervenantes, issues des secteurs public et privé, ont insisté sur la nécessité de traduire les discours en dispositifs concrets : accès au financement, incubateurs dédiés, formations techniques et réseaux de mentorat.

Ensuite, la nécessité d’une coopération pratique à travers des partenariats, des centres d’excellence et des mécanismes de financement conjoints, plutôt que de simples déclarations d’intention.

Tout au long de la journée, les intervenantes françaises et arabes ont appelé à bâtir des cadres éthiques communs et des programmes de formation destinés à réduire la fracture numérique.
L’enjeu n’est plus seulement technique, a-t-il été rappelé, mais également politique. Il concerne la régulation, la souveraineté technologique et la capacité des pays du Sud à développer des solutions adaptées à leurs usages.

La table ronde dédiée aux industries culturelles et créatives a insisté sur l’importance des modèles hybrides — mécénat, fonds d’impact, structures de coopération publique-privée — permettant de soutenir la création sans l’enfermer dans des logiques purement marchandes.

Les intervenantes issues du monde de l’art et des fondations ont partagé leurs retours d’expérience et proposé des pistes concrètes pour professionnaliser les filières tout en préservant la diversité culturelle.

Plusieurs participantes ont également souligné l’importance d’instruments financiers adaptés : garanties publiques, fonds de capital-risque dédiés aux entrepreneures et dispositifs de venture philanthropy pour accompagner les premières étapes des projets culturels et technologiques.

Ces rencontres confirment la maturation d’un agenda franco-arabe centré sur l’économie du savoir et la création, et réaffirment que la question du genre ne peut demeurer un simple enjeu symbolique, mais doit se traduire par une véritable architecture d’accompagnement (financement, formation, incubateurs, réglementation).

Pour que les promesses tiennent, les participantes ont appelé à une feuille de route opérationnelle, assortie de calendriers, de budgets et d’indicateurs, afin de transformer l’énergie du plaidoyer en actions mesurables.